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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/339

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L’action de tous les visceres dépend de ce que les liquides comprimés par la force du cœur, dilatent les arteres ; ces arteres par la réaction de leurs propres forces & de leur élasticité, poussent en avant les humeurs distendantes ; or les choses qui renferment sous un même volume plus de masse corporelle, c’est-à-dire qui sont plus solides, conserveront plus long-tems le mouvement qu’elles ont une fois reçu. Il étoit donc nécessaire qu’il y eût dans les liquides mus par la force du cœur, un degré fixe de solidité pour qu’ils ne perdissent pas si promptement le mouvement donné.

On a disputé jusqu’ici par les principes de la médecine naturelle, sur les moyens que les visceres emploient à perfectionner leurs humeurs ; mais les auteurs n’ont rien dit d’un peu satisfaisant à ce sujet, jusqu’à ce que Ruysch ait démontré qu’aux extrémités des arteres, la conformation étoit différente dans les visceres, selon la diversité des lieux : l’on voit du moins par-là, que le viscere a été formé à dessein que cette conformation des arteres subsistât, mais nous n’en savons guere davantage. (D. J.)

Visceres, (Jardinage.) d’une plante, sont les tuyaux perpendiculaires en forme de faisceaux, qui montent dans sa tige, & que l’on n’apperçoit que quand l’écorce est levée. Ils sont mêlés avec les fibres, les nerfs, la moëlle, & portent également partout le suc nourricier.

VISCH, la, (Géog. mod.) ou la Vischa ; petite riviere d’Allemagne, dans la basse Autriche. Elle se perd dans le Danube, à environ 5 lieues au-dessous de Vienne. (D. J.)

VISCOSITÉ, s. f. (Gramm.) qui se discerne au toucher. Nous appellons visqueux, tout ce qui s’attache à nos doigts, qui a quelque peine à s’en séparer, qui les colle ensemble.

Viscosité des humeurs du corps, (Médecine.) lentor ; c’est une constitution du sang, où les parties sont tellement embarrassées les unes dans les autres, qu’elles résistent à leur séparation entiere, & qu’elles cedent plutôt à la violence qu’on leur fait en s’étendant en tout sens, que de souffrir de division.

C’est l’état glutineux de nos humeurs qui produit de grandes maladies : ses causes sont,

1°. L’usage de farines crues, non fermentées, de matieres austeres & non mûres ; car la farine des végétaux mêlée avec l’eau, forme une pâte visqueuse, & la fermentation détruit cette viscosité.

2°. La disette de bon sang ; il en faut une certaine quantité pour aider la transformation du chyle en sang.

3°. L’action trop foible des humeurs digestives, telle que la bile, le suc gastrique, & le peu de ressort des vaisseaux. Aussi les personnes foibles & qui ont le foie obstrué, la bile mal formée, sont-elles sujettes à la viscosité des humeurs.

4°. La diminution du mouvement animal ; car le mouvement fortifie les solides, attenue les fluides, hâte la digestion, & l’assimilation des alimens.

5°. La dissipation des parties les plus fluides du sang, par le relâchement des vaisseaux excrétoires ; car il est évident que les parties les plus fluides étant dissipées, le sang s’épaissit & devient visqueux : ainsi les sudorifiques doivent être administrés avec prudence.

6°. La rétention des parties les plus épaisses des fluides engagées dans les couloirs dont ceux-ci ne peuvent se débarrasser.

La viscosité se forme d’abord dans les premieres voies, d’où elle passe dans le sang & dans toutes les humeurs qui s’en séparent, lorsque quelque particule visqueuse a traversé les vaisseaux lactées, elle se porte d’abord sur les poumons ; comme elle a de

la peine à circuler dans les petits tuyaux de ce viscere, elle produit la dispnée.

Les effets sont dans les premieres voies la perte d’appétit, les nausées, le vomissement, les crudités ; les concrétions pituiteuses, la paresse & l’enflure du ventre, par le défaut d’énergie dans la bile ; enfin la rétention du chyle, & son défaut de sécrétion.

Dans les humeurs, elle rend le sang visqueux, pâle, imméable, obstruant ; produit des concrétions ; rend l’urine blanche & presque sans odeur ; forme des tumeurs édémateuses ; empêche les sécrétions ; produit la coalition des vaisseaux.

Toutes ces causes & tous ces effets pris ensemble ; produiront des effets funestes, tels que la suffocation & la mort, après avoir dérangé toutes les fonctions animales, vitales & naturelles.

Le traitement de la viscosité se remplira, 1°. par l’usage d’alimens & de boisson qui aient bien fermenté, & qui soient assaisonnés de sels & d’aromates ; la biere fermentée donne moins de phlegme & de viscosité que les tisanes : il en est de même du vin. La biere double & le bon vin sont des remedes excellens avec le pain bien cuit, dans la viscosité.

2°. Les aromates sont incisifs ; les principaux sont la canelle, la muscade, le poivre, le gingembre, la menthe, le thym.

3°. Les bouillons de viande de vieux animaux, atténués par les végétaux âcres, à-peu-près comme dans l’acidité : les animaux de proie & sauvages y sont excellens.

4°. Les remedes qui raffermissent les vaisseaux & les visceres, tels que les toniques, les apéritifs, les amers, les antiscorbutiques, les dessicatifs, les corroborans sont sur-tout indiqués.

5°. L’exercice & le mouvement, l’air tempéré, la tranquillité des passions, l’usage modéré & raisonné des non-naturels, sont les meilleures précautions que l’on puisse employer pour aider l’action des remedes.

6°. Les remedes délayans, les savonneux, les résolutifs doivent être continués pendant toute la cure. Voyez ces articles.

Les irritans doivent s’ordonner avec sagesse, ils sont bons pris par intervalle : voici des remedes vantés.

Prenez du fiel de bœuf & du fiel de brochet, de chaque quatre gros ; faites-les exhaler sur un feu modéré jusqu’à ce qu’ils aient la consistance de miel. Ajoutez une quantité suffisante de poudre de racine d’arum ; faites du tout des pilules du poids de trois grains chacune : on en prendra aux heures médicales.

VISÉ, part. (Gram. & Jurisp.) signifie ce qui a été vu, & qui est énoncé comme tel dans un jugement ou autre acte. C’est en ce sens que l’on dit viser une requête ou demande dans un arrêt. Voyez Vu. (A)

VISÉE, s. f. (Gramm.) l’action de diriger sa vûe vers un point, un lieu, un but. Ce canonnier a dressé sa visée vers cet endroit. Il se prend quelquefois au figuré.

VISER, v. act. (Gramm.) c’est diriger sa vûe, ou quelqu’arme à un but qu’on veut atteindre. A quoi visez-vous ? Je vise au sommet de ce clocher. Visez à quelque chose d’important.

Viser, Voyez l’article Visé.

VISET, (Géog. mod.) en latin Vegesatum, Vinsacum, Vinsatum ; petite ville d’Allemagne, dans l’évêché de Liege, sur la Meuse, entre les villes de Liege & de Mastricht.

Sluse (René-François Walter de), natif de Viset, devint chanoine & chancelier de Liege, où il mourut en 1685. On a de lui un ouvrage assez estimé, & qui porte un titre bisarre : Mesolabum, & problemate solie da. (D. J.)