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L’empereur Anastase permit aux peres de légitimer leurs bâtards par la seule adoption : mais ce privilége fut aboli par Justin & Justinien, de peur qu’une telle condescendance n’autorisât le concubinage.

Le pape a quelquefois légitimé des bâtards, le saint-siége a même en certaines occasions, usé de dispense par des considérations spirituelles, non-seulement envers des personnes dont la naissance n’étoit pas légitime, mais encore envers des bâtards adultérins, en permettant leur promotion à l’épiscopat.

Les bâtards non légitimés peuvent disposer de leurs biens par donation entre-vifs, & par testament ; ceux qu’un mariage subséquent a légitimés, sont dans le même état, & joüissent des mêmes droits que ceux qui sont nés dans le mariage : mais les bâtards légitimés par lettres du prince, ne sont réputés ni légitimes, ni capables de succéder, qu’à l’égard des parens qui ont consenti à cette légitimation.

Le Pape Clément VII. défendit par sa bulle à un certain prêtre de résigner son bénéfice à son bâtard.

Les armes d’un bâtard doivent être croisées d’une barre, d’un filet, ou d’une traverse, de la gauche à la droite. Ils n’avoient point autrefois la permission de porter les armes de leur pere.

Les bâtards ne peuvent être présentés à des bénéfices simples, ni admis aux moindres ordres, ni posseder plus qu’un simple bénéfice, à moins qu’ils n’en ayent obtenu dispense du pape, ni être revêtus d’aucune charge sans lettres du prince.

Un bâtard, suivant le droit d’Angleterre, ne peut être héritier de son pere à l’immeuble, & ne sauroit avoir d’autre héritier que l’hoir de son corps. L’enfant engendré par celui qui dans la suite en épouse la mere, est un bâtard en droit, quoiqu’il soit réputé légitime par l’église. Si celui qui vient d’épouser une femme, décede avant la nuit sans avoir couché avec elle, & qu’ensuite elle fasse un enfant, il en est censé le pere, & l’enfant est légitime. Si un époux ou une femme se marie ailleurs, les enfans qui naissent de cette polygamie pendant la vie de l’autre conjoint, sont bâtards. Si une femme ayant quitté son mari pour suivre un adultere, a de celui-ci un enfant, tandis que son mari est dans l’enceinte des quatre mers, l’enfant est légitime, & sera son héritier à l’immeuble. Si quelqu’un fait un bâtard dans le bailliage de Middelton, dans la province de Kent, ses biens meubles & immeubles font confisqués au profit du roi. (H)

Batard de racage, c’est, en Marine, une corde qui sert à tenir & à lier un assemblage de bigots & de raques, dont le tout pris ensemble porte le nom de racage, qui sert à amarrer la vergue au mât. Voyez Racage. (Z)

* Batard, en Musique, c’est ainsi que Brossart appelle le mode hyper-éolien, qui a sa finale en b fa si, & conséquemment sa quinte fausse ou diminuée diatoniquement, ce qui le chasse du nombre des modes authentiques ; & le mode hyper-phrygien, dont la finale est en f ut fa, & la quarte superflue, ce qui l’ôte du nombre des modes plagaux.

Batard, en Jardinage, se dit de toute plante sauvage, ou qui n’est pas cultivée, & même du fruit qu’elle donne.

Batard, en Fauconerie, se dit d’un oiseau qui tient de deux especes, comme du sacre & du lanier.

BATARDE ou BASTARDELLE, s. f. en Marine ; on appelle ainsi les galeres qui ont l’extrémité de la poupe plate & élargie, pour les distinguer de celles qui ont l’extrémité de la poupe aiguë, qu’on appelle subtiles.

Batarde, Bastarde, (voile) en Marine, c’est la plus grande des voiles d’une galere ; elle ne se porte que lorsqu’il y a peu de vent, parce que de vent frais, les voiles ordinaires suffisent. (Z)

* Batarde (laine) en Bonneterie ; c’est ainsi qu’on appelle la seconde sorte parmi celles qui se levent de dessus le vigogne. Il se dit aussi des laines communes du Levant.

Batarde, (pâte) en terme de Boulanger biscuitier ; c’est celle qui, n’étant ni dure ni molle, a pris une certaine consistance qui n’est connue que de l’ouvrier, & qu’on ne peut guere expliquer aux autres.

Batarde, (largeur en Draperie.) se dit de celle des draps ou autres étoffes, qui n’est pas conforme aux ordonnances. Ainsi les draps d’une aune demi-quart, sont de largeur bâtarde & sujets à confiscation.

Batarde, seconde sorte de dragée fondue au moule ; elle est entre la petite royale & la grosse royale. Voyez l’article Fonte de la dragée au moule.

Batardes, en terme de Rafineur de sucre, sont les sucres produits des sirops qui sont émanés des matieres fines. Voici la maniere dont on les travaille : la cuite s’en fait comme celle des sucres primitifs, on transporte la cuite dans des rafraîchissoirs, en allant de l’un à l’autre, c’est-à-dire, en mettant à la ronde dans chacun d’eux le même nombre de bassins. Voyez Bassin d’empli. Avant d’être emplis, les formes bâtardes sont trempées, tapées, sondées & plantées. Voyez ces mots à leur article. Le rafraîchissoir d’où on commence à prendre la cuite, est remué sans cesse & à force de bras par un seul ouvrier, pendant que d’autres portent la cuite, & n’en versent dans chaque forme que le tiers d’un bassin. Il faut deux serviteurs pour emplir une rangée. Voyez Serviteur. Ils commencent chacun par un bout, se rejoignent au centre, vont de forme en forme regagner leur bout, d’où ils reviennent ensemble au centre, pour retourner au bout, & continuent cette maneuvre jusqu’à ce que les formes soient mises à hauteur. Voyez Mettre à hauteur. On les remplit en observant la même maneuvre, afin de mêler le sirop avec le grain qui tombe toûjours au fond du rafraîchissoir, malgré le mouvement qu’on lui donne. Ensuite quand elles sont froides, on les monte. Voyez Monter. On les met sur le pot, sans les percer ; mais après les avoir détapées, voyez Detaper, on les couvre de terre, on les change ; on les plante, mais on ne les plamote point. Les bâtardes sont rafinées avec les matieres primitives, & les sirops qu’on en a recueillis servent à faire des vergeoises. Voyez tous ces mots à leur article.

Batarde, en terme de Rafinerie de sucre ; c’est une grosse forme qui tient quelquefois jusqu’à deux cents livres de matiere : on emplit les bâtardes des sirops recuits, qui produisent une espece de sucre que l’on appelle aussi bâtardes. Voyez Batardes.

Batarde, (lime.) en terme de Bijoutier, sont celles qui sont d’un degré au-dessous des rudes, & dont on ne fait usage qu’après elles. Il y en a de toutes grandeurs & de toutes formes.

Batarde (Ecriture.) Voyez Ecriture.

Demi-Batardes, en terme de Bijoutier, sont des limes, qui ne sont ni trop rudes, ni trop douces ; mais qui tiennent le milieu entre les limes bâtardes & les douces. Il y en a de plusieurs grandeurs & de plusieurs formes.

BATARDEAU, s. m. terme de riviere & de mer, c’est une espece de digue faite d’un double rang de pieux joints par des planches, & dont l’intervalle est rempli de terre ; on s’en sert pour detourner l’eau d’une riviere.

On donne aussi le nom de batardeau à une espece d’échafaut fait de quelques planches qu’on éleve sur le bord d’un vaisseau, pour empêcher l’eau d’entrer sur le pont, lorsqu’on couche le vaisseau sur le côté pour le radouber. (Z)

Batardeau (le) est, dans la Fortification, un