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demi de long, l’un & l’autre étant situés parallélement à l’horison.

2°. On ajuste un verre objectif dans un cylindre IK, de trois pouces de long ; on fait tenir ce cylindre sur un bâton fort droit d’un pouce d’épais, & qui le déborde de 8 ou 10 pouces. A ce bâton est attaché une boule de cuivre M ; cette boule est portée & se meut librement dans une portion de sphere creuse, où elle est emboitée. Cette portion de sphere est ordinairement faite de deux pieces, que l’on serre ensemble par le moyen d’une vis, ce qui forme une espece de genou ; & afin que le verre objectif puisse être mis en mouvement avec plus de facilité, on suspend un poids NI, d’environ une livre, à un gros fil de laiton, de sorte qu’en pliant ce fil d’un côté ou de l’autre, on parvienne facilement à faire rencontrer ensemble le centre de gravité commun du poids, & du verre objectif, & celui de la boule de cuivre. On attache au-dessous du bâton KL, un fil de cuivre élastique L, que l’on plie en-bas, jusqu’à ce que sa pointe soit autant au-dessous du bâton, que le centre de la boule M, & on lie à cette pointe un fil mince de soie LV.

3°. On ajuste un verre oculaire O, dans un cylindre fort court, auquel on attache le bâton PV. A celui-ci pend un petit poids S, suffisant pour le contrebalancer ; en Q on attache une poignée R, traversée par un axe que l’astronome tient à la main ; & le bâton PV, tourné du côté du verre objectif, est attaché au fil de soie LV. Ce fil qui passe par le trou V, est roulé sur une petite cheville T, attachée au milieu du bâton, de sorte qu’en la tournant, on augmente & on diminue, comme on veut, la longueur du fil.

4°. Afin que l’astronome puisse tenir ferme le verre oculaire, il appuie son bras sur une machine X, dont on peut voir la construction dans la figure dont nous parlons.

Enfin pour écarter la foible lumiere dont l’air pourroit frapper l’œil, on couvre le verre oculaire d’un cercle Y, troué au milieu, & ajusté à un bras mobile & flexible.

Le grand télescope de Huyghens, qui a fait connoître d’abord l’anneau de Saturne, & un de ses satellites, consistoit en un verre objectif de 12 piés, & un verre oculaire de 3 pouces & quelque chose de plus. Cependant il se servoit souvent d’un télescope de 23 piés de long, avec deux verres oculaires joints ensemble, & ayant chacun un pouce & demi de diametre.

Le même auteur observe qu’un verre objectif de 30 piés, demande un verre oculaire de trois pouces & trois seiziemes de pouce ; & il nous donne une table de proportion pour la construction des télescopes astronomiques, dont voici un abregé.

Distance du foyer des verres objectifs Diametre de l’ouverture. Distance du foyer des verres oculaires. Rapport dans lequel les diametres des objets sont grossis.
Piés Pouc. Dixiem. & cent. de pouc Pouces. Dixiemes & centiemes de pouces.
1 0 55 0 61 20
2 0 77 0 85 28
3 1 95 1 5 34
4 1 9 1 20 40
5 1 23 1 35 44
6 1 34 1 47 49
7 1 45 1 60 53
8 1 55 1 71 56
9 1 64 1 80 60
10 1 73 1 90 63
15 2 12 2 23 72
20 2 45 2 45 89
25 2 74 2 74 100
30 3 0 3 1 109
40 3 46 3 56 126
50 3 87 4 26 141
60 4 24 4 66 154
70 4 58 5 4 166
80 5 90 5 39 178
90 5 5 5 56 183
100 5 48 6   180

Si dans deux ou plusieurs télescopes, la proportion entre le verre objectif & le verre oculaire est la même, ils grossiront également les objets.

On pourroit en conclure qu’il est inutile de faire de grands télescopes ; mais il faut se souvenir de ce qui a été dit ci-dessus, savoir qu’un verre oculaire peut avoir une moindre proportion, à un plus grand verre objectif, qu’à un plus petit. Par exemple, dans le télescope de Huyghens, qui est de 25 piés, le verre oculaire est de 3 pouces ; & suivant cette proportion, un télescope de 50 piés devroit avoir un verre oculaire de 6 pouces : cependant la table fait voir qu’il suffit d’en prendre un de quatre pouces & demi. Il paroît par la même table, qu’un télescope de 50 piés grossit dans la proportion d’un à 141, au lieu qu’un télescope de 25 piés ne grossit que dans la proportion d’un à 100. D’ailleurs plus les lentilles ou verres sont segmens d’une grande sphere, plus ils réunissent exactement les rayons, & plus par conséquent l’image est distincte. Il faut ajouter encore, & c’est ce qu’il y a de plus important, que plus les lentilles font partie d’une grande sphere, plus elles reçoivent de rayons ; de façon qu’une lentille dont le foyer est deux fois plus distant que celui d’une autre, reçoit (en supposant que les épaisseurs soient proportionnelles à la distance des foyers), quatre fois plus de rayons. Ceci donne la raison pour laquelle les objectifs d’un plus grand foyer, peuvent avoir des oculaires d’un foyer plus court que ne le comporteroient les proportions qui se trouvent entre les objectifs d’un plus court foyer & leurs oculaires.

Comme la distance des verres est égale à la somme des distances des foyers des verres objectifs & oculaires ; que le foyer d’un verre convexe des deux côtés en est éloigné d’un demi diametre, & que le foyer d’un verre plan convexe en est éloigné d’un diametre, la longueur d’un télescope est égale aux sommes des demi diametres des verres, quand ils sont tous les deux convexes des deux côtés ; & lorsque l’un ou l’autre est plan convexe, cette longueur est égale à la somme du demi diametre du verre convexe des deux côtés, & du diametre de celui qui est plan convexe.

Mais comme le demi diametre du verre oculaire est fort petit, en comparaison de celui du verre objectif, on regle ordinairement la longueur d’un télescope astronomique sur la distance du foyer de son