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plusieurs détroits de montagnes, en passant chez les Uxtens, près de la Perside. Le même auteur donne au pays le nom d’Uxia, & ajoute que les peuples étoient de grands voleurs : caractere que leur attribue aussi Pline, l. VI. c. xxvij. qui les appelle Oxii. Dans Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxvij. le pays des Uxiens est appellé Uxiana, l’Uxiane. (D. J.)

UXISAMA, (Géog. anc.) Strabon, l. I. p. 64. dit que Pithéas nommoit ainsi la derniere des isles qu’il mettoit sur la côte du promontoire des Ostidamniens, autrement nommé Calbium, & qu’il la plaçoit à trois journées de navigation. Si on pouvoit certainement compter sur le rapport de Pithéas, l’île Uxisama seroit la plus occidentale des Açores ; cependant Strabon déclare que les Ostidamniens, le promontoire Celbium, l’ile Uxisama & toutes celles que Pithéas mettoit aux environs, n’avançoient point vers l’occident, qu’au contraire elles avançoient vers le septentrion, & n’appartenoient point à l’Espagne, mais à la Celtique, ou plutôt que c’étoit autant de fables que Pithéas avoit débitées.

M. Paulmier de Grentemesnil, Exercit. ad Strabon, l. II. a eu raison de sauver l’honneur de Pithéas, en disant que l’ile qu’il mettoit la derniere de toutes, à trois journées de navigation du promontoire Celbium, ou des Ostidamniens, pourroit être l’île Uxantos, aujourd’hui l’ile d’Ouessant, & que Pithéas ne l’avoit pas imaginée, comme l’en accuse Strabon. Enfin, Pithéas seroit à couvert de toute critique, si on pouvoit supposer qu’il eût connu les îles Açores, comme Ortelius semble en être persuadé ; ce qu’il y a de sûr, c’est que Strabon n’a jamais rendu justice à Pithéas. (D. J.)

UXITIPA, (Géog. mod.) province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Galice, au-dedans du pays, du côté de la province de Xalisco, dont elle est éloignée de 26 lieues ; cette province ne manque pas de fruits ni de gibier, mais l’air en est très-chaud, & la terre inégale dans ses productions.

U Z

UZEDA ou UCEDA, Géog. mod.) ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, à 7 ou 8 lieues au nord d’Alcala ; c’est le chef-lieu d’un duché. Long. 14. 30. latit. 40. 51. (D. J.)

UZEG, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) arbrisseau des Indes, qui pousse un grand nombre de plantes menues à la hauteur de trois ou quatre coudées ; ses racines sont fortes, dures, ligneuses & serpentantes ; ses rameaux sont garnis de beaucoup d’épines longues & pointues ; de la base des épines sortent ordinairement quatre feuilles de grandeur inégale, plus petites & plus tendres que celles de l’olivier, mais assez semblables à celle du buis ; ses fleurs sont nombreuses, petites, s’élargissent insensiblement, divisées comme en deux levres, & d’une forme très-agréable à la vue ; elles sont jaunes en-dedans, panachées de quelques taches pourpres à l’endroit d’où partent les pétales ; par-tout ailleurs, elles offrent un mélange de couleur d’hyacinthe & de violette, mais elles leur sont bien supérieures pour l’excellence du parfum. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede un fruit noir, qui ressemble à celui de l’yeble ; il est lisse par-dessus, & d’un goût amer astringent.

Prosper Alpin pense sur des conjectures fort légeres, que le suc de cet arbrisseau est le lycium indicum des anciens. Il est vrai, dit Veslingius, que le suc apporté en Egypte des parties voisines de l’Arabie & de l’Ethiopie, condensé dans des bouteilles, a manifestement les caracteres du lycium indicum, surtout quand il est bien préparé ; mais Prosper Alpin a reconnu lui-même que le lycium en usage chez les

Egyptiens qui le reçoivent d’Arabie, est du faux lycium ; car il est dur, dit-il, noir en-dehors comme le suc d’acacia, & quand on le rompt, on le trouve couleur d’aloës en dedans ; il a une odeur foible, mais qui n’est pas désagréable ; un goût douçâtre & astringent, mais point du tout amer ; il est visqueux, & quand on le manie il s’attache aux doigts. Ces raisons prouvent que ce n’est point le vrai lycium, ajoutez-y qu’il n’a point d’amertume, & ne rend point quand on l’allume au feu une écume rougeâtre, comme plusieurs auteurs disent que faisoit le vrai lycium.

Les Egyptiens usent de ce suc pour toutes sortes d’ulceres, particulierement ceux de la bouche, des oreilles, des narines, de l’anus & des intestins ; pour l’hémoptysie, la dyssenterie, la diarrhée, & pour tous les flux de ventre & de matrice.

Il y a dans les Ephemer. des curieux de la nature, ann 3. observ. I. une méthode de préparer un lycium indicum avec une espece d’acacia. (D. J.)

UZEGE, (Géog. mod.) petit pays de France, dans le bas-Languedoc. Une partie de ce canton est couverte de montagnes, mais la plaine produit abondamment de ble & de bons vins ; ce pays a quelques manufactures de sole & de laine, il tire son nom d’Uzes, son chef-lieu. (D. J.)

UZEL, (Géog. mod.) petite ville de France, en Bretagne, au diocèse de S. Brieux, dont elle est à 8 lieues, avec un bailliage & une châtellenie. Il s’y fait quelque commerce en toiles. Long. 14. 42. latit. 48. 15. (D. J.)

UZERCHE, (Géog. mod.) en latin barbare Uzerca ; petite ville de France, dans le bas-Limousin, au diocèse & à 11 lieues sud-est de Limoges, & au midi de Brive sur la Vezère. Elle n’a qu’une rue bordée d’assez jolies maisons, & une abbaye d’hommes de l’ordre de saint-Benoît. Longit. 19. 20. latit. 46. 24.

Grenaille (François de) né à Uzerche l’an 1616, entra d’abord dans l’état monastique, & le quitta bientôt après. Il fit plusieurs petits livres francois qui ne valent pas grand’chose. Voici ce qu’on en dit dans le Sorbériana. p. 150.

« Il y avoit à Paris un certain Grenaille, sieur de Chateaunieres, limousin, jeune homme de 26 ans, qui décocha tout-à-coup une prodigieuse quantité de livres, dont il nomma les uns, l’honnête fille, l’honnête veuve, l’honnête garçon ; les autres la bibliotheques des dames. Dans les plaisirs des dames, ce que je trouvois de louable, étoit qu’apparamment un homme de cet âge avoit demeuré dans le cabinet, & s’étoit abstenu de plusieurs débauches pour composer des livres ; mais au-reste les bonnes choses y étoient fort rares, & ce qu’il y en avoit de bonnes avoient été déja dites si souvent, que ce n’étoit pas grande gloire de les répéter : le style étoit assez fade, & faisoit juger de l’auteur, qu’il n’écrivoit que pour écrire. Son livre des plaisirs des dames est divisé en cinq parties, du bouquet, du bal, du cours, du concert, de la colation. D’abord il traite la question, si c’est le bouquet qui orne le sein, ou si au-contraire, c’est lui qui emprunte de lui toute sa grace ; sur quoi il juge en faveur du dernier, estimant que des deux hémispheres de la gorge d’une dame, il sort une influence qui anime le bouquet, & le rend non-seulement plus beau, mais de plus de durée.

« C’est, continue Sorbiere, de ces belles pensées qu’il espere l’immortalité, ayant paré le frontispice de tous ces livres de sa taille-douce, avec l’inscription orgueilleuse : Hâc evadimus immortales ». M. Guéretne lui pardonne pas dans sa guerre des auteurs. « On veut bien vous laisser, dit-il, votre