Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandie. Quant aux doses ; prenez trois cens livres de charrée seche & passée au tamis ; deux cens de sable, & deux cens de varech. S’il s’agit d’un nouvel établissement & que les qualités des matieres soient inconnues ; dans ce cas, on aura recours aux essais, & ils se feront ainsi que nous l’avons indiqué dans la verrerie en bouteilles.

On met les matieres recuire dans l’arche à cendres, ainsi qu’on a dit pour les bouteilles ; c’est aussi la même manœuvre pour la fonte. Mais comme il entre dans la composition du verre à vître plus de varech, que dans le verre à bouteille, afin de le rendre plus doux & plus facile à travailler ; quand elle commencera à se rafiner, & qu’il s’élevera à la surface du verre liquide, dans le pot, un sel qui y surnagera comme de l’eau ; on l’enlévera avec la poche. La grande partie de varech ne se fixe pas ; le sel en étant très-volatil ; tellement que si on négligeoit d’ôter ce sel, il s’en iroit presque tout en fumée, ainsi qu’on le voit dans les verreries à vître, par la grande fumée blanche qui sort des ouvroirs, lorsque le verre est bien fondu & commence à s’affiner.

Lorsque les matieres sont cuites dans les arches ; (on suppose que la halle, le four, les arches & le reste est comme nous avons dit de la verrerie en bouteilles). On met dans les pots, on tise & on rafine. On allume des fourneaux à recuire les plats. Il y a au fond de ces fourneaux une ou deux plaques de fer de fonte, concaves & placées au bout contre le derriere du fourneau, & l’autre vers la bouche. Les fourneaux étant chauds, ainsi que le four & le verre affiné ; le maître tiseur a soin d’écremer le verre, on appelle alors les gentilshommes. Les cannes ou felles sont toutes dressées.

On commence par chauffer une felle, le cueilleur la prend, & il en plonge le bout dans le verre environ de trois pouces & demi, en tournant dans le verre la felle. Il la retire doucement pour faire couper ou partir le fil de verre, ainsi que nous le dirons dans les glaces. Il porte ensuite la felle au baquet à rafraîchir ; il la pose & se soulage pendant que le verre se refroidit. Il repete ensuite la même chose en couvrant le premier cueillage ; en cinq reprises, plus ou moins, selon que le verre est dur ou mol, il acheve le cueillage entier, qui doit avoir la forme d’un œuf.

Si cueilleur n’est qu’un apprentif, il ne cueille que quatre coups, & le gentilhomme bossier prend la felle & cueille le cinquieme coup ou la derniere fois. Il porte la felle au baquet, la laisse rafraîchir& refroidir un peu le cueillage, puis il va au marbre ou à la table de fonte, & en tournant le cueillage sur ce marbre, il lui fait la pointe. Il baisse la main pour cet effet, passe le verre sur le marbre, le roule, le releve & se tenant debout, met l’embouchure de la felle dans sa bouche, souffle, fait gonfler la masse de verre, tourne la felle, la fait aller & venir d’un bout du marbre à l’autre, lui donne la forme qu’on voit dans nos Planches ; puis il la porte à l’ouvroir pour la réchauffer. Il pose la felle sur une barre qui est tout contre l’ouvroir & en travers. A mesure que la matiere se réchauffe, il tourne la main plus vîte. Quand elle est assez chaude, il la retire, retourne au marbre, donne un petit coup sur la pointe, l’émousse un peu, roule un ou deux tours sur le marbre, met la felle sur le tranchant du marbre, & posant la pointe sur la barre ronde, il tourne & souffle en même tems pour faire la boudine, voyez nos Pl. le verre se gonfle, il continue de souffler ; & quand le verre ne peut plus se gonfler, parce qu’il est froid, alors on le porte au grand ouvroir, on pose la felle dans le crochet & l’on tourne comme ci-devant. On le retire ensuite, on le porte à la barre, comme on voit dans nos Pl. On souffle en poussant la pointe, le bouton ou la boudine contre la barre, toujours

tournant la felle & continuant de souffler, jusqu’a ce que le verre ait la grosseur convenable, on revient alors au grand ouvroir, & poussant la bouteille loin dans le four, en la tournant toujours dans le même sens ; à mesure qu’elle se chausse, l’un de ses diametres s’alonge aux dépens de l’autre ; elle s’applatit. On la retire alors, on la leve en l’air, on la porte & on la pose sur la barre, voyez nos fig. On souffle un peu dans le cas que la partie où est la boudine soit enfoncée ; on la présente au gentilhomme qui l’ouvre, voyez nos Pl. & la pose ensuite sur la barre à trancher, & avec le fer, il fait couler quelques gouttes d’eau sur le col : il frappe ensuite quelques coups sur la felle, la bouteille s’en sépare ; il la retourne & attache à sa partie postérieure le pontil qui y prend, parce qu’il est chargé de verre. Le pontil tient à la boudine, on la reporte en cet état à l’ouvroir, où on laisse rechauffer le col pendant quelque tems, parce qu’il est froid & plus épais que le reste. A mesure qu’il se réchauffe, on l’avance de plus en plus dans le four ; on l’en tire ensuite & l’on donne avec l’embouchure un coup contre une plaque ou planche pour la rendre unie, on la présente ensuite au fouet, voyez nos Planches, qui met dans l’embouchure applatie la planche aiguisée ; l’ouvrier tourne la piece, la presse en même tems contre la planche qui la fait ouvrir environ d’un pié. Il remet ensuite le tout dans le grand ouvroir, & à mesure que la piece se réchauffe, il tourne plus rapidement ; les bords s’étendent peu à peu. Quand l’ouvrage est assez chaud, l’ouvrier le retire subitement de l’ouvroir, leve un peu les mains en l’air ; de sorte que le pontil fasse à-peu-près avec l’horison un angle de trois ou quatre degrés, puis il tourne de toute sa force ; à mesure que la piece s’ouvre, l’ouvrier baisse les mains, s’approche de l’ouvroir ; la piece par ce moyen s’étend & devient presque unie. Il la retire alors de l’ouvroir, la laisse un peu refroidir, il la porte & la pose ensuite sur la pelote, voyez nos Planches & nos fig. La fourchette est placée de maniere que la pelote passe à-travers. Il tient le pontil ferme de la main gauche, il a soin de soutenir le poids du pontil ; car s’il le laissoit porter sur le plat, il en seroit cassé. De la main droite, il donne un coup contre le bout du pontil qui est en l’air ; le pontil se sépare, il le pose contre le mur ou le donne au tisseur ; & avec un brassart à la main, il prend la fourchette par le manche, la leve, la tenant elle & le plat, paralleles à l’horison, puis il met le plat dans la bouche de l’arche. Voyez nos Pl. & nos fig. puis le pousse & le place de maniere que le bord de devant touche ou les plats déja dressés, s’il y en a, ou le mur s’il n’y en a point. Alors un fouet prend une petite fourche, accroche le bout au bord de l’aire le plus éloigné, celui qui est vers la bouche de l’arche pour la tenir ferme. L’ouvrier alors retire la fourchette, de maniere que ses bouts soient environ à 3 ou 4 pouces en-deçà de la boudine ; puis le fouet place les bouts de sa fourchette contre le bord de la piece qui est déja dressée, & qui se soutient, pendant que l’ouvrier dresse l’autre piece. Sans ces précautions, la piece dressée tomberoit & entraîneroit les autres ; car il est évident qu’en levant le plat pour le dresser, son bord inférieur appuiera contre le bord inférieur de la piece déja dressée, & fera pancher son bord supérieur. Mais en plaçant la fourchette comme nous avons dit, cet effet n’aura plus lieu ; l’ouvrier levera la piece sans danger, & la placera contre les autres. Il la soutient dans cet état, tandis que le fouet retire sa fourchette, ensuite il retire la sienne. Voyez nos Pl. & nos fig. Quand le fourneau est plein, on le bouche, on le laisse refroidir 2 ou 3 jours. Quand les plats sont froids, on entre dans le fourneau, & l’on prend le plat par les bords ; on le retire, on l’amene jusqu’à la bouche du four-