Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avions remarqué qu’il s’en falloit beaucoup que le froid & le chaud causassent sur la longueur des mesures de sapin, des effets aussi sensibles que ceux qu’ils produisent sur le fer. Toutes les observations que nous avons faites sur cela nous ont donné des variations presqu’insensibles, & quelques expériences me feroient croire que les mesures de bois, au-lieu de racourcir au froid comme celles de métal, s’y alongent au contraire ; peut-être un reste de seve qui étoit encore dans ces mesures se glaçoit-il lorsqu’elles étoient exposes au froid, & les faisoit-il participer à la propriété des liqueurs dont le volume augmente lorsqu’elles se gelent ».

Ce sont apparemment de semblables expériences qui ont porté M. Graham à faire les verges de ses pendules de bois. Mais une remarque essentielle à faire sur ce sujet, c’est que si le bois ne change pas sensiblement de longueur par le froid & le chaud, il ne laisse pas de se voiler, & cela quelque épaisseur qu’on lui donne : c’est une expérience que font tous les jours les architectes, qui sont obligés de faire redresser de tems en tems leurs regles qui se faussent même dans leur largeur, ou sur le champ : il suit delà qu’une verge de bois pouvant se voiler, n’est point encore une matiere propre pour former les verges d’une pendule.

D’autres artistes pensent que le froid & le chaud ne peuvent produire les mêmes differences sur des verges d’égale longueur, à-moins qu’ils ne soient proportionnels à la grosseur de chacune d’elles. Raisonnant sur ce faux principe, ils s’imaginent pouvoir se dispenser de recourir aux compensations ordinaires, en faisant la verge de leur pendule extremement massive, de six livres, par exemple. Ils prétendent qu’étant alors environ douze fois plus grosse que les autres, la chaleur l’alongera aussi douze fois moins. Il n’est pas difficile de faire voir qu’en cela ils tombent dans une grande erreur. Une masse de métal, quelle que soit sa grosseur, n’étant qu’un grand nombre de lames très-minces appliquées les unes sur les autres ; toute la difference qui se rencontre dans une grosse & une petite verge, ne consiste que dans une quantité plus ou moins grande de ces lames ; ainsi, selon cette loi de la nature, qu’un corps chaud à côté d’un autre qui l’est moins, ne cesse de lui communiquer de sa chaleur que quand ils sont tous deux arrivés au même degré, il est évident que deux verges de même longueur & d’un même métal, l’une foible, l’autre forte, s’alongeront également par un même degré de chaleur ; puisque ce sont les particules ignées qui causent l’alongement, & qu’elles sont dans le corps en raison des lames infiniment petites qui le composent. Tous les Physiciens conviennent de ce que j’avance, & leur sentiment est parfaitement d’accord avec l’experience. Voici comme s’exprime à ce sujet M. Derham, Transactions philosophiques, année 1736.

« Je fis en 1716 & 1717. des expériences pour connoître les effets de la chaleur & du froid sur des verges de fer dont la longueur approchoit le plus qu’il étoit possible, de celles qui battent les secondes. Je choisis des verges rondes d’environ un quart de pouce de diamettre, & d’autres quarrêes d’environ trois quarts de pouce, les effets furent absolument les mêmes sur toutes ces verges. »

L’avantage qu’on peut retirer des grosses verges, n’est donc pas qu’elles s’allongeront moins que les autres ; mais qu’elles employeront un peu plus de tems à s’allonger, ce qui certes n’est pas d’un grand secours. Car si d’un côté la chaleur allonge plutôt la verge foible, de l’autre quand le froid revient, elle retourne plutôt à son premier état.

Ces grosses verges seroient d’ailleurs fort défectueu-

ses ; elles chargeroient beaucoup le point de suspension,

sans que le régulateur en eût plus de force ; l’air leur opposeroit aussi une bien plus grande résistance, vû 1°. leur grosseur & leur longueur, car l’air résisteroit d’autant plus à leur mouvement & à celui de leur lentille, que les arcs qu’elles décriroient feroient partie d’un plus grand cercle.

De-là naitroient deux desavantages ; premierement l’horloge en seroit plus sujette aux erreurs provenantes des différentes densités du milieu ; secondement, une plus grande résistance de l’air détruisant nécessairement une plus grande quantité de mouvement, les restitutions de la force motrice deviendroient plus considérables, & l’horloge en seroit plus susceptible des erreurs qui résulteroient par les altérations ou augmentations de cette force.

Verge, terme de Jardinage, se dit du bois de la vigne qui est encore appellé sarment.

Verge, terme de Maréchal ; on appelle ainsi le manche d’une espece de fouet de cocher, qui a peu de touche.

Verge deter, terme de Serrurier, baguette de fer quarrée qu’on attache le long des panneaux de vîtres, qui sert à les tenir en état avec des liens de plomb, & qui est cloué avec des pointes, l’une à un bout, l’autre à l’autre. (D. J.)

Verge, instrument du métier des étoffes de soie ; la verge est une broche de bois, ronde & bien unie, on s’en sert à divers usages pour le métier des étoffes de soie ; elles sont toutes de la longueur de 2 piés & environ.

Verge de fer, s. f. terme de Tapissier, morceau de fer rond & délié, en forme de grande baguette, qu’on accroche avec des pitons à chaque colonne de lit, & ou on enfile les rideaux par le moyen des anneaux. Les Serruriers appellent cette verge, une tringle. (D. J.)

Verges, terme de Tisserand ; ce sont deux baguettes de bois rondes, qui passent entre les fils de la chaîne, de maniere que le fil qui passe sur la premiere, passe sous la seconde, & ainsi de suite ; au moyen dequoi les fils de la chaîne se croisent dans l’espace qui est entre les deux verges. Ces deux verges sont rapprochées le plus près qu’il est possible l’une de l’autre, par le moyen de deux crochets qui les joignent aux deux côtes de la chaîne. Les verges servent à contenir les fils de la chaîne & les tenir bandés, ce qui facilite la croisure qu’opere le mouvement des lames.

Verge, chez les Tourneurs, est une piece du tour, dont on se sert pour tourner en l’air ou en figures irrégulieres ; c’est une piece de fer, longue & quarrée qui traverse l’arbre tout entier, & qui porte & joint ensemble le mandrin, les deux canons, la piece ovale & la boîte de cuivre. Cette verge a des trous de distance en distance, pour y arrêter ces pieces avec des clavettes. Voyez Tour.

Verge de Huau, terme de Chasse, est une baguette d’oiselier un peu longue, garnie de quatre piquets auxquels on attache les aîles d’un milar appellé huau.

Verge de meute ; c’est une baguette garnie de trois piquets avec des ficelles, auxquelles on attache un oiseau vivant, qui étant lié s’appelle meute.

Verge, en terme de Vitrerie. Voyez Lingotiere. Les verges de fer dont on se sert pour maintenir les vitres, se clouent par les deux bouts aux chassis, & s’attachent dans le milieu aux panneaux, avec des liens aux attaches de plomb.

Verge de fer servant à couper le verre, est une verge de fer rouge qu’on pose sur le verre qu’on veut couper, & mouillant seulement le bout du doigt avec de la salive que l’on met sur l’endroit où la verge a touché, il s’y forme une langue, c’est-à-dire une fente que l’on conduit avec la verge rouge où l’on