Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

froit la rape comme le marbre, il n’étoit pas besoin d’autre outil pour la travailler. Ce devoit être une pierre opaque à-peu-près malachite, & jamais nom ne lui convint mieux que celui de chrysolite.

La topase, le saphir sont les plus dures de toutes les pierres orientales, & aucune à cet égard n’approche davantage du diamant. C’est aussi la raison pour laquelle lorsqu’une de ces pierres avoit le défaut d’être peu colorée, on la blanchissoit autrefois, ainsi que le saphir, par une violente action du feu ; on tâchoit de la faire passer ensuite pour un véritable diamant ; mais depuis que ceux-ci sont devenus moins rares, & que les connoissances se sont perfectionnées, il n’est plus aussi aisé d’en imposer que dans ces tems, où des joaillers fort experts, tels que Callini, étoient obligés d’avouer, que pour éprouver sûrement une pierre, il falloit la teindre, c’est-à-dire, y appliquer dessous une couche de noir, qui obscurcit généralement toutes les pierres, & fait seulement briller le diamant ; on ne s’avise plus guere aujourd’hui de décolorer la topase, ni aucune autre pierre de couleur. Qu’y gagneroit-on ?

Pour être dans son point de perfection, la topase doit être d’un très-beau jaune doré & satiné, ou d’un jaune de citron très-agréable. Ni les topases du Brésil, ni celles du Pérou, qu’on appelle topases d’Inde, qui sont tendres, & d’un jaune plus roux, non-plus que les topases de Saxe, dont la couleur est d’un jaune-clair, & dont la dureté n’est guere plus grande que celle du crystal, ne sont pas comparables aux orientales ; en général toutes les topases, si l’on excepte celles d’Orient, sont d’une nature seche & peu liante, toujours prêtes à s’éclater, & par conséquent un graveur risque beaucoup en les travaillant. (D. J.)

TOPASSES, (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme dans l’Indostan des soldats mulâtres, provenus des mariages des Portugais avec des femmes indiennes. Ces troupes portent des chapeaux.

TOPAYOS, (Géog. mod.) nom d’une forteresse, d’un bourg, d’une riviere, & d’un peuple de sauvages de l’Amérique méridionale au Brésil.

La forteresse de Topayos appartenant aux Portugais, est à 15 heures de Pauxis, à l’entrée de la riviere du même nom, qui est une riviere du premier ordre, & qui descend des mines du Brésil. Des débris du bourg de Tupinambara, s’est formé celui de Topayos, dont les habitans sont presque tout ce qui reste de la nation des Tupinambas, dominante, il y a deux siecles, dans le Bresil.

C’est chez les Topayos qu’on trouve le plus communément de ces pierres vertes, connues sous le nom de pierres des amazones, & qui ont été autrefois fort recherchées, à cause des prétendues vertus qu’on leur attribuoit de guérir de la pierre, de la colique néphrétique, & même de l’épilepsie. La vérité est qu’elles résistent à la lime, & qu’elles ne different guere ni en couleur, ni en dureté du jade oriental. Mémoire de l’académie royale des Sciences, année 1745.

TOPAZOS, (Géog. anc.) île de la mer Rouge, à trois cens stades du continent, selon Pline, liv. XXXVII. c. viij. Il ajoute qu’elle est couverte de brouillards, ce qui a été cause que plusieurs navigateurs l’ont cherché inutilement, & que c’est ce qui lui a fait donner le nom de Topazos, parce que Topazis en langage troglodite, signifie chercher. (D. J.)

TOPHANA ou TOPANA, (Géog. mod.) fauxbourg de la ville de Constantinople sur le bord de la mer, au-dessous de Péra & de Galata, tout à l’entrée du canal de la mer Noire, où la plûpart des gens se rendent pour s’embarquer, quand ils veulent aller se promener sur l’eau. On l’appelle Thophana, comme qui diroit arsenal, ou maison du canon : car top en turc signifie canon, & hana signifie maison, ou

lieu de fabrique. Rien n’est si agréable que l’amphithéatre que forment les maisons de Galata, de Pera, & de Tophana ; il s’étend du haut des collines jusqu’à la mer. (D. J.)

TOPHUS, s. m. (Médec.) en grec πόροσις, en françois pierre ou gravelle des paupieres ; petite tumeur blanche, raboteuse, dure & calleuse, qui se forme à la partie extérieure ou intérieure des paupieres ; l’humeur renfermée dans cette petite tumeur ressemble en consistance ou à de la pierre, ou à du tuf, d’où lui vient son nom tophus ; cependant elle ne differe de la grêle des paupieres, que parce qu’elle est unique, raboteuse, & plus dure ; mais elle veut être traitée de même, tant pour l’opération, que pour les remedes ; ainsi voyez les mots Orgeolet ou Grêle des paupieres. (D. J.)

TOPIARIUM opus, (Architect. rom.) les auteurs sont peu d’accord sur la signification de topiarium opus ; la plus grande partie estiment que c’est la représentation qui se fait avec le buis, le cyprès, l’if, & d’autres arbrisseaux verds taillés de plusieurs sortes de figures, pour l’ornement des jardins. D’autres croyent avec plus de raison, que ce sont des paysages représentés ou en peinture, ou dans des tapisseries ; la chose seroit assez claire, si l’on derivoit ce mot de τόπος, qui signifie un lieu, un pays ; alors topiarium exprimeroit naturellement un paysage, qui est la représentation des lieux. (D. J.)

TOPIGIS, s. m. (Hist. mod.) terme de relation ; c’est le nom que les Turcs donnent à leurs canonniers, & en général à tous ceux qui sont occupés au service de l’artillerie. Leur chef se nomme topigi bachi, charge qui pour l’autorité ne répond pas à celle de l’officier que nous appellons grand-maître de l’artillerie, parce que le capitan bacha a la principale autorité dans l’arsenal de Constantinople. Voyez Capitan bacha.

TOPILZIN, s. m. (Hist. mod. superstition.) c’est le nom que les Mexiquains donnoient à leur grand-prêtre ou chef des sacrificateurs. Cette éminente dignité étoit héréditaire, & passoit toujours au fils aîné. Sa robe étoit une tunique rouge, bordée de franges ou de flocons de coton ; il portoit sur sa tête une couronne de plumes vertes ou jaunes ; il avoit des anneaux d’or enrichis de pierres vertes aux oreilles ; & sur ses levres il portoit un tuyau de pierre d’un bleu d’azur. Son visage étoit peint d’un noir très-épais.

Le topilzin avoit le privilege d’égorger les victimes humaines que les barbares mexiquains immoloient à leurs dieux ; il s’acquittoit de cette horrible cérémonie avec un couteau de caillou fort tranchant. Il étoit assisté dans cette odieuse fonction par cinq autres prêtres subalternes, qui tenoient les malheureux que l’on sacrifioit ; ces derniers étoient vêtus de tuniques blanches & noires ; ils avoient une chevelure artificielle qui étoit retenue par des bandes de cuir.

Lorsque le topilzin avoit arraché le cœur de la victime, il l’offroit au Soleil, & en frottoit le visage de l’idole, avec des prieres mystérieuses, & l’on précipitoit le corps du sacrifié le long des degrés de l’escalier ; il étoit mangé par ceux qui l’avoient fait prisonnier à la guerre, & qui l’avoient livré à la cruauté des prêtres. Dans de certaines solemnités on immoloit jusqu’à vingt mille de ces victimes à Mexico.

Lorsque la paix duroit trop long-tems au gré des prêtres, le topilzin alloit trouver l’empereur, & lui disoit, le dieu a faim, aussitôt toute la nation prenoit les armes, & l’on alloit faire des captifs, pour assouvir la prétendue faim du dieu & la barbarie réelle de ses ministres. Voyez Vitziliputzli.

TOPINAMBES, îles des, (Géog. mod.) îles de l’Amérique méridionale, dans la terre-ferme, au pays des Amazones, dans le fleuve de ce nom, au-dessus