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ensemble les trois extrémités qu’il tient. Alors la coulette lui devient inutile ; elle n’a servi, ainsi que celle du tourneur, que pour la conduite de ces branches avant leur jonction. Tout cela étant fait, le rouet est tourné à gauche jusqu’au retord suffisant pour cette liaison. Cette gance ainsi achevée, sert à faire des boutonnieres pendantes sur les habits de certains régimens qui ont ces boutonnieres dans leur uniforme.

Tordre, (Rubanier.) maniere d’ajouter une piece de même contenance, au bout d’une autre piece qui finit : voici comme cela se fait. L’ensouple étant à sa place sur les potenceaux, & chargée de son contre-poids dont la charge est à terre, au moyen de ce qu’on a lâché la contre charge, le bout de la piece qui finit reste dans l’inaction du côté des lisses, jusqu’à ce que prenant l’un & l’autre bout de chaque piece, & les nouant ensemble par un seul nœud, on laisse un peu de lâche pour l’opération qui va suivre. Il faut prendre le brin de soie qui doit aller le premier, & qui est toujours du côté gauche du métier, pour recevoir aussi toujours sur la droite, il faut le prendre, dis-je, conjointement avec celui qui le doit accompagner, & qui se trouve, savoir celui de la piece nouvelle, par le moyen de l’encroix, & celui de l’ancienne, par le moyen de la lisse. On glisse le pouce & le doigt index de la main gauche par derriere le nœud commun, entre lui & le brin à tordre ; de cette maniere le pouce se trouve du côté des lisses, & l’index du côté de la nouvelle piece. Ces deux doigts se joignent auprès du nœud, & lorsqu’ils y sont arrivés, ils cassent chacun leur bout de soie, le plus près de ce nœud qu’il est possible. Ce nœud est tenu en respect par la main droite, pour donner plus de facilité à la rupture en question ; ces deux bouts se trouvant ainsi arrêtés entre les deux mêmes doigts, & en les tenant bien ferme, on les tortille assez fortement, puis on renverse l’extrémité tortillée sur la partie du brin qui est vers les ensouples de derriere, où étant on tortille à-present le tout ensemble, ce qui rend ce brin triple à cet endroit, qui par ce moyen acquiert assez de solidité pour ne se plus désunir, & ainsi de chacun des autres. Voici la raison pour laquelle il a été dit qu’il falloit renverser l’extrémité tortillée vers les ensouples de derriere ; si on faisoit le contraire, on doit prévoir que lorsqu’il faudroit que tous ces brins, ainsi tords, passassent à-travers les lisses, ils présenteroient leurs extrémités, qui se rebroussant, rendroient ce passage impossible ; au-lieu que présentant le talon, le passage en devient facile, puisqu’il suit naturellement. Après que tous les brins ont été ainsi tordus, il est sensible qu’ils ont tous la même tension, puisque chaque tord vient à l’égalité de celui qui le précede. Cela fait, on remet le contrepoids en charge ; & c’est alors que le tout est en état de travailler comme auparavant. Il faut remarquer que l’endroit où s’est fait le tord dont on parle, est actuellement entre les lisses & l’encroix de la nouvelle piece. On entend par cet encroix le fil passé dans la chaîne, pour en conserver l’encroix, Voyez Ourdir. Quand il sera question que le tout passe à-travers les lisses, il faudra agir avec précaution lorsque l’on tirera la tirée, & prendre garde en tirant doucement, si quelques-uns de ces brins ne se désunissent pas en se détortillant, & y remédier sur le champ si cela arrivoit : même précaution à prendre lorsque le tout passera dans le peigne. Il est des cas où l’on emploie cette partie de chaîne, ainsi torse ; pour lors c’est où l’habileté de l’ouvrier se fait appercevoir, en sauvant l’inégalité & la saleté que ces soies ont acquises en passant par ses doigts. Il est vrai que quelque précaution qu’il prenne, l’ouvrage est toujours un peu difforme, & au moins terne à cet endroit ; ce que l’on éviteroit, si interrompant

l’ouvrage à l’endroit de la jonction, on laissoit un intervalle convenable avant de recommencer le travail.

TORDYLIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose & en ombelle, composée de plusieurs pétales inégaux qui ont la forme d’un cœur, & qui sont disposés en rond, & soutenus par un calice. Ce calice devient dans la suite un fruit presque rond, composé de deux semences applaties, bordées, & ordinairement dentelées : ces semences quittent aisément leur enveloppe. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort établit cinq especes de ce genre de plante ; celle de nos climats se nomme vulgairement seseli de Candie, c’est le tordylium narbonense minus, I. R. H. 320.

Sa racine est menue, simple, blanche ; elle pousse une tige à la hauteur d’environ deux piés, cannelée, velue, rameuse ; ses feuilles sont oblongues, arrondies, dentelées en leurs bords, velues, rudes, rangées par plusieurs paires le long d’une côte, & attachées à de longues queues. Ses fleurs naissent aux sommités de la tige & des branches en ombelles, composées chacune de cinq pétales blanches, disposées en fleur de lys, avec autant d’étamines capillaires. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des semences jointes deux à deux, arrondies, applaties, relevées d’une bordure taillée en grain de chapelet, odorantes, un peu âcres, approchantes du goût de celles de la carotte sauvage.

Cette plante croît abondamment en Languedoc sur les bords des vignes, le long des chemins, & dans les blés ; on la cultive dans les jardins ; elle fleurit en Juin, & mûrit sa semence plutôt ou plus tard, selon les pays plus ou moins chauds. (D. J.)

Tordylium oriental, (Botan.) plante nommée sisarum syriacum, par Ray, hist. I. 443. sisarum alterum syriacum, par K. theat. 945. apium syriacum, radice eduli. hist. oxon. III. 292. Racine tendre, lisse, grise en-dehors, blanche en-dedans, cassante, grosse comme le doigt ; mais deux fois aussi longue, & garnie de nœuds ou de tubercules de place en place. Elle a un goût agréable, comme celui de la carotte ; de cette racine naissent une multitude de feuilles dentelées très-menues ; ces tiges sont couvertes aux jointures de pareilles feuilles, & ont leurs sommités ornées d’une ombelle de fleurs jaune-pâles. Cette racine croît d’elle-même au grand Caire en Egypte, & à Alep en Syrie ; il paroît que c’est le secacul Arabum conformément à l’idée de Rauwolff. (D. J.)

TORE, s. m. (Archit.) grosse moulure ronde, servant aux bases des colonnes. Ce mot vient du grec toros, un cable, dont il a la ressemblance. On le nomme aussi tondin, boudin, gros bâton & bosel.

Torre corrompu. Tore dont le contour est semblable à un demi-cœur. Les Maçons & les Menuisiers nomment cette mesure brayette ou brague de Suisse.

Tore inférieur. C’est le plus gros tore d’une base attique ou corinthienne ; & tore supérieur, le plus petit.

On embellit souvent le tore de feuillages entortillés, parsemés de spheres planes, de roses, d’œufs de serpens, &c. sa saillie est égale à la moitié de sa hauteur. (D. J.)

TORETÆ, (Géog. anc.) peuples du Pont, selon Pline, l. VI. c. v. & Etienne le géographe. Strabon, l. II. p. 496. écrit Torcatæ, ainsi que Pomponius Mela, l. I. c. xix. (D. J.)

TOREUMATOGRAPHIE, s. f. terme technique, ce mot dérivé de deux mots grecs veut dire la connoissance des basses-tailles & des reliefs antiques. On doit l’invention de la Toreumatographie à Phidias, & sa perfection à Policlete. Les célebres Graveurs d’Italie ont donné un beau jour à cette science. (D. J.)