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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/948

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M. le duc de Penthievre son fils, en a été revêtu ; pendant sa minorité M. le prince de Dombes l’a exercé ; à sa majorité, il l’a exercé lui-même, & en a revêtu M. le prince de Lambale son fils, & il en fait encore les fonctions jusqu’à sa majorité.

Salnove & M. de la Briffardiere ne sont pas d’accord des grands-veneurs sous les regnes d’Henri IV. & de Louis XIII. Salnove dit que M. le prince Guimené & M. le duc de Montbazon, étoient grands-veneurs sous Henri IV. & M. de la Briffardiere les met sous le regne de Louis XIII. Je crois qu’on peut s’en rapporter à Salnove qui a servi dans la vénerie sous Louis XIII. il étoit à portée de le savoir au juste.

Edit du roi du … Octobre 1737, qui supprime partie des charges de la grande venerie. Art. premier. Des quarante-quatre charges de gentilshommes, il y en a trente-huit de supprimées : plus, toutes les charges de fourriers, valets de chiens ordinaires à cheval, & ceux servant par quartiers ; les valets de limiers, autres valets de chiens servant par quartier ; les petits valets de chiens, maréchaux ferrans, chirurgiens, boulangers, & châtreurs de chiens.

Il y avoit anciennement sous les ordres du grand-veneur quatre lieutenans qui servoient comme de capitaines, chacun dans leurs quartiers, & qui en son absence recevoient les ordres du roi, pour les donner à toute la vénerie. Nouveau traité de vénerie, p. 20. introduction.

Commandant. Les places de commandant de la vénerie du roi, sont établies depuis que les lieutenans en charge n’ont plus fait de fonctions.

Il y a un commandant qui prend les ordres du grand-veneur, & en son absence du roi, qui les lui donne pour les chasses qu’il juge à propos de faire ; il distribue les ordres, comme il en a été déjà parlé.

Dans le premier volume de l’école de la chasse, par M. Leverrier de la Conterie, p. 2, il est dit qu’un prince, amateur de la chasse, doit choisir un commandant qui ait de la naissance, qui l’entende, qui l’aime, & pense assez juste pour préférer à tout le plaisir de son prince. Ces quatre qualités sont absolument nécessaires.

Un commandant est responsable de ce qui se passe au chenil & à la chasse par la faute des officiers & autres du service ; & il doit se faire un point d’honneur d’amuser son prince. Du choix du commandant dépend la bonté de l’équipage, & le bon ordre dans lequel il doit être tenu. Il faut un gentilhomme né avec le goût décidé pour la chasse, & qui ait blanchi avec fruit dans le métier ; qu’il ait des mœurs, humain envers ceux qui lui sont subordonnés, poli avec tout le monde.

M. de Ligniville. Celui qui commande, s’il n’est parfaitement instruit, on lui en fera bien accroire. Il y a des veneurs si ambitieux, qu’ils demandent souvent beaucoup plus de quête qu’ils n’en peuvent faire. Il y en a aussi à qui on donne des quêtes qui sont toujours mal faites par l’ignorance & la paresse de ceux-ci ; c’est au commandant à connoître l’ambition des uns & la négligence des autres, pour réprimer l’un, & réveiller l’émulation des autres.

Le commandant doit se rendre le protecteur & le pere des veneurs. Les plus grands princes & seigneurs ont donné le titre de compagnon de venerie à ceux avec lesquels ils prenoient le plaisir de la chasse. Quand un commandant a fait monter un veneur au grade pour faire chasser les chiens, il ne l’aura pas fait avancer, qu’il n’ait vu des preuves de son savoir par les beaux laissés-courre qu’il aura faits ; l’intelligence, l’âge, la conduite, les talens qui sont nécessaires dans cette partie : d’après cela, il le doit traiter avec bonté & amitié. Si c’est un homme de sentiment, il ne se dédira sûrement pas ; mais si on lui fait essuyer des désagrémens, ce pauvre veneur de-

vient triste, mélancolique, se dégoûte du service

ne le fait plus que par honneur ; le plaisir est banni de lui. Cet exercice demande qu’on soit dégagé de toute autre chose étant à la chasse ; qu’on ne pense & agisse que pour remplir les devoirs de la place qu’on occupe ; qu’on soit à l’abri des craintes ; que le plaisir seul d’amuser son maître soit toutes les pensées & les actions du veneur à la chasse. Les réprimandes publiques, les mortifications qu’on fait souvent subir à d’honnêtes gens par pur caprice, sont bien à craindre pour ceux qui se font un principe de ne point manquer dans leurs services. Il peut arriver des fautes en croyant bien faire ; si-tôt qu’un habile & zélé veneur s’en apperçoit, il est assez puni de l’avoir commise ; il en sera tout honteux & consterné. Qui est-ce qui ne commet point de faute ? C’est celui qui n’a rien à faire, & qui n’est chargé de rien.

Les mauvais sujets doivent être traités comme ils le méritent après les fautes réitérées ; il les faut punir ; & s’ils ne se corrigent pas, que les réprimandes & menaces n’y fassent rien, les redescendre à leur premier état, & si cela n’y fait rien, les renvoyer avec du pain : le roi & les princes ne voudroient pas voir des malheureux, qui auroient eu l’honneur de les servir dans leurs plaisirs, être des misérables. Il ne faudroit qu’un pareil exemple à celui d’être descendu, pour exciter & réveiller l’émulation.

Il faut que le commandant soit comme le pere de famille, attentif aux besoins de ceux qui lui sont subordonnés. S’ils n’ont pas de quoi vivre de leurs appointemens & revenus de leurs places, qu’il sollicite pour eux des supplémens ; qu’il sache faire récompenser les anciens & bons serviteurs qui se sont exposés, sacrifiés pour leur service. Les bontés du maître doivent couler sur eux par le canal du commandant ; de même ceux qui ont de grosses familles, qui ont peine à vivre & qui n’ont pas d’autres ressources, n’en doivent point être abandonnés ; il faut secourir les malheureux dans la peine.

La place de commandant est la plus honorable de la vénerie, après le grand veneur.

Ses appointemens sur l’état de ceux de la vénerie, sont de quinze cens livres ; il a en sus sur la cassette trois mille livres payés par quartiers ; c’est-à-dire, en quatre payemens.

Le roi leur donne en sus des pensions sur le trésor royal & des gratifications, qui ne sont accordées qu’autant qu’ils ont d’ancienneté & qu’il plaît à S. M. de leur faire du bien. Ils ont un carrosse & une chaise entretenus aux dépens du roi, quatre chevaux, un cocher & un postillon de même.

Pour l’habillement de l’ordonnance, il est pareil à celui du roi du grand-veneur ; ils ont des trompes.

Voilà l’état des commandans de la venerie du roi.

Ecuyer. Celui de l’écuyer est de même.

Gentilshommes. Celui des gentilshommes est de trois mille livres payées sur la cassette. S. M. leur donne des pensions & gratifications suivant leur ancienneté & la volonté de S. M. Ils n’ont rien sur l’état des appointemens de la vénerie ; leur habillement est pareil à celui du commandant ; leur service est d’aller au bois, de piquer à la queue des chiens, ils ne sont pas tenus d’autres services ; ils avancent au grade de commandant : ils sont deux dans la vénerie.

Pages. Les pages sont au nombre de deux ; on les prend fort jeunes suivant l’usage ; ils apprennent à connoître les chiens, à aller au bois ; ils ont deux chevaux à la chasse, pour apprendre cet art. Leur service est d’aider à aller rompre ; d’être sur les aîles à voir ce qui se passe, pour se rendre utiles. Ils parviennent au grade de gentilhomme. Leur habillement est pour la chasse le surtout des pages de la grande-