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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/199

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M. Woodward met la bélemnite dans la classe des corps talqueux, parce que sa pesanteur est égale à celle de ces corps. La couleur jaune de certaines bélemnites est semblable à celle de quelques talcs, spars, & autres productions minérales.

La substance de la bélemnite, dit M. Woodward, n’est pas coriace & ténace comme celle des animaux, mais friable & cassante comme celle du talc, &c. à la vûe elle paroît minérale ; & on en est convaincu par les épreuves chimiques : sa tissure, ajoûte le même auteur, est directement contraire à celle des dents, & des autres parties solides des animaux ; ses fibres coupent diamétralement son axe, au lieu que celles des dents, des os, des cornes, &c. sont paralleles à leur axe. Le talc fibreux ou cannelé, le gypse strié, le spar talqueux, l’amiante, l’alun de plume, &c. ont leurs fibres transversales comme celles des bélemnites. L’auteur cite un exemple remarquable de cette tissure, qu’il a observée dans quelques stalactites composées d’un spar talqueux, qui sont suspendues dans des grottes soûterreines ; il en a vû plusieurs qui étoient cannelées.

De tout ceci M. Woodward conclut affirmativement que les bélemnites ne peuvent venir d’un animal. Quand on lui objecte qu’elles ont été altérées comme d’autres pétrifications, il répond que cela n’est pas possible, parce qu’il en seroit resté au moins quelqu’une sans altération, comme il y a tant de coquilles fossiles qui ne sont pas pétrifiées.

Les tuyaux vermiculaires, & les coquilles d’huîtres qui sont attachées sur quelques bélemnites, ne prouvent rien pour leur origine ; puisque l’on trouve les mêmes choses sur des cailloux, des pyrites, &c. D’ailleurs si la bélemnite étoit une dent de poisson, on trouveroit au moins quelques vestiges de cette dent, ou quelques marques de son adhérence à une mâchoire. On aura beau dire que cette dent aura été séparée de la mâchoire, M. Woodward ne conçoit pas que cela puisse être pour toutes les bélemnites qui sont si nombreuses, tandis que toutes les vraies dents fossiles sont reconnoissables à ces mêmes marques qui manquent aux bélemnites. Géographie, Physique, &c. page 363.

M. Le Monnier n’est point opposé au sentiment de M. Woodward, pour l’origine de la bélemnite ; il la croit appartenante au regne minéral. Il en a vû dans le Berri qui étoient entierement solides, & d’autres qui étoient creuses en-dedans : celles-ci avoient une cavité conique comme la surface extérieure de la bélemnite ; l’axe du cone extérieur étoit double de celui du cone intérieur ; de sorte que la pointe de la bélemnite étoit entierement solide, & cette solidité alloit toûjours en diminuant jusqu’aux bords de la base, qui n’étoit qu’une lame transparente, & mince comme une feuille de papier ; cette cavité étoit remplie d’une terre très-fine, jaune, grasse & humide, qui paroissoit être, pour ainsi dire, la matrice des bélemnites. M. Le Monnier n’a pas vû d’apparence que ces bélemnites fussent des tuyaux, des pointes d’hérisson de mer, non plus que des dents du souffleur ; il lui a semblé au contraire que ce sont des productions de la terre, comme des stalactites ou des pyrites. M. le Monnier appuie cette conjecture sur ce que les bélemnites incrustées dans la pierre & dans la craie, & qui n’ont pour ainsi dire plus de vie, ne renferment point de cette terre jaune & humide ; que cette même terre se trouve par-tout où il y a des bélemnites en certaine quantité ; & que le feuillet mince, transparent & fragile qui termine la bélemnite, peut être regardé comme un ouvrage en train, auquel la nature n’a pas encore mis la derniere main. M. le Monnier sait parfaitement que l’on trouve avec les bélemnites des cornes d’ammon, & d’autres coquilles, telles que les gryphytes, les petoncles, les cames, &c. mais il

fait remarquer qu’on rencontre aussi dans les mêmes

endroits du gypse & des pyrites. Mérid. de l’Observ. de Paris, &c. Observ. d’Hist. nat. p. 125. & suiv.

On voit par cet exposé, que les Naturalistes ne sont point d’accord sur l’origine & la nature de la bélemnite : on n’a pas encore prouvé d’une maniere décisive que ce soit un minéral ou une pétrification originaire du regne animal. (I)

Belemnite, ou Pierre de Lynx, (Mat. med.) Les Allemands la croyent bonne contre le cochemar & le calcul des reins ; ils en ordonnent la poudre depuis un gros jusqu’à un gros & demi. (N)

* BELINGELA, (Hist. nat. bot.) c’est un fruit qui se trouve en Afrique & en Amérique : ses racines sont grosses & courtes, ses feuilles grandes, d’un verd obscur, & remplies de veines brunes tirant sur le pourpre. Elle porte deux ou trois fleurs blanches mouchetées de rouge : le fruit à l’extérieur est rond, uni & brillant comme une pomme ; le dedans est plein de chair, & contient beaucoup de semences. Les habitans du Bresil en font un très-grand cas. Il n’est pas sain de le manger crud : mais en le faisant cuire, & l’assaisonnant avec du poivre & de l’huile, il prend un goût aigrelet & agréable, qui a quelque rapport avec celui du citron.

BELENOIDE, apophyse bélenoïde, voyez Styloïde. (L)

BELENOS ou BELENUS, (Myth.) nom que les Gaulois donnoient au soleil, qu’ils appelloient aussi Mithra. On croit que c’est le même que le baal de l’Ecriture, & le Belus des Assyriens. Elias Schedius persuadé que le nom de Belenus étoit mystérieux, jusque dans les lettres qui le composent, les a considérées selon leur valeur dans les nombres (à la maniere des anciens Grecs, dont les caracteres étoient, dit-on, en usage parmi les Druides), & a trouvé qu’elles faisoient trois cens soixante-cinq jours ; tems de la révolution du soleil autour de la terre.

Β η λ ε ν ο ς
2 8 30 5 50 70 200

L’on voit plusieurs inscriptions rapportées par Gruter & par d’autres antiquaires, qui prouvent que Belenus étoit la même divinité que le soleil ou Apollon ; entr’autres celle-ci :

Apollini Beleno. C. Aquileiens. felix. (G)

* BELER, (Géog.) riviere de Catalogne qui se jette dans la Méditerranée proche de Barcelone.

* BELERAN, (Géog.) île de la mer Méditerranée, proche d’Yvica.

* BELESME, (Géog.) ville de France assez ancienne, dans le Perche. Lon. 17. 14. 15. lat. 48. 22. 32.

BELETTE, s. f. mustela domestica, (Hist. nat. Zoolog.) petit animal quadrupede dont on a donné le nom à un genre entier de quadrupedes, genus mustelinum. Les animaux de ce genre sont carnassiers : mais ils different des autres animaux carnassiers, en ce qu’ils sont plus petits, qu’ils ont le corps plus mince & plus long, la tête plus petite & plus allongée, & les pattes plus courtes ; de sorte qu’ils semblent être faits pour se glisser & s’insinuer à travers les plus petites ouvertures ; & en effet ils penetrent dans des endroits dont l’entrée est si étroite, qu’on ne croiroit pas qu’il leur fût possible d’y entrer.

La belette est plus petite que le putois ; le dos & les côtés du corps sont de couleur rousse, la gorge & le ventre sont blancs ; & cette couleur s’étend depuis le bout de la mâchoire inférieure, jusqu’à l’extrémité des pattes de derriere sur leur côté intérieur ; car le côté extérieur, & presque tout le reste du corps est roux : le museau ressemble à celui du chien,