le font pas pour s’en nourrir, ainsi que les anciens le pensoient ; elles les prennent pour s’en servir à broyer la nourriture dans leur estomac : car elles avalent indifféremment tout ce qu’elles rencontrent de dur & de solide. Bien loin que ces volatiles se nourrissent de métaux, on a reconnu par expérience à Versailles, qu’ils meurent quand ils en ont beaucoup avalé ; la dissection a fait voir, que les doubles que les autruches avoient avalés, s’étoient changés en verd-de-gris par le frottement mutuel de ces doubles, que l’on y trouva usés seulement par les endroits où ils se pouvoient toucher.
A proportion que la nourriture particuliere à chaque oiseau est différente, la préparation, les organes qui y sont destinés, de même que ceux qui servent à la coction, sont aussi différens. Dans le genre des oiseaux, ceux qui vivent de chair ont bien moins de parties pour ces usages, que ceux qui vivent de semences. Les aigles, les vautours, les cormorans, les onocrotales, n’ont qu’un ventricule simplement membraneux & renforcé de quelques fibres charnues ; mais aussi ces oiseaux ne se servent point de cailloux pour broyer leur nourriture.
Enfin, la variété du ventricule des oiseaux se trouve bien marquée entre ceux qui vivent de grain, & ceux qui sont destinés à se nourrir de proie ; l’estomac des derniers est sans gésier, tout membraneux, & assez semblable à celui de l’homme ; autre animal rapace, qui vit de fruits, de chair, de poisson, & de coquillages. Le ventricule des chats-huants est un peu tendineux, comme s’il servoit indifféremment à digérer la chair & autre nourriture que cet oiseau peut attraper. (D. J.)
VENTRIERE, (Architect.) c’est une grosse piece de bois équarrie qu’on met devant une rangée de pal-planches, afin de mieux couvrir un ouvrage de maçonnerie, soit contre l’effort du courant de l’eau, soit contre la poussée des terres. (D. J.)
Ventriere, (ouvrage de Bourrelier.) c’est la sangle dont on se sert pour élever des chevaux, quand on veut les embarquer, ou les tenir suspendus. (D. J.)
Ventriere, (Maréchal.) partie du harnois du cheval de train, fait d’une longe de cuir, qui empêche que le harnois ne tombe, & qui passe sous le ventre.
VENTRI-LOQUE, s. m. (Médecine.) ce nom est formé des deux mots latins venter, ventre, & loqui, parler ;il répond au grec ενγαστριμυθος ; on s’en sert en médecine pour désigner des malades qui parlent la bouche fermée, & semblent tirer les paroles de leur ventre. Galen. in exes. voc. Hyppocr. Hippocrate fait mention de ces sortes de malades (epidem. bb. V. & VII.) il dit qu’on entend dans leur poitrine des sons très distincts, semblables à ceux que rendent certaines devineresses inspirées par Python ; voyez l’article suivant Ventriloque (art divinat.) ; & il attribue cet effet aux collisions de l’air qui en traversant les bronches, rencontre des matieres visqueuses, épaisses, qui s’opposent à la sortie. Salomon Reiselius parle d’un célebre buveur célibataire, âgé de 36 ans, nommé André Stocklin, qui étoit plus exactement ventri-loque ; cet homme déjà sujet à bien d’autres incommodités, sentoit depuis 6 ans des bruits assez considérables dans son ventre, assez analogues au sifflement des viperes ; ses domestiques qui entendoient ce bruit, ne doutoient pas qu’il ne fût produit par quelque animal ; le malade rapportoit ces sons au-dessous de l’estomac, & quelquefois il le sentoit monter jusqu’au cardia, ce qui lui excitoit des douleurs très-vives : ce bruit augmentoit après qu’il avoit mangé des alimens doux, & les amers le dissipoient : cet homme étant mort, & son cadavre ouvert, on trouva les intestins & l’estomac si distendus par les vents, qui, à la moindre
pression, rendoient un son assez sensible, à-peu-près semblable à celui qui se faisoit entendre dans cet homme vivant (ephemer. natur. curios. decad. II. ann. vij. observ. 13.) Il n’est pas difficile de trouver la raison de ces phénomenes ; le bruit étoit évidemment produit par les intestins distendus, lorsqu’ils rouloient l’un sur l’autre, ou qu’il survenoit quelque spasme ; & si ce spasme s’étendoit jusqu’à l’orifice supérieur de l’estomac, l’air n’ayant plus d’issue, distendoit ce viscere, occasionnoit une colique venteuse, excitoit la douleur ; les corps doux ou muqueux sont ceux qui contiennent le plus d’air, & qui en laissent échaper une très-grande quantité lorsqu’ils viennent à fermenter, ils sont les sujets les plus propres à prendre promptement le mouvement de fermentation ; ainsi il n’est pas étonnant que l’usage des alimens de cette nature en produisant beaucoup de vents ait reveillé & animé ces bruits ; les amers ont moins d’air, sont très-peu disposés à entrer en fermentation, ils l’arrêtent plutôt, sur-tout ceux qui, comme le houblon, l’absinthe, le quinquina, &c. contiennent une substance extractive, analogue à la résine soluble dans l’eau & l’esprit-de-vin, & qui peuvent fournir par-là même aux liqueurs fermentées, la partie que Becher appelle la substance moyenne ; aussi les amers sont-ils généralement regardés comme d’excellens carminatifs, opposés à la génération des vents, & propres à les détruire.
Les malades ventri-loques sont très-rares ; s’il s’en présentoit, on pourroit, en profitant de l’observation précédente, déterminer facilement le genre de remedes qu’il faucroit employer, & le régime convenable.
Ventri-loque, (Art divinat.) devineresses connues aussi sous les noms d’engastri menthes & engastri mantes, qu’on croyoit rendre des oracles par le ventre ; voyez fæsius œconom. hippocrat. Cette espece de divination est appellée par Aristophane ευρυκλεους μαντεια, à cause d’un certain Eurycle, qui étoit bien décidement ventri-loque, & qui étoit affiché pour devin à Athènes ; cependant elle paroît avoir été particulierement réservée aux pythonisses, auxquelles on donnoit indistinctement ce nom, & celui de ventriloque : les traducteurs de l’ancien & du nouveau Testament ont toujours rendu ενγαστριμυθοι ou ventri-loque par pythonisse. Voyez ce mot. Telle étoit celle dont il est parlé (reg. lib. l. cap. 28.) qui évoque l’ombre de Samuël à la priere de Saiil. Telle est aussi, suivant S. Augustin (de doctr. christian. cap. xxiij. lib. II.), cette femme dont il est question (act. apostol. c. xvj.) qui étoit inspirée par Python.
On doit distinguer deux façons de rendre les oracles par le ventre, pour faire accorder les auteurs qui ont écrit sur les ventri-loques ; les uns ont assuré avec Cicéron (de divinat. lib. II.) qu’elles recevoient le démon dans leur ventre, d’où elles tiroient les réponses qu’elles rendoient par la bouche ; ils nous représentent la pythonisse de Delphes montée sur le trépié, écartant les jambes, & attirant par en-bas l’esprit fatidique, ensuite pénétrée de cet esprit, entrant en fureur & répandant les oracles. Suivant d’autres, ces devineresses prophétisoient, la bouche fermée, faisant avec le ventre certains bruits qui signifioient tout ce que le spectateur crédule & intéressé vouloit ; c’est à ces ventri-loques que Hippocrate compare les malades dont nous avons parlé. Voyez l’article précedent Ventri-loque, Médecine.
Il y a aussi des ventri-loques, suivant Tertullien, qui rendoient les oracles par les parties de la génération ; un auteur moderne a dans un badinage ingénieux métamorphosé les femmes en ventri-loques de cette espece : Cælius Rhodiginus assure avoir vu une femme qui l’étoit réellement. cap. x. lib. VIII.
Adrien Turnebus rapporte qu’un homme qui cou-