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toyen du monde, de tout peser à la balance de Thémis avec la derniere exactitude, & sur-tout avec un amour dominant de la vérité ». Au reste, son style n’est point aussi net & aussi dégagé que celui de son modele. Il s’est proposé mal-à-propos d’imiter Plaute, & quelquefois ses phrases par leur concision sont obscures & embarrassées.

Vives (Jean-Louis) naquit à Valence en 1492, & mourut à Bruges en 1540, à 48 ans. Il a beaucoup écrit, & avec peu d’utilité pour le public ; cependant ses ouvrages recueillis & imprimés à Bâle en 1555 en deux vol. in-fol. ont été recherchés dans le xvj. siecle.

N’oublions pas Ferrier (Vincent) dominicain, qui fleurissoit vers le milieu du xjv. siecle. Bénoît XIII. le choisit pour son confesseur ; & comme il avoit un talent peu commun pour la prédication, il se rendit bien-tôt fameux. Il fit aussi des miracles en nombre, & fut canonisé. Ce saint thaumaturge, dit le pere d’Orléans, n’avoit pourtant rien de farouche & d’embarrassé lorsque son ministere le mettoit dans le commerce du monde & à la cour des princes. On tâcha de l’attirer dans l’assemblée du concile de Constance, par deux raisons, l’une pour qu’il aidât par son crédit à terminer les affaires épineuses qui occupoient les peres, & l’autre pour l’empêcher d’autoriser les Flagellans, dont la secte avoit fait de grands progrès malgré les édits des empereurs & les bulles des papes.

Vincent Ferrier les favorisoit extrèmement par ses manieres & par ses actions qui ressentoient beaucoup le fanatisme : il marchoit souvent à la tête d’une foule prodigieuse de pénitens, qui se fouettoient jusqu’au sang, & qui couroient par-tout après lui pour l’entendre prêcher. On peut juger que le saint voyoit sans chagrin les fruits de sa prédication, & que si les Flagellans aimoient à l’entendre, il n’étoit pas fâché d’en être suivi. Le concile de Constance eut beau s’y prendre avec dextérité pour ramener le dominicain ; il ne voulut point se rendre à l’assemblée, malgré les sollicitations empressées du roi d’Aragon même. Il mourut à Vannes en Bretagne le 5 d’Avril 1419, jour auquel on célebre sa fête dans l’Eglise romaine depuis sa canonisation. On a de lui quelques ouvrages dont on ne fait aucun cas, ou plutôt qu’on méprise beaucoup aujourd’hui. (Le chevalier de Jaucourt.)

Valence, (Géog. mod.) ville de France dans le Dauphiné, capitale du Valentinois, sur la rive gauche du Rhône, à 7 lieues au nord-ouest de Die, à 9 lieues de Viviers, à 12 au midi de Vienne, & à 120 de Paris.

Les maisons de Valence sont fort vilaines ; mais le palais épiscopal est bien bâti. L’évêché établi dès le iij. siecle est suffragant de Vienne. Cet évêché vaut environ 16000 liv. de revenu, & a dans son diocese une centaine de paroisses, deux abbayes d’hommes, & deux de filles.

L’université avoit d’abord été fondée à Grenoble par le Dauphin Humbert II. & fut transférée à Valence par Louis XI. l’an 1454. Elle est composée de trois facultés, & n’a pas soutenu sa premiere réputation. Long. 22. 28. latit. 44. 55.

Valence est une des plus anciennes villes des Gaules ; car elle étoit déjà colonie romaine du tems de Pline le naturaliste. Après l’institution des nouvelles provinces, elle demeura sous la premiere viennoise ; & après la ruine de l’empire romain, elle fut soumise aux Bourguignons, & ensuite aux François Mérovingiens ; sous les Carlovingiens elle fut du royaume de Bourgogne & d’Arles, & reconnut ceux qui n’étant pas de la race de Charlemagne, jouirent de ce royaume.

Baro (Balthazar) né à Valence en 1600, & reçu à l’académie françoise en 1633, fut gentilhomme de mademoiselle Anne-Marie-Louise d’Orléans,

fille de Gaston. Il mourut en 1650. L’ouvrage qui lui a fait le plus d’honneur, est le cinquieme tome d’Astrée, qui en formoit la conclusion, & qui ne fut guere moins bien reçu que les quatre autres volumes donnés par M. d’Urfé, dont Baro avoit été secrétaire. Le grand succès de ce roman produisit ceux de Gomberville, de la Calprenede, de des-Marais, & de Scudery. Que de différence entre les romans de ce tems-là, & ceux de Richardson ! Baro fit aussi neuf pieces de théatre imprimées ; dont la moins mauvaise est Parthénie tragédie.

Joubert (Laurent), médecin ordinaire du roi, naquit à Valence en 1530, & se rendit célebre par ses leçons. On étoit si prévenu de ses lumieres, qu’Henri III. souhaitant avec passion d’avoir des enfans, le fit venir à Paris, dans l’espérance que l’habileté de ce médecin leveroit tous les obstacles qui rendoient son mariage stérile ; mais son espérance fut trompée. Joubert avoit cependant traité cette matiere dans ses erreurs populaires, & même il l’avoit fait avec une indécence inexcusable ; cet ouvrage devoit contenir six parties, divisées chacune en cinq livres ; mais le public n’en a vu que la premiere, & quelque chose de la seconde ; les ouvrages latins forment deux volumes in-fol. dans les éditions de Francfort, 1582, 1599, & 1645. Il mourut à Lombez en 1582, à 52 ans.

Sautel (Pierre-Juste), jésuite, né en 1613, à Valence, s’est distingué par ses petites pieces en vers latins, lesquelles sont délicates & ingénieuses. On estime son élégie sur une mouche tombée dans une terrine de lait ; son essain d’abeilles distillant du miel dans le carquois de l’Amour ; sa querelle des mouches ; son oiseau mis en cage ; son perroquet qui parle, &c. Il mourut à Tournon, en 1662, âgé de 50 ans. (D. J.)

Valence, (Géograph. mod.) petite ville, disons mieux, bourg de France dans l’Agénois, sur la rive droite de la Garonne, vis-à-vis d’Aurignac. (D. J.)

Valence, (Géog. mod.) nos géographes disent petite ville de France dans l’Armagnac, à six lieues au nord d’Auch, sur la Blaise ; cette place ne vaut pas un bourg. (D. J.)

Valence, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocese d’Alby, & l’une des douze principales préfectures de ce diocèse.

Valence, golphe de, (Géog. mod.) golphe formé par la partie de la mer Méditerranée qui baigne les côtes du royaume de Valence. Il s’étend depuis l’embouchure de l’Ebre, jusqu’au cap nommé la punta del Emporador. (D. J.)

Valence, douane de, (Finance.) la douane de Valence est un droit local destructif du commerce, & qui fatigue à la fois six ou sept provinces, dont il anéantit les communications.

Cette douane fut établie en 1625. par bail, pour la somme de quatre cens mille livres, à des traitans, pendant trois ans ; son étendue, quant à la perception des droits, est excessive ; la maniere de les percevoir n’est pas moins onéreuse, son effet est de détruire le commerce des bestiaux, autrefois si considérable en Dauphiné, d’occasionner des tours & détours aux marchandises des provinces limitrophes, de diminuer les consommations intérieures & extérieures. La forme du tarif de cette douane est contre toute bonne politique, en ce qu’elle est susceptible d’une infinité de surprises ; enfin elle a acquis entre les mains industrieuses des régisseurs, une propriété singuliere, c’est celle de pouvoir être perçue deux fois sur la même marchandise. Consid. sur les finances. (D. J.)

VALENCE ou VALENCEY, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Berry, sur la rive gauche du Nahon, au midi de Selles, avec un château