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fils des rois d’Angleterre, qui est d’ailleurs créé duc d’Yorck. Il y a dans cette province un archevêché, six évêchés, dix villes qui ont des marchés publics, quatorze autres de commerce, trente-quatre villes ou bourgs qui députent au parlement d’Irlande, deux cens quarante paroisses, & plusieurs châteaux qui servent à la défense du pays.

Toute la province d’Ulster étant tombée à la couronne sous le regne de Jacques I. par un acte de prescription contre les rebelles, on établit une compagnie à Londres pour former de nouvelles colonies dans cette contrée. La propriété des terres fut divisée en portions médiocres, dont la plus grande ne contenoit pas plus de deux mille acres. On y fit passer des tenanciers d’Angleterre & d’Ecosse. Les Irlandois furent éloignés de tous les lieux capables de défense, & cantonnés dans les pays plats. On leur enseigna l’agriculture & les arts. On pourvut à leur sûreté dans des habitations fixes. On imposa des punitions pour le pillage & le vol. Ainsi de la plus sauvage & la plus désordonnée des provinces de l’Irlande, l’Ulster devint bientôt celle où le regne des lois & d’une heureuse culture parut le mieux établi.

Jacques I. ne souffrit plus dans ce pays-là & dans toute l’étendue de l’île d’autre autorité que celle de la loi, qui garantissoit à l’avenir le peuple du pays de toute tyrannie. La valeur des droits que les nobles exigeoient auparavant de leurs vassaux fut fixée, & toute autre exaction arbitraire défendue sous les plus rigoureuses peines.

Telles furent les mesures par lesquelles Jacques I. introduisit l’humanité & la justice dans une nation qui n’étoit jamais sortie jusqu’alors de la plus profonde barbarie, & de la plus odieuse férocité. Nobles soins ! fort supérieurs à la vaine & criminelle gloire de conquérans, mais qui demandent des siecles d’attention & de persévérance pour conduire de si beaux commencemens à leur pleine maturité. (D. J.)

ULTERIEUR, adj. en Géographie, est un terme qui s’applique à quelque partie d’un pays, située de l’autre côte d’une riviere, montagne ou autre limite qui partage le pays en deux parties. C’est ainsi que le mont Atlas divise l’Afrique en citérieure & ultérieure, c’est-à-dire en deux parties, dont l’une est en-deçà du mont Atlas par rapport à l’Europe, & dont l’autre est au-delà de cette montagne. Chambers.

ULTRAMONDAIN, adj. (Physiq.) au-delà du monde, terme qu’on applique quelquefois à cette partie de l’univers, que l’on suppose être au-delà des limites de notre monde. Voyez Univers, Monde, &c.

Ce mot est plus usité en latin qu’en françois. Ultramundanum spatium, espace ultramondain.

ULTRAMONTAIN, adj. & subst. (Hist. mod.) ce qui est au-delà des monts.

On se sert ordinairement de cette expression relativement à la France & à l’Italie, qui sont séparées l’une de l’autre par des montagnes qu’on appelle les Alpes.

Les opinions des ultramontains, c’est-à-dire des théologiens & des canonistes italiens, tels que Bellarmin, Panorme, & d’autres qui prétendent que le pape est supérieur au concile général, que son jugement est infaillible sans l’acceptation des autres églises, &c. ne sont point reçues en France.

Les Peintres, & sur-tout ceux d’Italie, appellent ultramontains tous ceux qui ne sont point de leur pays. Le Poussin est le seul des peintres ultramontains dont ceux d’Italie paroissent envier le mérite.

ULTZEN, (Géog. mod.) ville ou, pour mieux dire, bourg d’Allemagne, dans la basse Saxe, au duché de Lunebourg, sur la riviere d’Ilmenaw, à sept lieues de Lunebourg. (D. J.)

ULVA, s. m. (Hist. nat. Botan. anc.) le mot ulva est fort commun dans les auteurs latins, mais sa signification n’est pas moins disputée. Quelques-uns veulent que ce mot désigne une espece de chien-dent aquatique, d’autres la queue de chat, & d’autres une espece de jonc qui a des masses au sommet. Bauhin imagine que ulva est une mousse marine du genre des algues.

Cette plante, quelle qu’elle soit, est fort célebre dans Virgile, qui en parle, au ij. & au vj. de son Ænéide, comme d’une plante aquatique. Je croirois volontiers que les anciens ont employé le mot ulva, pour un terme générique de toutes les plantes qui croissent sur le bord des eaux courantes ou marécageuses ; c’est pourquoi Pline dit que la sagitta ou fleche d’eau est une des ulva.

Il est vrai que ce terme, dans Caton de re rust. cap. xxxviij. désigne nettement le houblon ; car il dit que la plante ulva s’entortille aux saules, & donne une bonne espece de litiere au bétail ; mais comme ce terme ne se trouve en ce sens que dans ce seul auteur, on peut raisonnablement supposer que c’est une faute de copistes qui ont écrit ulva pour upulus, ancien nom de houblon, car la lettre h initiale qu’on a ajouté, est assez moderne : Pline, par une semblable faute de copiste, appelle le houblon lupus pour upulus. (D. J.)

ULUBRAE, (Géog. anc.) chétive bourgade d’Italie, dans le Latium, au voisinage de Velitræ & de Suessa Pometia. Ses habitans sont nommés Ulubrani par Cicéron, l. VII. epist. xij. & Ulubrenses par Pline, l. III. c. v. Quoique Ulubre fût une colonie romaine, selon Frontin, Juvenal, sat. X. vers. 108. nous apprend que c’étoit de son tems un lieu désert ; mais Horace, l. I. epist. 11. 28. a immortalisé le nom de ce méchant village, en écrivant à Bullatius cette pensée si vraie que le bonheur est en nous-mêmes ; & qu’en le cherchant par terre & par mer, c’est vainement se consumer par une laborieuse oisiveté. « Fussiez-vous, dit-il, à Ulubre même, vous l’y trouverez ce bonheur, pourvû que vous teniez toujours votre esprit dans une assiette égale & tranquille ».

Quod petis hîc est,
Est Ulubris, animus si te non deficit æquus.

(D. J.)

ULYSSE, (Mythol.) roi de deux petites îles de la mer Ionienne, Ithaque & Dulichie, étoit fils de Laerte & d’Anticlie ; c’étoit un prince éloquent, fin, rusé, & qui contribua bien autant par ses artifices à la prise de Troie, qu’Ajax & Diomede par leur valeur ; mais Homere a seul immortalisé ses avantures fictives par son poëme de l’Odyssée, & tous les Mythologues ont tâché d’en expliquer la fable ; cependant sans Homere, Ithaque, Ulysse, & tout ce qui le regarde, nous seroit fort inconnu.

On sait que ce poëte fait aussi partir le jeune Télémaque pour aller trouver son pere ; & qu’après avoir raconté son voyage jusqu’à Sparte, il le laisse là, c’est-à-dire, depuis le quatrieme livre de l’Odyssée jusqu’à l’arrivée d’Ulysse à Ithaque, où il se trouve. C’est cet intervalle qu’a si heureusement rempli l’illustre archevêque de Cambrai dans son Télémaque, un des plus beaux poëmes & le plus sage qui ait jamais été fait.

Ulysse après sa mort reçut les honneurs héroïques, & eut même un oracle dans le pays des Eurithaniens, peuples d’Etolie. Entre les monumens qui nous restent de ce prince, est une médaille de Gorlæus qui le représente nud, tenant une pique à la main, le pié droit sur une roue : près de lui est une colonne sur laquelle est son casque. (D. J.)

ULYSSEA, (Géog. anc.) ville de l’Espagne Bé-