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conie, sur le bord de l’Erasino, à quelques lieues au midi oriental du lac Vulsi. (D. J.)

Vulsi, lac, (Géog. mod.) lac de la Turquie européenne, dans la Morée, vers le nord de la Zaconie, au pié du mont Poglisi. Ce lac se nommoit anciennement Stymphalus Lacus. La riviere Erasino (Stymphalus), prend sa source dans ce lac, & en sort. Sur le bord de cette riviere, il y a une bourgade, à laquelle le lac Vulsi donne son nom.

VULTUR, (Géog. anc.) montagne d’Italie, dans la Pouille, au pays des Peucetii, qui est aujourd’hui la terre de Bari. Le nom moderne de cette haute montagne du royaume de Naples est Montechio ; il y a sur son sommet deux lacs assez profonds, & des eaux minérales. Un des coteaux de cette montagne s’avançoit vers la Lucanie, & c’est ce qu’explique le passage d’Horace, l. III. ode 4. où il feint un prodige qui lui arriva sur cette montagne.

Mefabulosæ Vulture in Appulo,
Altricis extrà limen Apuliæ,
Ludo fatigatumque somno
Fronde novâ puerum palumbes
Texere.

« Un jour étant sur le Vultur, montagne de la Pouille ma patrie, je me retirai, las de jouer, & accablé de sommeil, sur un des coteaux où commence la Lucanie. Là les pigeons de Vénus, si célebres dans nos poëtes, me couvrirent d’une verte ramée ».

Lucain fait aussi mention du Vultur dans ces beaux vers de sa Pharsale, l. IX. vers. 183.

Et revocare parans hibernas Appulus herbas,
Igne sovet terras, simul & Garganus, & arva
Vulturis, & calidi lucent buceta matini.

VULTURIUS, s. m. (Mytholog.) surnom donné à Apollon, suivant Conon, narrat. 35. Voici l’histoire qui y donna lieu.

Deux bergers ayant mené paître leurs troupeaux sur le mont Lyssus, près d’Ephèse, ils apperçurent un essein de mouches à miel qui sortoit d’une caverne fort profonde, & ou il n’y avoit pas moyen d’entrer ; aussitôt l’un d’eux imagine de se mettre dans un grand manequin, d’y attacher une corde, & de se faire descendre dans la caverne par son camarade. Quand il fut au bas il trouva le miel qu’il cherchoit, & beaucoup d’or qu’il ne cherchoit pas : il en remplit jusqu’à trois fois son manequin que l’autre tiroit à mesure. Ce trésor épuisé il cria à son camarade qu’il alloit se remettre dans le manequin, & qu’il eût à bien tenir la corde ; mais un moment après il lui vint à l’esprit que l’autre berger pour jouir tout seul de leur fortune, pourroit bien lui jouer un mauvais tour : dans cette pensée, il charge le panier de grosses pierres : en effet, l’autre berger ayant tiré le panier jusqu’en haut, croyant que son camarade est dedans, lâche la corde, & laisse retomber le panier au fond du précipice, après quoi il enfouit tranquillement son trésor, fait courir le bruit que le berger a quitté le pays, & invente des raisons qui le font croire.

Pendant ce tems-là son pauvre compagnon étoit fort en peine, nulle espérance de pouvoir sortir de la caverne : il alloit périr de faim lorsqu’étant endormi, il crut voir en songe Apollon qui lui disoit de prendre une pierre aiguë, de s’en déchiqueter le corps, & de démeurer tout étendu sans remuer, ce qu’il fit. Des vautours attirés par l’odeur du sang, fondent sur lui comme sur une proie, & font tant de leur bec & de leurs ongles, qu’ils l’élevent en l’air, & le portent dans un prochain vallon.

Ce berger ainsi sauvé comme par miracle, va d’abord porter sa plainte devant le juge ; il accuse son compagnon non-seulement de l’avoir volé, mais

d’avoir voulu lui ôter la vie : on cherche le malfaiteur, on le prend : atteint & convaincu, il subit la peine qu’il méritoit : on l’oblige à découvrir le lieu où il avoit caché son trésor : on en consacre la moitié à Apollon & à Diane, l’autre moitié on la donne au bon berger, qui par-là devenu riche, érige un autel à Apollon sur le sommet du mont Lyssus, & en mémoire d’un évènement si extraordinaire, le Dieu fut surnommé Vulturius. Voila une fable mythologique bien longue ; c’est un conte de fée bon pour occuper un moraliste. (D. J.)

VULTURNUS, (Géogr. anc.) fleuve d’Italie, dans la Campanie, aujourd’hui le Volturno. Il donnoit son nom à la ville de Volturnum, située à son embouchure, & qu’on nomme encore présentement castello di Voltorno.

Pline, l. III. c. v. dit, Vulturnum oppidum cum amne. Tite-Live parle du fleuve, l. VIII. c. xj. l. X. c. xx. & l. XXII. c. xiv. & il nous apprend, l. XXV. c. xx. que dans la seconde guerre punique, on bâtit à l’embouchure de ce fleuve un fort qui devint dans la suite une ville, où l’on conduisit une colonie romaine. Varron, de ling. lat. l. IV. c. v. écrit Volturnum, & donne à la ville le titre de colonie : colonia nostra Volturnum. L’ortographe de Plutarque differe encore davantage : car il écrit Vaturanus, οὐατεράνος, à ce que dit Ortélius. (D. J.)

VULVE, s. f. (Anat.) la vulve s’étend depuis la partie inférieure de l’os pubis, jusqu’au voisinage de l’anus ; de sorte qu’entre l’extrémité de cette fente & l’ouverture de l’anus, il n’y a pas plus d’un travers de pouce : cet espace se nomme le périnée. La fente en son extrémité inférieure augmente un peu en largeur & en profondeur, & forme une cavité qu’on appelle la fosse naviculaire.

Quelques filles viennent au monde avec les orifices des parties naturelles tellement fermées, qu’elles ne peuvent même pisser, & dans ce cas il faut que l’enfant périsse, à moins qu’on ne le soulage par l’opération. Roonhuysen, Scultet, Mauriceau, Deventer, la Motte, en citent des exemples. D’autres filles ont le conduit de la pudeur obstrué par une membrane plus ou moins forte, située plus ou moins avant dans ce conduit, & qui le bouche plus ou moins exactement.

Des médecins instruits de ce jeu de la nature, ont désigné les filles chez lesquelles il se rencontre, par l’épithète d’atretæ, bouchées. Aristote en a eu connoissance.

« Quelques filles, dit-il, ont la vulve bouchée depuis leur naissance, jusqu’au tems que leurs regles commencent à paroître ; pour lors le sang qui cherche à sortir, leur cause des douleurs vives, qui ne cessent qu’après qu’il s’en fraie de lui-même un passage libre, ou qu’on le lui ait procuré par le secours de l’art. Cet état, ajoute-t-il, n’a même quelquefois cessé que par la mort de la malade, soit à cause de la violence avec laquelle ce passage s’est fait, soit par l’impossibilité qu’on a trouvé à l’ouvrir. »

Quelquefois le conduit de la pudeur paroît fermé au-dehors, & y admet à peine un stilet. Mauriceau a vu deux filles, dont l’une n’étoit point perforée dans la partie extérieure de la vulve ; & l’autre, âgée de quatre ans, n’y avoit qu’un petit trou de la grosseur du tuyau d’une plume de pigeon.

Quelquefois encore le vagin se trouve obstrué par une cohérence étroite & forte de ses parties, ou par une substance charnue profondément située dans le conduit, deux cas où l’opération est difficile & dangereuse.

Palfyn rapporte que faisant publiquement la dissection du cadavre d’une fille de vingt-quatre ans, il trouva un ligament charnu de la largeur de deux à trois lignes, qui barroit par le milieu l’entrée du va-