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vermiculaires. On en trouve dans le sein de la terre qui sont pétrifiés ; on en rencontre aussi dans la mer, ce sont des loges d’animaux. Les tubulites sont composées de tuyaux qui sont ou placés régulierement les uns à côté des autres, comme des tuyaux d’orgue, ou arrangés confusément ; ces tuyaux sont ou cylindriques, ou hexagones, ou pentagones, ou quadrangulaires, ou en chainette & par articulation.

TUBURBIUM, (Géog. du moyen âge.) ville d’Afrique. Il y avoit en Afrique deux villes appellées Tuburbium, l’une surnommée la grande Tuburbe, & l’autre la petite ; toutes deux voisines, & toutes deux de la province proconsulaire ; mais la notice des évêchés d’Afrique n’en connoît qu’une épiscopale, dont elle nomme l’évêque Benenatus tuburbitensis. (D. J.)

TUCCI, (Géog. anc.) ville de l’Espagne bétique. Ptolomée, l. II. c iv. la donne aux Turdules. Pline, l. III. c. j. la surnomme Augusta-gemella. Strabon, l. III. p. 141. nomme simplement cette ville Tucis. (D. J.)

TUCHÉ, (Mythol.) Τύχη est le nom qu’Homere a donné à la Fortune, & dont les Grecs se sont toujours servi depuis ; cependant bien-loin d’en créer une déesse toute puissante, qui exerce son empire sur les choses humaines & les fait réussir à son gré, il ne lui attribue aucune autorité, aucune fonction ; tandis qu’il déclare que Pallas & Enyo présidoient aux combats, Vénus aux nôces, & Diane aux accouchemens. Mais Bupalus, grand architecte & grand sculpteur, ayant fait le premier une statue de Tuché, pour la ville de Smyrne, s’avisa de la représenter avec une étoile polaire sur la tête, & tenant de la main gauche la corne d’abondance, comme des symboles de son pouvoir. A Egine on représenta cette déesse ayant à ses côtés l’Amour avec des aîles. Sa statue a Athènes tenoit entre ses bras le dieu Plutus, sous la forme d’un enfant ; idée ingénieuse de mettre le dieu des richesses entre les bras de la Fortune, comme si elle étoit sa mere & sa nourrice ! enfin les Romains, à l’exemple des Grecs, révérerent cette divinité sous quantité d’épithètes magnifiques. Voyez Fortune.

TUCKÉA, s. m. (Poids de Turquie) on s’en sert à Mocha, ville d’Arabie. Quarante tuckéa font un maun, dix mauns font le tresell, & quinze tresells font le hahars qui est un poids de 420 livres. (D. J.)

TUCUMAN, le, (Géog. mod.) province de l’Amérique méridionale. Elle est bornée à l’orient par la province de Chaco, & celle de Rio-de-la-Plata ; au couchant par les montagnes du Pérou & du Chili ; au nord par la province de Santa-Cruce de la Sierra ; au midi par les pays de Cuyo-Chimito & des Pampas. Cette contrée est habitée par trois nations de sauvages ; les Espagnols y ont plusieurs bourgades, comme Saint-Salvador, Saint-Muguel, Saint-Jago ou Estero. Le pays abonde en cire, en miel, en coton & en pastel (D. J.)

TUCUYO, (Géog. mod.) ville de l’Amérique, dans la terre ferme, au gouvernement de Vénézuela, & dans la vallée de même nom. Sa richesse consiste en troupeaux, en coton, & en cannes de sucre. Long. 311. 30. latit. 7. 32. (D. J.)

TUDELA, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Navarre, capitale d’une merindade, à la droite de l’Ebre qu’on y passe sur un pont, à 4 lieues de Tarragone, à 15 au midi de Pampelune, & à 60 au nord-est de Madrid. On y compte dix paroisses, mais dépeuplées, & plusieurs couvens. Alphonse I. roi de Navarre & d’Arragon, la prit sur les Maures & lui accorda des privileges. Son terroir est fertile & produit d’excellent vin. Long. 16. 20. latit. 42. 6.

Benjamin de Tudelle, ainsi nommé de Tudela, lieu de sa naissance, étoit un célebre rabbin du douzieme siecle, qui voyagea d’imagination dans la plûpart des pays du monde, pour y visiter les synagogues des

juifs, & connoître à fond leurs rits & leurs coutumes. On a publié sous son nom ce voyage fabuleux, imprimé d’abord à Anvers en 1575. in-8°. mais il faut lire ce même ouvrage traduit en françois, avec des éclaircissemens curieux, par M. Baratier, Amst. 1734. en 2 vol. in-8°. (D. J.)

TUDER, (Géogr. anc.) ville d’Italie dans l’Umbrie citérieure, selon Strabon, l. V. p. 227. Pline, l. III. c. xiv. & Silius Italicus, l. VI. v. 645. Paul Diacre, l. IV. c. viij. & quelques autres acteurs du moyen âge, écrivent Tudertum. Ses habitans sont appellés Tudertes par Pline, l. II. c. lvij. & Tudertini dans une ancienne inscription rapportée par M. Spon, p. 183. Le nom moderne de cette ville est Todi. Frontin lui donne le titre de fida colonia Tuder. (D. J.)

TUDESQUE langue, (Hist. des langues mod.) langue que l’on parloit à la cour après l’établissement des Francs dans les Gaules. Elle se nommoit aussi Franctheuch, Théotiste, Théotique ou Thivil. Mais quoiqu’elle fût en regne sous les deux premieres races, elle prenoit de jour en jour quelque chose du latin & du roman, en leur communiquant aussi de son côté quelques tours ou expressions. Ces changemens même firent sentir aux Francs la rudesse & la disette de leur langue ; leurs rois entreprirent de la polir, ils l’enrichirent de termes nouveaux ; ils s’apperçurent aussi qu’ils manquoient de caracteres pour écrire leur langue naturelle, & pour rendre les sons nouveaux qui s’y introduisoient. Grégoire de Tours & Aimoin parlent de plusieurs ordonnances de Chilperic, touchant la langue. Ce prince fit ajouter à l’alphabet les quatre lettres greques Ο. Φ. Ζ. Ν. c’est ainsi qu’on les trouve dans Grégoire de Tours. Aimoin dit que c’étoient Θ, Φ, Χ, Ω. & Fauchet prétend sur la foi de Pithou, & sur celle d’un manuscrit qui avoit alors plus de cinq cens ans, que les caracteres qui furent ajoutés à l’alphabet, étoient l’Ω des Grecs, le ה, le ט, & le ד des Hébreux ; c’est ce qui pourroit faire penser que ces caracteres furent introduits dans le Franctheuch pour des sons qui lui étoient particuliers, & non pas pour le latin à qui ses caracteres suffisoient. Il ne seroit pas étonnant que Chilpéric eût emprunté des caracteres hébreux, si l’on fait attention qu’il y avoit beaucoup de Juifs à sa cour, & entre autres un nommé Prisc qui jouissoit de la plus grande faveur auprès de ce prince.

En effet, il étoit nécessaire que les Francs en enrichissant leur langue de termes & de sons nouveaux, empruntassent aussi les caracteres qui en étoient les signes, ou qui manquoient à leur langue propre, dans quelque alphabet qu’ils se trouvassent. Il seroit à desirer, aujourd’hui que notre langue est étudiée par tous les étrangers qui recherchent nos livres, que nous eussions enrichi notre alphabet des caracteres qui nous manquent, sur-tout lorsque nous en conservons de superflus, ce qui fait que notre alphabet peche à la fois par les deux contraires, la disette & la surabondance ; ce seroit peut-être l’unique moyen de remédier aux défauts & aux bisarreries de notre ortographe, si chaque son avoit son caractere propre & particulier, & qu’il ne fût jamais possible de l’employer pour exprimer un autre son que celui auquel il auroit été destiné.

Les guerres continuelles dans lesquelles les rois furent engagés, suspendirent les soins qu’ils auroient pu donner aux lettres, & à polir la langue. D’ailleurs les Francs ayant trouvé les lois, & tous les actes publics écrits en latin, & que les mysteres de la religion se célébroient dans cette langue, ils la conserverent pour les mêmes usages, sans l’étendre à celui de la vie commune ; elle perdoit au-contraire tous les jours, & les ecclésiastiques furent bientôt les seuls qui l’entendirent ; les langues romane & tudesque, toutes imparfaites qu’elles étoient, l’emporterent, & fu-