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masse ; & quand elle est chargée de clous, on porte la masse dans l’assemblée des jurisdictions avec le nom de l’homme qu’on redoute, & l’on demande son bannissement. Cette maniere extraordinaire d’obtenir justice dans ce pays-là, y produit beaucoup de bien & peu de mal. (Le chevalier de Jaucourt.)

VALLATUM, (Géog. anc.) lieu de la Vindélicie. L’itinéraire d’Antonin le place entre Abasina & Summemtorium. On croit communément que le nom moderne est Willenbach. (D. J.)

VALLÉE, (Géogr. mod.) petite ville d’Italie, dans l’Istrie, à 7 milles de la mer, & à 14 au nord de Pola ; elle est ceinte de murailles, & soumise aux Vénitiens.

Vallée, Vallon, (Synonyme.) vallée semble signifier une espace plus étendu ; vallon semble en marquer un plus resserré.

Les poëtes ont rendu le mot de vallon plus usité ; parce qu’ils ont ajouté à la force de ce mot une idée de quelque chose d’agréable ou de champêtre, tandis que celui de vallée n’a retenu que l’idée d’un lieu bas, & situé entre d’autres lieux plus élevés.

On dit la vallée de Josaphat, où le vulgaire pense que se doit faire le jugement universel ; & l’on dit souvent en poésie le sacré vallon, où la fable établit une demeure des muses. A entendre nos aimables décider d’un ton léger du mérite des poëtes anciens & modernes,

On diroit qu’ils ont seuls l’oreille d’Apollon,
Qu’ils disposent de tout dans le sacre vallon.

(D. J.)

Vallée, (Géog. sacrée.) il est parlé dans l’Ecriture de plusieurs vallées de la Judée ; nous n’en citerons ici que quelques-unes, dont les noms se lisent le plus souvent : telles sont la vallée des artisans, sur les confins des tribus de Juda & de Benjamin ; la vallée des bois, dans laquelle étoient bâties Sodome & Gomorrhe ; la vallée de Save ou Royale, ainsi dite parce que Melchisédech y rencontra Abraham ; la vallée de bénédiction, près de Jérusalem, ainsi nommée, parce que les Juifs y remercierent Dieu de la victoire qu’il avoit accordée à Josaphat, II. Paral. xx. 26. la vallée de Gad, située au-delà du Jourdain, le long de l’Arnon, II. rois, xxiv. 5. la vallée de vision, signifie Jérusalem dans le style prophétique, & par antiphrase, parce qu’elle est située sur une montagne ; la vallée grasse, étoit aux environs de Samarie qui la dominoit ; sa fertilité lui fit donner ce nom ; la vallée des passans marque le grand chemin qui étoit au pié du mont-Carmel, pour aller du levant vers la mer. Ezech. xxxix. 11. la vallée des montagnes, désigne les vallées qui étoient autour de Jérusalem, où les habitans de cette ville se sauverent, lorsqu’elle fut assiégée par les Romains ; la vallée du carnage fut ainsi nommée, parce que Josaphat y défit un grand nombre d’ennemis ; c’est la même que la vallée de Josaphat ou du jugement, dont parle Joël, iij. 14. (D. J.)

Vallée, (Géog. mod.) mot françois qui signifie la descente d’une montagne rude, escarpée, roide ; il signifie aussi un espace de terre ou de pays, situé au pié de quelque montagne ou côte. On disoit autrefois val ; mais il n’est plus en usage que dans les noms propres : le val de Galice, le val des Choux, le val Suzon. L’un & l’autre mot est formé du latin vallis, dont les Italiens ont fait leur mot val ou valle, & les Espagnols leur mot valle.

On entend ordinairement par une vallée une espece de plaine, le plus souvent traversée par une riviere, bornée à ses côtés par des collines ou des montagnes, & qui a une longueur plus ou moins grande, sans largeur considérable. Il y a des pays fort vastes nommés vallées, comme dans la Sicile, qui est divisée en trois vallées, valle di Mazzara, valle di Demo-

na, & valle di Noto. Comme, selon le proverbe, il

n’y a point de montagnes sans vallées, le mot de vallée est commun dans les montagnes, par exemple, dans la Suisse, chez les Grisons, dans une partie de la Lombardie & dans les Pyrénées. (D. J.)

Vallée de vision, la, (Critique sacrée.) la vallée de vision dans le style figuré, signifie Jérusalem. Elle est nommée vallée par antiphrase, parce qu’elle est située sur une montagne ; & on lui donne le surnom de vision, parce qu’elle est le sujet de la prophétie d’Isaïe, ou parce que le temple de Jérusalem fut bâti sur le mont Moria, qui est la montagne de vision.

Vallée de Cluyd, (Géog. mod.) vallée d’Angleterre, dans le comté de Denbig. Elle s’etend du sud-est au nord-ouest jusqu’à l’Océan, de la longueur de 17 milles, sur 5 de largeur. Elle est de toutes parts environnée de hautes montagnes, excepté le long des côtés, où elle est toute ouverte. La riviere de la Cluyd la traverse par le milieu, depuis sa source jusqu’à son embouchure.

Vallées, pays des quatre, (Géog. mod.) pays de France, dans la Gascogne, sur la gauche de la Garonne, partie dans le diocèse d’Auch, & partie dans celui de Comminge. Il renferme les vallées de la Barthe ou Nestes, Aure, Magnoac & Barousse. (D. J.)

VALLI, (Botan. exot.) arbrisseau des Indes que M. Commelin nomme frutex siliquosa, indica, flore papilionaceo, siliquis planis, brevibus, duo aut tria semina isthmia continentibus. Hort. Malab.

Cet arbrisseau s’attache à toutes les plantes de son voisinage. Ses feuilles ressemblent à celles du frêne, & ont quelque âcrimonie. Ses fleurs sont papilonacées & sans odeur. Ses gousses ont un pouce de long, sur un pouce de circonférence ; elles sont plates, & contiennent deux ou trois semences séparées par une cloison étroite ; ses feves sont d’un goût extrémement désagréable. Cette plante fleurit au mois d’Août, & son fruit est mûr dans ceux de Décembre & de Janvier. (D. J.)

VALLUM, AGGER, VINEÆ, TURRES, (Art. milit. des Romains.) vallum étoit un retranchement que l’on faisoit avec des pieux, une palissade. Agger, élevation pour dominer la ville, que l’on faisoit avec des poutres & des branches d’arbres qu’on couvroit de terre. Vineæ, machines qui couvroient ceux qui travailloient à la sappe du mur. Turres, les tours, étoient de bois, & l’on y mettoit des machines pour lancer des pierres, des feux d’artifices, &c. (D. J.)

Vallum Adriani, (Géog. anc.) dans la 124e. année de J. C. l’empereur Adrien passa dans la grande-Bretagne pour y appaisser un soulevement, & après avoir battu les rebelles, il fit tirer pour la premiere fois, dit Spartian in Hadriani vitâ, c. xj. une muraille de 80 milles de longueur, pour empêcher les peuples sauvages du nord, de se jetter sur les sujets des Romains.

Cette muraille, ou ce retranchement, tenoit toute la largeur de l’île, depuis une mer jusqu’à l’autre ; c’est à-dire, depuis le bord de la Tyne, au voisinage de New-Castle, jusqu’au bord de l’Eden, près de Carlisle, dans le Cumberland, & de Carlisle jusqu’à la mer.

L’auteur des délices de la grande-Bretagne, page 1140, dit : « L’historien qui nous apprend cette circonstance, ne marque pas en quel endroit étoit cette muraille : mais les Ecossois ne doutent nullement, que ce ne fût entre les golfes de Glotta & de Bodotria, dans les mêmes endroits où Agricola avoit mis des garnisons 40 ans auparavant ; & ils sont persuadés que c’est la même muraille dont il reste des vestiges assez considérables, entre les golfes dont il vient d’être parlé, qui sont ceux de la Cluyd & du Forth ».