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Shire, & situé auprès d’une hauteur, dunum. On tire entre ce bourg & Barrow en Leicester-Shire, une grande quantité de marne, marga, dont on se sert pour fertiliser la terre. Il est tout-à-fait vraissemblable que Willoughby est le Margidunum de Ptolomée, d’autant plus qu’on ne peut douter que ce lieu n’ait été habité par les Romains ; c’est ce qui se prouve par quantité de monnoies romaines qu’on y a déterrées, outre qu’il y a encore tout-auprès un chemin romain. (D. J.)

WILLY, le, ou le WILLYBORN, (Géog. mod.) riviere d’Angleterre. Elle prend sa source aux frontieres du duché de Sommerset, & va porter ses eaux dans le Nadder, près de Salisbury. (D. J.)

WILNA, Géog. mod.) par les Lithuaniens Wiletzky, & par les Allemands, Wilde ; ville capitale du duché de Lithuanie, au palatinat du même nom, sur la Wilia, à cent lieues au nord-est de Gnesne. Elle est grande & mal-bâtie ; ses maisons sont de bois & mal-disposées ; c’est encore pire dans les fauxbourgs, car les maisons n’ont qu’une seule chambre qui est commune à tout le monde, aux chevaux & aux autres animaux domestiques. Cette ville est toujours ouverte en tems de paix ; elle a pour sa défense un arsenal & deux châteaux. Son évêché est suffragant de Gnesne. Son université a été établie en 1579. Wilna est habitée par différentes nations, polonois, russiens, allemands, tartares, &c. Long. suivant Streel, 34. 56. 15. lat. 54. 30. (D. J.)

WILOC, s. f. (Feutrerie.) espece d’étoffe ou de feutre foulé à la maniere des chapeliers, mais qui est un peu plus lâche que le feutre dont on fait les chapeaux. (D. J.)

WILS, (Géog. mod.) riviere d’Allemagne, au duché de Baviere. Elle a sa source au voisinage de l’lser & se perd dans le Danube, entre les embouchures de l’lssel & de l’Inn. (D. J.)

WILSHOVEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Baviere, près l’embouchure de Wils dans le Danube. Long. 30. 36. latit. 40. 35. (D. J.)

WILSNACH, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le margraviat de Brandebourg, sur un ruisseau qui se rend dans l’Elbe. Quelques-uns croient que c’est la Susudata de Ptolomée. l. II. c. xj. (D. J.)

WILTEN, (Géog. mod.) bourgade d’Allemagne, dans le Tyrol, sur la droite à une lieue au dessus d’Inspruck, avec une abbaye de l’ordre de Prémontré. On convient que c’est l’ancienne Veldidena.

WILTON, (Géog. mod.) en latin Ellandunum, ville d’Angleterre, dans le Wiltshire, dont elle a été la capitale ; elle a eu même un évêché qui a été transféré à Salisbury, & ce changement a fait tomber Wilton en décadence ; cependant elle a toujours le droit de tenir marché public, & d’envoyer ses députés au parlement. Long. 15. 48. latit. 51. 5.

Elle est la partie du célebre Addisson (Joseph) homme de goût, grand poëte, judicieux critique, & l’un des meilleurs écrivains de son siecle. Son style est pur, noble, élégant. Ses sentimens sont délicats, vertueux ; & par-tout on trouve dans l’auteur un ami du genre-humain.

Il naquit le premier de Mai 1672, & comme il ne promettoit pas de vivre, il fut baptisé le même jour de sa naissance. Il eut l’honneur pendant le cours de ses études, de connoître à Oxford, mylord Halifax, le grand protecteur des gens de lettres, qui n’a pas laissé d’être dépeint d’une maniere très-satyrique (chose ordinaire) par un autre homme de qualité. Nous donnerons quelques traits de cette satyre, à cause de l’esprit qui y regne, de la finesse du tour, & de la beauté du style.

Elle est intitulée, la faction démasquée, & a été imprimée dans un des volumes de State-Poems, Lon.

don 1703. in-8o. Mylord Halifax (Charles Montague, comte d’Halifax, chevalier de l’ordre de la Jarretiere, & régent du royaume après la mort de la reine Anne.) mylord Halifax, dis je, y est dépeint sous le nom de Bathille, conjointement avec les poëtes auxquels il donnoit pension. « Enfin, Bathille se leve paré des plumes d’autrui, & noblement illustre par les projets des autres. Plein de bonne opinion, & ridiculement fou, demi-politique, babillard, bruyant ; ardent sans courage, orgueilleux sans mérite, & propre à conduire des têtes sans cervelle. Avec des gestes fiers & un air assuré, il tient à ses compagnons de débauche le discours qui suit : ayez soin de ce qui regarde la politique, j’aurai soin moi que les muses nous secondent. Tous les poëtes sont à ma dévotion ; dès que je parle, ils écrivent ; je les inspire. C’est pour moi que Congreve a déploré en vers lugubres la mort de Pastora. Rowe qui a chanté l’immortel Tamerlan, quoi qu’il soit réduit à-présent à prendre un ton plus bas ; Rowe est à moi & au parti des Whigs. J’aide à Garth à polir ses pieces un peu grossieres ; & je lui apprends à chanter en beaux vers les louanges de notre parti. Walsh qui sans avoir jamais rien donné, passe pour un homme d’esprit, Walsh vote pour nous. Les comédies obscenes & sans intrigues de Vane, célebrent nos talens… Nous pouvons sûrement compter sur Addisson : à la faveur d’une pension l’on gagne toujours un ami. Il fera retentir les Alpes de mon nom, & fera connoître son protecteur dans le pays des Classiques. Tous ceux dont je viens de parler, m’appellent leur Mécene. Les princes ne sont point fermes sur leur trône, qu’ils n’y soient soutenus par les enfans d’Apollon Auguste eut Virgile, & Nassau plus heureux encore eut ses Montagues, pour chanter ses victoires ; mais Anne, cette malheureuse reine Tory, sentira les traits de la vengeance des poëtes. »

Addisson donna de bonne heure des preuves de ses talens par sa traduction du quatrieme livre des Géorgiques de Virgile. Il avoit dessein d’entrer dans les ordres ; mais le monde se réconcilia chez lui avec la sagesse & la vertu, lorsqu’il prit soin de les recommander avec autant d’esprit & de graces, qu’on les avoit tournés en ridicule depuis plus d’un demi-siecle. Il fit aussi des poésies latines qui ont été publiées dans les musæ anglicanæ.

On estime beaucoup son petit poëme sur l’Italie. Il y peint la satisfaction qu’il goûtoit dans ce beau pays, à la vue des rivieres, des forêts, des montagnes, &c. célébrées par tant de génies. De quelque côté, dit-il, que je tourne mes yeux, je découvre des objets qui me charment & des vues qui m’enchantent. Des campagnes poëtiques m’environnent de toutes parts. C’est ici que les muses firent si souvent entendre leurs voix, qu’il ne se trouve aucune montagne qu’elles n’aient chantée, aucun bosquet qu’elles n’aient loué, aucun ruisseau qui ne coule harmonieusement. Il fait ensuite la description des monumens des Romains, de leurs amphithéatres, de leurs arcs de triomphe, de leurs statues, des palais modernes & des temples.

Mais il prend de-là occasion de déplorer l’état malheureux où l’oppression réduit les habitans de ce pays, malgré tant d’avantages que l’art & la nature leur offrent à-l’envi ; il conclut en s’adressant à la liberté, qu’il représente comme la source principale du bonheur dont jouit l’Angleterre, d’ailleurs à tant d’autres égards si fort inférieure à l’Italie. « Nous n’envions point un ciel plus doux : nous ne murmurons point d’habiter des lieux peu favorisés de l’astre du jour, & de voir les froides pléïades dominer sur nos têtes. La liberté couronne