Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du point k, qui fait le milieu du four à cette hauteur, que les points X, T, de la fig. 1. l’étoient du milieu du four. Il sera néanmoins nécessaire, comme il n’y a point d’arrête à former dans cette coupe, de trouver un autre moyen de réduire la voute à la juste hauteur, en l, au lieu du point i, où la réunion des deux parties de la courbe la porteroit : pour cet effet du point k milieu du four comme centre, & de l’ouverture lk, tracez l’arc dlf qui coupe en d & f, les arcs h g i & a b i, & votre couronne réduite à la hauteur donnée, prendra la forme a b d f g h.

Connoissant à présent les diverses parties d’un four, c’est le moment de dire un mot des diverses tuiles qu’on emploie à leur construction. L’embassure se construit ordinairement avec des tuiles quarrées, de dix pouces ou un pié sur chaque face, & environ deux pouces d’épais : on voit le géométral en E, & le perspectif en e du moule de ces tuiles (Pl. IV.). Le pié droit des tonnelles se monte avec des tuiles de vingt pouces sur dix, & deux pouces d’épais ; les tuiles qui servent à former la voute de la tonnelle, ont environ six lignes d’épaisseur de plus à un côté qu’à l’autre, & celles qui font le ceintre des tonnelles ont environ trois pouces d’épais d’un côté, sur un ou un & demi de l’autre : les tuiles de couronne ont dix pouces, ou un pié de long, sur environ six pouces de large en un bout, & environ cinq en l’autre, & environ deux pouces d’épaisseur en un bout, & un & demi en l’autre. Les sieges se font avec des tuiles qu’on pose de champ les unes à côté des autres ; le côté qui pose sur l’âtre a quarante-cinq pouces ; le côté qui joint l’embassure, & qui fait la hauteur de la tuile sur son champ, est de vingt-huit pouces, hauteur du siege, & le côté qui se trouve au haut de la tuile, & qui fait partie de la largeur du siege en sa face supérieure, est de trente pouces, l’épaisseur est de deux pouces : on voit aisément que les dimensions de la tuile de siege, sont relatives à celles qu’on veut donner aux sieges. Voyez Pl. IV. les moules de ces diverses tuiles.

Au reste il est certain qu’avec le même échantillon de tuiles on pourroit construire un four en entier : on n’auroit qu’à les recouper relativement aux lieux où l’on voudroit les placer.

Le siege est la seule partie du four, qu’il y auroit un grand danger à construire avec un autre échantillon que le sien. Il arrive quelquefois que les pots qu’on est dans le cas d’ôter du four, tiennent fortement au siege, par la vitrification du cul du pot, & de la surface du siege : or si le siege étoit composé de tuiles d’embassure, entassées les unes sur les autres, & non de grandes tuiles sur leur champ, il seroit à craindre qu’en faisant effort pour détacher le pot, on n’emportât des morceaux du siege.

Lorsque le four est fini de construire & qu’il est bien sec, on le revêtit d’une nouvelle maçonnerie en briques, soit ordinaires soit blanches[1], tant pour faciliter le service, que pour augmenter la solidité du four & le préserver des injures du dehors.

La maçonnerie lmno (Pl. VI. fig. 1.) en briques ordinaires, qui revêtit le mormue entre les deux ouvreaux à cuvette, a environ vingt pouces d’épaisseur, elle forme un relais lq, ap, d’environ un pouce ou un pouce & demi, comme l’arche en forme un rs, tx, pour donner la facilité de poser la tuile dont nous verrons qu’on bouche l’ouvreau à cuvette. Les côtés ml, no, ne font pas une embrasure droite, en tombant perpendiculairement sur qp, comme feroit la ligne zl ; une telle position ne pourroit manquer de gêner le mouvement des outils qui doivent tra-

vailler à l’ouvreau à cuvette ; l’inclinaison des lignes

lm, no, n’a d’autre regle qui l’établisse, que l’exacte connoissance que le constructeur doit avoir des outils & de leur usage.

La maçonnerie dont nous venons de parler a deux piés d’élévation en DE (fig. 2. Pl. VII.) : on place à cette hauteur des plaques de fonte qui regnent de G en H ; ces plaques sont fort utiles aux opérations qui se passent aux ouvreaux d’en-haut : elles ont vingt pouces de large, relativement à l’épaisseur de la maçonnerie sur laquelle elles posent, & en leur supposant un pouce, ou un pouce & demi d’épaisseur, il reste encore près de cinq pouces de la plaque à l’ouvreau.

Sur les plaques s’élevent des piliers ou sortes de contreforts : ils me sembleroient assez bien nommés éperons. Je ne leur connois d’autre utilité que de fortifier la maçonnerie : on en voit le géométral en ghik ; & mnol (Pl. VII. fig. 2.) & l’élévation en IK, LM (Pl. VII. fig. 2.). Quant à la place des éperons, les points k, m (Pl. VI. fig. 2.), sont déterminés par les relais qk, mr, qu’on doit laisser assez grands pour placer avec facilité la piece dont nous verrons qu’on ferme l’ouvreau ; les côtés kg, ml, des éperons, sont perpendiculaires au côté du four, parce que les outils que l’on emploie par l’ouvreau P, n’ayant pas besoin de grands mouvemens, peuvent se passer de l’espace qu’on se procureroit, en écartant davantage l’un de l’autre les points l, g. Il n’en est pas de même des ouvreaux à trejetter O, comme on a à y manier des outils qui demandent du mouvement, on incline la ligne hi pour avoir l’embrasure hs plus évasée : le point i est déterminé par la longueur qu’on doit donner à la ligne 1 &, comme le point k l’a été par la ligne kq ; au reste les éperons s’avancent jusqu’à environ quatre à cinq pouces du bord des plaques, & ont environ quatre pouces de largeur en g h, o l ; l’élévation des éperons est déterminée par l’élévation du revêtement de la couronne, qui l’est par la hauteur des arches, dans la vue que le dessus du four & celui des arches fassent une planimétrie.

Communément le dessus du four est tel, qu’une perpendiculaire abaissée de l’avancement cd (fig. 2. Pl. VIII.) tombe sur le bord de la plaque ; & conséquemment s’avance plus que les ouvreaux, de la même quantité que le bord extérieur de la plaque : on appelle cet avancement sourcilier[2], & on le garnit de tôle, qu’on charge de mortier d’argille commune, mêlée de foin, qu’on appelle communément torchis. On voit par-là que l’éperon prenant à quatre ou cinq pouces du bord des plaques, doit laisser faillir le sourcilier d’environ quatre ou cinq pouces ; le sourcilier est élevé d’environ neuf piés & demi au-dessus de l’aire de la halle.

Depuis l’ouvreau on gagne le sourcillier, par un plan incliné, exprimé en coupe par ef (fig. 2. Pl. VIII.) & une élévation par e f, e f, e f (fig. 2. Pl. VII.), ce plan incliné est confondu dans la nomination sourcilier ; mais comme je crois intéressant de donner des noms différens aux différentes parties d’un tout, j’appellerai dans la suite ce plan incliné talud. On peut faire l’éperon & le talud en terre à four, dans les lieux touchés immédiatement par la flamn e ; quant au surplus, rien n’empêche de le bâtir en briques ordinaires.

On revétit la couronne du four d’une seconde calotte, appliquée immédiatement sur la couronne, construite de briques blanches & de mortier d’argille ; cette seconde calotte s’appelle chemise : au-dessus de la chemise on fait simplement un massif ordinaire, qu’on éleve jusqu’à la hauteur des arches, & qu’on couvre de torchis.

  1. Les briques blanches sont composées de terre à four & de ciment ; elles ne different des tuiles qui servent à la construction de four qu’en ce qu’elles sont faites avec moins de soin, & qu’on les emploie cuites.
  2. Le sourcillier est destiné à retenir la flamme, & en s’opposant à ce qu’elle s’éleve, l’empêcher de faire incendie.