giner un grand vestibule commun à tous les appartemens du palais, comme dans Polyeucte & dans la mort de Pompée ? Le secret qu’exigeoit la conspiration n’eût point été un obstacle ; puisque Cinna, Maxime, & Emilie, auroient pû là, comme ailleurs, s’en entretenir en les supposant sans témoin ; circonstance qui n’eût point choqué la vraissemblance, & qui auroit peut-être augmenté la surprise. Dans l’Andromaque de Racine, Oreste dans le palais même de Pyrrhus, forme le dessein d’assassiner ce prince, & s’en explique assez hautement avec Hermione, sans que le spectateur en soit choqué. Toutes les autres tragédies du même poëte sont remarquables par cette unité de lieu, qui sans effort & sans contrainte, est par-tout exactement observée, & particulierement dans Britannicus, dans Phedre, & dans Iphigénie. S’il semble s’en être écarté dans Esther, on sait assez que c’est parce que cette piece demandoit du spectacle ; au reste toute l’action est renfermée dans l’enceinte du palais d’Assuérus. Celle d’Athalie se passe aussi toute entiere dans un vestibule extérieur du temple, proche de l’appartement du grand-prêtre ; & le changement de décoration qui arrive à la cinquieme scene du dernier acte, n’est qu’une extension de lieu absolument nécessaire, & qui présente un spectacle majestueux.
Quant au poëme épique, on sent que l’étendue de l’action principale, & la variété des épisodes, supposent nécessairement des voyages par mer & par terre, des combats, & mille autres positions incompatibles avec l’unité de lieu. Principes pour la lecture des Poëtes, tome II. page 42. & suiv. Corneille, discours des trois unités. Examen du Cid & de Cinna.
Unité, (Peint.) on exige en peinture l’unité d’objets, c’est-à-dire, que s’il y a plusieurs groupes de clair-obscur dans un tableau, il faut qu’il y en ait un qui domine sur les autres ; de même dans la composition, il doit y avoir unité de sujets. On observe encore dans un tableau l’unité du tems, ensorte que ce qui y est représenté, ne paroisse pas excéder le moment de l’action qu’on a eu dessein de rendre. Enfin tous les objets doivent être embrassés d’une seule vue, & paroître compris dans l’espace que le tableau est supposé renfermer. Dictionnaire des beaux arts. (D. J.)
UNIVALVE, (Conchyliolog.) ce terme se dit d’une coquille qui n’a qu’une seule piece ; quand elle en a deux on l’appelle bivalve, & multivalve quand elle en a plusieurs.
La classe des univalves marins forme, selon M. d’Argenville, quinze familles ; savoir, le lépas, l’oreille de mer, les tuyaux & vermisseaux de mer, les nautilles, les limaçons à bouche ronde, ceux à bouche demi-ronde, & ceux qui ont la bouche aplatie, les buccins, les vis, les cornets, les rouleaux ou olives, ceux à bouche demi-ronde, les murex, les pourpres, les tonnes & les porcelaines.
La classe des univalves fluviatiles, consiste en sept familles ; savoir, le lépas, les limaçons à bouche ronde, les vis, les buccins, les tonnes, & le planorbis.
Les coquillages terrestres sont tous univalves, & se divisent en général en animaux vivans, & en animaux morts. Les animaux vivans se partagent en ceux qui sont couverts de coquilles, & en ceux qui en sont privés. Les premiers sont les limaçons à bouche ronde, ceux à bouche demi-ronde, ceux à bouche plate, les buccins, & les vis. Les seconds n’offrent que les limaces, dont il y a plusieurs especes. Les coquillages terrestres morts, sont toutes les coquilles qui se divisent en univalves, bivalves & multivalves, & en autant de familles (à l’exception de trois ou quatre), que les coquillages marins.
Comme les coquilles univalves font sortir plus de
parties de leur corps que les bivalves, il est plus aisé de découvrir leur tête, leurs cornes, leurs conches, leurs opercules. Les petits points noirs qui représentent leurs yeux ont un nerf optique, une humeur crystalline, & une humeur vitrée. Quelquefois ils sont placés à l’orifice des cornes, souvent à leurs extrémités, les uns en-dedans, les autres en-dehors. Leur opercule suit ordinairement le bout de leur pié, ou de leur plaque ; quelquefois il est au milieu de cette plaque, ou au sommet de leur tête ; cependant cet opercule tient au corps, & n’a jamais fait partie de la coquille : il est même d’une matiere toute différente. Ce n’est souvent qu’une peau mince & baveuse : quelquefois c’est une espece de corne qui ferme exactement les coquilles, dont la bouche est ronde ; & dans les oblongues, il n’en couvre qu’une partie.
Tous ces animaux au reste sont différens dans leur jeunesse pour la figure, les couleurs, & l’épaisseur de leurs coquilles : les jeunes pénetrent jusqu’à l’extrémité pointue de leurs demeures ; elles ont moins de tours, de stries, leurs couleurs sont plus vives : les vieilles au contraire qui ont eu besoin d’agrandir leurs couvertures, à mesure qu’elles avançoient en âge, ont par conséquent plus de tours, plus de stries, la teinte de leurs couleurs plus terne ; & elles ne vont point à l’extrémité de leurs coquilles, dont elles rompent souvent une partie du sommet extérieur ; c’est une vérité qui est cependant contestée par F. Columna.
Pour dessiner vivans les coquillages univalves & autres, il faut user de ruse, sans quoi on ne peut contraindre ces animaux renfermés dans leurs coquilles à faire sortir quelques parties de leurs corps. Ainsi donc au sortir de la mer on mettra ces animaux tout vivans dans un bocal de crystal, ou dans de grands plats de fayence un peu creux, & remplis d’eau de la mer ; alors on les verra marcher & s’étendre en cherchant un point d’appui, pour assurer leur marche, & prendre leur nourriture.
Si le coquillage univalve ne veut rien faire paroître, on se servira d’une pince, pour enlever un peu du dessus de sa valve supérieure, en prenant garde néanmoins de le blesser, & de couper le nerf ou tendon qui l’attache à sa coquille, ce qui le feroit bientôt mourir, comme il arrive aux huitres & aux moules.
Les bivalves & les multivalves ne demandent pas tant de soin, elles s’ouvrent d’elles-mêmes. Il faut avoir soin de changer l’eau de la mer tous les jours, & de laisser un peu à sec les coquillages ; car quand il a été privé d’eau pendant quelques heures, & qu’il en retrouve, il sort de sa coquille & s’épanouit peu-à-peu.
Comme la lumiere leur est très-contraire, & qu’ils se retirent à son éclat, c’est la nuit qui est le tems le plus favorable pour les examiner : une petite lampe sourde réussit à merveille pour les suivre ; on les rafraîchit le soir avec de l’eau nouvelle, & l’on change deux fois par jour le varec dans lequel ils doivent être enveloppés ; on les trouve souvent qui rampent la nuit sur cette herbe, & y cherchent les insectes qu’elle peut contenir. Dargenville, Conchyl. (D. J.)
UNIVERS, s. m. (Phys.) nom collectif, qui signifie le monde entier, ou l’assemblage du ciel & de la terre avec tout ce qui s’y trouve renfermé. Les Grecs l’ont appellé τὸ πᾶν, le tout, & les Latins mundus. Voyez Monde, Ciel, Terre, Système, &c.
Plusieurs philosophes ont prétendu que l’univers étoit infini. La raison qu’ils en donnoient, c’est qu’il implique contradiction de supposer l’univers fini ou limité, puisqu’il est impossible de ne pas concevoir un espace au-dela de quelques limites qu’on puisse lui assigner. Voyez Espace.