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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/443

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nicipe, & eut le titre de colonie. Les thermes de son territoire sont nommés dans la table de Peutinger aquæ volaternæ ; cette ville conserve son ancien nom ; car on l’appelle Volterra, ou Volterre. Il y avoit encore dans le dernier siecle une maison de son voisinage qu’on nommoit l’Hospitalité, bâtie sur le champ de bataille où Catilina fut tué.

Perse, en latin Aulus Persicus Flaccus, poëte satyrique, naquit à Volaterra, d’une maison noble & alliée aux plus grands de Rome ; il mourut dans sa patrie âgé de 28 ans, sous la huitieme année du regne de Néron. Il étudia sous un philosophe stoïcien nommé Cornutus, pour lequel il conçut la plus haute estime. Il a immortalisé dans ses ouvrages l’amitié & la reconnoissance qu’il avoit pour cet illustre maître ; & à sa mort il lui légua sa bibliotheque, & la somme de vingt-cinq mille écus ; mais Cornutus ne se prévalut que des livres, & laissa tout l’argent aux héritiers.

Perse étudia sous Cornutus avec Lucain dont il se fit admirer ; il méritoit son estime & celle de tout le monde, étant bon ami, bon fils, bon frere, & bon parent ; il fut chaste, quoique beau garçon, plein de pudeur, sobre, & doux comme un agneau. Il est très-grave, très-sérieux, & même un peu triste dans ses écrits ; & soit la vigueur de son caractere supérieure à celle d’Horace, soit le zele qu’il a pour la vertu, il semble qu’il entre dans sa philosophie un peu d’aigreur & d’animosité contre ceux qu’il attaque.

On ne peut nier qu’il n’ait écrit durement & obscurément ; & ce n’est point par politique qu’il est obscur, mais par la tournure de son génie ; on voit qu’il entortille ses paroles, & qu’il recourt à des figure ; énigmatiques, lors même qu’il ne s’agit que d’insinuer des maximes de morale ; mais Scaliger le pere, & d’autres excellens critiques, n’ont point rendu à ce poëte toute la justice qui lui étoit dûe ; M. Despréaux a mieux jugé de son mérite, & s’est attaché à imiter plusieurs morceaux de ses satyres. (D. J.)

VOLATERRANA-VADA, (Géog. anc.) ville ou bourgade d’Italie dans l’Etrurie, à l’embouchure du Cecinna, avec un port, selon Pline l. III. c. v. Ce lieu nommé aujourd’hui Vadi, est placé par l’itinéraire d’Antonin entre Populonium & ad Herculem, à vingt-cinq milles du premier ; & à dix-huit milles du second. (D. J.)

VOLATIL, adj. (Gram.) ce qui s’évapore, se dissipe sans l’application d’aucun moyen artificiel. Il y a deux alkalis, l’alkali fixe & l’alkali volatil.

VOLATILISATION, s. f. (Gram. Chimie.) VOLATILISER, v. act. termes relatifs à l’art de communiquer la volatilité à des substances fixes. Cet art consiste à appliquer à la substance fixe une substance moins fixe ; puis une moins fixe encore ; encore une substance moins fixe, jusqu’à ce qu’il y en ait une derniere qui donne des aîles au tout.

VOLATILITÉ, s. f. (Gram.) Il paroît que cette qualité qui consiste à se dissiper de soi-même, tient beaucoup à la divisibilité extrème. Ce principe n’est pourtant pas le seul ; la combinaison y fait aussi beaucoup.

VOLCAE, (Géog. anc.) peuples de la Gaule-Narbonnoise. On divisoit ces peuples en Volces-arécomiques & en Volces-tectosages. Souvent on les désignoit sous le nom générique de Celtes, dont ils formoient une des principales cités. Les Volces-arécomiques, Volcæ arecomici, dans Strabon, l. IV. p. 186 ; & Volcæ aricomii, dans Ptolomée, l. II. s’étendoient jusqu’au bord du Rhône. Ptolomée leur donne deux villes qu’il marque dans les terres ; savoir Vindomagus

& Nemausûm Colonia. Les Volces-tectosages, Volcæ tectosages, s’étendoient jusqu’aux Pyrénées, depuis la ville de Narbonne qui étoit dans leur pays. Samson dit qu’ils occupoient tout le haut-Languedoc & davantage. Voyez Tectosages.

M. l’abbé de Guasco se proposoit de donner l’état des sciences chez les Volces. Il ne manque à ce projet que des monumens historiques qui puissent aider à le remplir. Nous savons seulement que les phocéens d’Ionie après avoir fondé Marseille, établirent des colonies dans le pays des Volces, comme dans les villes d’Agde, de Rodez, de Nîmes, & que ces colonies communiquerent aux Volces leur langue & l’usage de leurs caracteres.

Quand Rome eut conquis le pays des Volces, elle en changea le gouvernement, y envoya des magistrats pour l’administrer, & y sema des colonies. Les Volces devenus en quelque sorte Romains dans leur gouvernement, dans leur langage, dans leurs mœurs, dans leur goût, le devinrent aussi en grande partie dans leur religion. Les pontifes, les flamines, les augures, prirent la place des druides, & substituerent leurs cérémonies & leurs solemnités à celles des prêtres gaulois. Enfin ce nouveau culte chez les Volces, céda aux lumieres du christianisme. (D. J.)

VOLCAE-PALUDES, (Géog. anc.) Dion Cassius, l. LV. sub finem, nomme ainsi les marais auprès desquels les Batones attaquerent Cæcina Severus, dans le tems qu’il vouloit y faire camper son armée. Ces marais devoient être au voisinage de la Moesie. (D. J.)

VOLCANS, (Hist. nat. Minéralog.) montes ignivomi. C’est ainsi qu’on nomme des montagnes qui vomissent en de certains tems de la fumée, des flammes, des cendres, des pierres, des torrens embrasés de matieres fondues & vitrifiées, des soufres, des sels, du bitume, & quelquefois même de l’eau.

Les volcans, ainsi que les tremblemens de terre, sont dûs aux embrasemens souterreins excités par l’air, & dont la force est augmentée par l’eau. En parlant des tremblemens de terre, je crois avoir suffisamment expliqué la maniere dont ces trois agents operent, & la force prodigieuse qu’ils exercent ; on a fait voir dans cet article que la terre étoit remplie de substances propres à exciter & à alimenter le feu ; ainsi il seroit inutile de répéter ici ce qui a déjà été dit ailleurs ; il suffira d’y renvoyer le lecteur.

Les volcans doivent être regardés comme les soupiraux de la terre, ou comme des cheminées par lesquelles elle se débarrasse des matieres embrasées qui dévorent son sein. Ces cheminées fournissent un libre passage à l’air & à l’eau qui ont été mis en expansion par les fourneaux ou foyers qui sont à leur base ; sans cela ces agents produiroient sur notre globe des révolutions bien plus terribles que celles que nous voyons opérer aux tremblemens de terre ; ils seroient toujours accompagnés d’une subversion totale des pays où ils se feroient sentir. Les volcans sont donc un bienfait de la nature ; ils fournissent au feu & à l’air un libre passage ; ils les empêchent de pousser leurs ravages au-delà de certaines bornes, & de bouleverser totalement la surface de notre globe. En effet, toutes les parties de la terre sont agitées par des tremblemens qui se font sentir en différens tems avec plus ou moins de violence. Ces conclusions de la terre nous annoncent des amas immenses de matieres allumées ; c’est donc pour leur donner passage que la providence a placé un grand nombre d’ouvertures propres à éventer, pour ainsi dire, la mine. Aussi voyons-nous que la providence a placé des volcans dans toutes les parties du monde : les climats les plus chauds étant les plus sujets aux tremblemens de terre, en ont une très-grande quantité.