Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Villain tenement est l’héritage tenu roturierement, ou à des conditions serviles. (A)

Villain, (Hist. d’Anglet.) sous le regne des Anglo-Saxons, il y avoit en Angleterre deux sortes de villains ; les uns qu’on nommoit villains en gros, étoient immédiatement assujettis à la personne de leur seigneur, & de ses héritiers ; les autres étoient les villains du manoir seigneurial, c’est-à-dire appartenans & étant annexés à un manoir. Il n’y a présentement aucun villain dans la grande-Bretagne, quoique la loi qui les regarde n’ait point été révoquée. Les successeurs des villains, sont les vassaux (copy-holders), ou plutôt (copy-hobders), qui malgré le tems qui les a favorisés à tant d’autres égards, retiennent encore une marque de leur premiere servitude : la voici. Comme les villains n’étoient point reputés membres de la communauté, mais portion & accessoire des biens du propriétaire, ils étoient par-là exclus de tout droit dans le pouvoir législatif ; or il est arrivé que leurs successeurs sont encore privés du droit de suffrage dans les élections, en vertu de leur vasselage. (D. J.)

Villain, (ancien terme de monnoie.) autrefois à la place du remede de loi & du remede de poids, il y avoit une ordonnance qui permettoit de faire sur le poids d’un marc un certain nombre d’especes plus ou moins pesantes que le poids reglé par l’ordonnance. Celles qui pesoient plus étoient appellées villains sorts ; & celles qui pesoient moins, étoient nommées villains foibles. On trouve des ordonnances qui selon les cas, permettoient un remede de quatre villains forts, & de quatre villains foibles par marc.

VILLALPANDA, (Géog. mod.) ou VILLALPANDO, ville d’Espagne au royaume de Léon, à 4 lieues au nord de Toro, entre Zamora & Benavente, dans une plaine agréable & fertile. Il y a dans cette ville un vieux palais des connétables de Castille. Long. 12. 9. lat. 41. 34. (D. J.)

VILLARICA, (Géog. mod.) ville de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, sur la côte du golfe du Mexique, dans la province de Tlascala, avec un port. C’est en partie l’entrepôt du commerce de l’ancienne & de la nouvelle Espagne. (D. J.)

Villarica, (Géog. mod.) ville de l’Amérique méridionale dans le Chili, sur le bord du lac Malahauquen, à 16 lieues au sud-est de la ville impériale, & à 25 de la mer du Sud. Long. 308. 12. lat. mérid. 39. 33.

VILLE, s. f. (Architect. civil.) assemblage de plusieurs maisons disposées par rues, & fermées d’une clôture commune, qui est ordinairement de murs & de fossés. Mais pour définir une ville plus exactement, c’est une enceinte fermée de murailles, qui renferme plusieurs quartiers, des rues, des places publiques, & d’autres édifices.

Pour qu’une ville soit belle, il faut que les principales rues conduisent aux portes ; qu’elles soient perpendiculaires les unes aux autres, autant qu’il est possible, afin que les encoignures des maisons soient à angles droits ; qu’elles aient huit toises de large, & quatre pour les petites rues. Il faut encore que la distance d’une rue à celle qui lui est parallele, soit telle qu’entre l’une & l’autre il y reste un espace pour deux maisons de bourgeois, dont l’une a la vue dans une rue, & l’autre dans celle qui lui est opposée. Chacune de ces maisons doit avoir environ cinq à six toises de large, sur sept à huit d’enfoncement, avec une cour de pareille grandeur : ce qui donne la distance d’une rue à l’autre de trente-deux à trente-trois toises. Dans le concours des rues, on pratique des places dont la principale est celle où les grandes rues aboutissent ; & on décore ces places en conservant

une uniformité dans la façade des hôtels ou maisons qui les entourent, & avec des statues & des fontaines. Si avec cela les maisons sont bien bâties, & leurs façades décorées, il y aura peu de choses à desirer.

M. Bélidor donne dans sa Science des ingénieurs, l. IV. c. viij. la maniere de distribuer les rues dans les villes de guerre ; distribution qui étant subordonnée à la fortification de la place, est un ouvrage d’architecture militaire que nous ne traitons point ici ; mais Vitruve mérite d’être consulté, parce qu’il donne sur l’architecture des villes d’excellens conseils. Cet habile homme, l. I. c. vj. veut qu’en les bâtissant on ait principalement égard à sept choses.

1°. Que l’on choisisse un lieu sain, qui pour cela doit être élevé, selon lui, afin qu’il soit moins sujet aux brouillards. 2°. Que l’on commence par construire les murailles & les tours ; 3°. qu’on trace ensuite les places des maisons, & qu’on prenne les alignemens des rues ; la meilleure disposition, selon lui, est que les vents n’enfilent point les rues. 4°. Qu’on choisisse la place des édifices communs à toute la ville, comme les temples, les places publiques, & qu’on ait égard en cela à l’utilité & à la commodité du public. Ainsi si la ville est un port de mer, il faut que la place publique, soit près de la mer : si la ville est éloignée de la mer, il faudra que la place soit au milieu : que sa grandeur soit proportionnée au nombre des habitans, & qu’elle ait en large les deux tiers de sa longueur. 5°. Que les temples soient disposés de telle sorte, que l’autel soit tourné à l’orient ; qu’ils ayent en largeur la moitié de leur longueur. 6°. Que le trésor public, la prison & l’hôtel-de-ville, soient sur la place. 7°. Que le théâtre soit bâti dans un lieu sain, que les fondemens en soient bien solides, que sa hauteur ne soit point excessive de peur que la voix ne se perde ; que les entrées & les sorties soient spacieuses & en grand nombre ; que chacune ait un dégagement, & qu’elles ne rentrent pas l’une dans l’autre ; toutes ces remarques sont fort judicieuses. (D. J.)

Villes, fondation des, (Antiq. grecq. & rom.) Denis d’Halicarnasse observe, que les anciens avoient plus d’attention de choisir des situations avantageuses, que de grands terreins pour fonder leurs villes. Elles ne furent pas même d’abord entourées de murailles. Ils élevoient des tours à une distance reglée ; les intervalles qui se trouvoient de l’une à l’autre tour, étoient appellés μεσοπύργιον ou μεταπύργιον ; & cet intervalle étoit retranché & défendu par des chariots, par des troncs d’arbres, & par de petites loges, pour établir les corps-de-gardes.

Festus remarque, que les Etruriens avoient des livres qui contenoient les cérémonies que l’on pratiquoit à la fondation des villes, des autels, des temples, des murailles & des portes ; & Plutarque dit, que Romulus voulant jetter les fondemens de la ville de Rome fit venir de l’Etrurie, des hommes qui lui enseignerent de point en point toutes les cérémonies qu’il devoit observer, selon les formulaires qu’ils gardoient pour cela aussi religieusement que ceux qu’ils avoient, pour les mysteres & pour les sacrifices.

Denis d’Halicarnasse rapporte encore, qu’au tems de Romulus, avant que de rien commencer qui eût rapport à la fondation d’une ville, on faisoit un sacrifice après lequel on allumoit des feux au-devant des tentes, & que pour se purifier, les hommes qui devoient remplir quelque fonction dans la cérémonie, sautoient par-dessus ces feux ; ne croyant pas que s’il leur restoit quelque souillure, ils pussent être employés à une opération à laquelle on devoit apporter des sentimens si respectueux. Après ce sacrifice, on creusoit une fosse ronde, dans laquelle on jettoit ensuite quelques poignées de la terre du pays d’où étoit venu chacun de ceux qui assistoient à la céré-