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compacte que la vigne, la seve ne pourroit monter en assez grande quantité jusqu’au sommet, si la racine principale n’étoit aidée par ses racines auxiliaires. Enfin, quelquefois les vrilles servent tout ensemble à supporter, à propager, & à donner de l’ombre : les tendrons des concombres servent au premier usage ; ceux de la camomille, qui sont autant de racines, servent au second ; & les filamens ou serpentins des fraisiers, à tous les trois. (D. J.)

Vrille, outil d’Arquebusier, cette vrille n’a rien de particulier, ressemble à celle des menuisiers, & sert aux arquebusiers pour faire des trous en bois ; ils en ont de plus grandes, de plus grosses les unes que les autres. Voyez Planche du Sellier.

Vrille, outil de Guainier, cette vrille n’a rien de particulier, & sert aux guainiers à aggrandir le trou de leurs moules, pour y introduire plus facilement le tirefond. Voyez Vrille des Menuisiers.

Vrille, (Menuiserie) outil qui sert à percer des trous lorsqu’on ne peut se servir du villebrequin. Voyez la fig. 31. Pl. de menuiserie.

VRILLER, v. act. terme d’Artificier, ce terme d’artificier signifie pirouetter en montant d’un mouvement hélicoïde, comme en vis ; tel est celui des saucissons volans. (D. J.)

VRILLERIE, s. f. (Taillanderie.) c’est une des classes des ouvrages de taillanderie ; cette classe ainsi nommée des vrilles (petits instrumens qui servent à faire des trous dans le bois), comprend tous les menus ouvrages & outils de fer & d’acier qui servent aux orfévres, graveurs, chaudronniers, armuriers, sculpteurs, tabletiers, potiers d’étain, tourneurs, tonneliers, libraires, épingliers, & menuisiers ; tels que sont toutes sortes de limes, fouillieres, tarots, forets, ciseaux, cisailles, poinçons ; tous les outils servans à la monnoie, enclumes, enclumeaux, bigorneaux, burins, étaux, tenailles à vis, marteaux, gouges de toutes façons, terriers, villebrequins, vrilles, vrillettes, perçoirs à vin, tirefonds, marteaux à ardoises, fers de rabot, fermoirs, essettes, ciseaux en bois & en pierre, & quantité d’autres dont à peine les noms & usages sont connus à d’autres qu’à ceux des professions qui les font, & qui s’en servent. (D. J.)

VRILLIER, s. m. terme de Taillandier, l’on nomme ainsi dans la communauté des maîtres taillandiers de Paris, ceux d’entre eux qui font des vrilles, & autres légers outils de fer ou d’acier, propres aux orfévres, graveurs, chaudronniers, armuriers, sculpteurs, menuisiers, &c. on les appelle aussi tailleurs de limes. Savary. (D. J.)

URIM & THUMMIM, (Critiq. sacrée.) mots hébreux que les septante traduisent par δήλωσιν καὶ ἀλήθειαν, évidence & vérité. On est toujours curieux de demander aux plus savans critiques, ces deux choses ; l’une, ce que c’étoit que urim & thummim, & l’autre quel étoit son usage.

A l’égard du premier point, l’Ecriture se contente de nous dire que c’étoit quelque chose que Moïse mit dans le pectoral ou rationnal du souverain sacrificateur. Exod. xxviij. 30. Lévit. viij. 8.

Ce pectoral, comme je l’ai dit ailleurs, étoit une espece d’étoffe pliée en double, d’environ dix pouces en quarré, chargée de quatre rangs de pierres précieuses, sur chacune desquelles étoit gravé le nom d’une des douze tribus d’Israël. Or c’est dans ce pectoral porté par le souverain sacrificateur aux occasions solemnelles, que furent mis urim & thummim.

Christophorus à Castro, & Spencer qui a fait une grande dissertation sur cette matiere, prétendent que urim & thummim, étoient deux statues cachées dans la capacité du pectoral, & qui rendoient des oracles par des sons articulés ; mais on regarde ce sentiment comme plus convenable au paganisme qu’à l’esprit de la loi divine.

Plusieurs rabbins croient que urim & thummim étoient le tétragrammaton, ou le nom ineffable de Dieu gravé d’une maniere mystérieuse dans le pectoral ; & que c’étoit de-là qu’il possédoit la faculté de rendre des oracles. On sait que la plûpart des rabbins se sont fait une très-haute idée de la vertu miraculeuse du tétragrammaton.

Cependant il est d’autres habiles Juifs, tels que R. David Kimchi, R. Abraham Séba, Aben-ezra, &c. qui abandonnant l’idée commune de leurs confreres, se contentent de penser que c’étoient en général des choses d’une nature mystérieuse enfermées dans la doublure du pectoral ; & que ces choses donnoient au souverain prêtre le pouvoir de prononcer des oracles, quand il étoit revêtu du pectoral.

Comme toutes ces conjectures ne présentent que des idées de sortiléges & d’exorcismes, je me persuade qu’il vaut mieux n’entendre par urim & thummim, que le pouvoir divin attaché au pectoral, lorsqu’il fut consacré, d’obtenir quelquefois de Dieu des oracles ; ensorte que les noms d’urim & thummim lui furent donnés seulement pour marquer la clarté & la plénitude des réponses ; car urim signifie en hébreu lumiere, & thummim perfection.

Quant à l’usage de l’urim & thummim, on s’en servoit seulement pour consulter Dieu dans les cas difficiles & importans qui regardoient l’intérêt public de la nation, soit dans l’état, soit dans l’église. Alors le souverain sacrificateur revêtu de ses habits pontificaux & du pectoral par-dessus, se présentoit à Dieu devant l’arche d’alliance, non pas au-dedans du voile dans le saint des saints, où il n’entroit que le seul jour des expiations, mais hors du voile dans le lieu saint. C’est delà que se tenant debout, le visage tourné vers l’arche & le propitiatoire où reposoit le shékina, il proposoit le sujet sur lequel l’Eternel étoit consulté. Derriere lui, sur la même ligne, mais à quelque distance hors du lieu saint, peut-être à la porte (car il n’étoit pas permis à un laïc d’approcher de plus près), se tenoit avec humilité & respect la personne qui desiroit d’avoir l’oracle divin, soit que ce fût le roi ou tout autre.

Mais de quelle maniere la réponse de Dieu étoit-elle rendue ? Rabbi Lévi Ben Gerson, Abarbanel, R. Azarias, R. Abraham Séba, Maimonides, & autres, nous disent que le souverain sacrificateur lisoit la réponse de Dieu par l’éclat & l’enflure des lettres gravées sur les pierres précieuses du pectoral. Cette idée n’est pas nouvelle, on la trouve dans Josephe, antiq. liv. III. c. ix. ainsi que dans Philon juif, de monarchiâ, lib. II. Et c’est sur la foi de ces deux écrivains, que plusieurs des anciens peres de l’église, entr’autres S. Chrysostôme & S. Augustin, ont expliqué la chose de la même maniere.

Cependant ce sentiment est insoutenable, pour ne pas dire absurde. On le détruit par une seule remarque ; c’est que toutes les lettres de l’alphabet hébreu ne se trouvent point dans les douze noms ; chet, theth, zaddt & koph y manquent. Ainsi les autres lettres ne suffisoient pas pour les réponses à toutes les choses sur lesquelles on pouvoit consulter Dieu. De plus, il y a dans l’Ecriture des réponses si longues ; par exemple, II. Samuel, v. 24. que toutes les lettres du pectoral, & celles qui y manquent, & celles qu’on y ajoute encore gratuitement, ne sont pas suffisantes pour les exprimer. Enfin il falloit nécessairement au sacrificateur le don de prophétie, pour combiner les lettres qui s’élevoient au-dessus des autres, & indiquer la vraie réponse de l’oracle.

Ne nous arrêtons pas davantage à des fantômes de l’imagination ; & disons que la conjecture la plus vraisemblable & la seule fondée sur l’Ecriture, c’est que quand le souverain sacrificateur se rendoit devant le voile pour consulter Dieu, la réponse lui parvenoit