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les sont ployées, on les met en presse avec des ais entre-deux comme les livres que l’on relie. Les presses dont on se sert pour cet effet, sont en tout semblables à celles des manufactures de papier, auxquelles nous renvoyons à cet égard.

Les toiles dûement pressées, pour leur faire perdre les plis qu’elles ont, sont enveloppées de papier ; c’est ce qu’on appelle mettre en papier, & aussi la derniere préparation qu’on leur donne dans les manufactures.

Il y a des toiles que l’on fait passer au mailloir, Planc. II. fig. 5. c’est-à-dire, que l’on les bat sur une pierre de marbre avec des maillets de bois, pour en applatir les fils & leur donner une plus belle apparence : mais c’est une charlatanerie ; car au premier blanchissage, les fils qui avoient été applatis reprennent leur rondeur ordinaire, & on est tout étonné de voir de la toile qu’on a achetée pour de la toile fine, devenir grossiere ; d’ailleurs cette opération use plus les toiles que ne feroient deux ans de service.

Il y en a d’autres que l’on fait passer à la calendre ; cette méthode n’altere point tant les toiles : mais à l’égard de l’apparence de finesse & de perfection qu’elle leur donne, elle est comme l’autre sujette à l’inconvénient, que le premier blanchissage la fait évanoüir.

BLANCK, s. m. (Commerce.) c’est une monnoie fictive, par laquelle on compte en Hollande. Le blanck vaut 6 duytes ou 1 sou argent de France.

BLANCKENBERG, (Géog.) petite ville de la Flandre Espagnole, sur la mer, entre Ostende & l’Ecluse. Il y a une ville de ce nom dans le duché de Bergue, sur la riviere de Sieg.

BLANCKENBURG, (Géog.) principauté d’Allemagne, dans la basse Saxe. Il y a encore une ville de ce nom dans la Thuringe.

BLANCKENHAYN, (Géog.) petite ville d’Allemagne, à 4 lieues d’Erford.

BLANCKENHEIM, (Géograph.) petite ville & comté d’Allemagne, sur la riviere d’Ahr.

BLANDICES, s. f. (terme de Palais.) signifie des flateries ou cajoleries artificieuses, par où l’on surprend le consentement de quelqu’un. (H)

BLANKA, (Géog.) petite île du golfe de Méxique, près la côte de Tlascala, à peu de distance de la Vera-Crux.

BLANKIL, s. m. (Commerce.) petite monnoie d’argent de billon, qui est en usage dans les royaumes de Fez & de Maroc : elle vaut environ deux sous six deniers de notre argent.

BLANOS, (Géog.) petite ville maritime d’Espagne, en Catalogne, près de la riviere de Tordera, au nord de son embouchure.

BLANZAC, (Géog.) petite ville de France, dans l’Angoumois, sur la riviere de Nay, aux frontieres de la Saintonge.

BLARE, s. f. (Commerce.) petite monnoie de cuivre, avec mêlange d’un peu d’argent : elle se fabrique à Berne en Suisse, au même titre que les ratzes de Souleurre & de Fribourg, & elle a à peu près la même valeur. Voyez Ratze. Le blare est évalué en France à deux sous un denier.

BLASIA, genre de plante à fleur monopétale, campaniforme, tubulée, & ressemblante en quelque façon à la trompe d’un élephant. Cette fleur est stérile & n’a point de calice : les fruits sont des capsules qu’on trouve le long des bords des feuilles, & où il y a pour l’ordinaire dix semences arrondies & très-petites. Nova plantarum genera, par M. Micheli. (I)

BLASON, s. m. l’Art Héraldique ou l’Art de blasonner les armoiries des maisons nobles, ou d’en expliquer toutes les parties dans les termes qui leur conviennent. Voyez Armoiries.

Des diverses étymologies du mot blason, la plus probable est celle qui le fait venir du mot Allemand

blasen, qui signifie sonner du cors, parce que c’étoit autrefois la coûtume de ceux qui se présentoiont pour entrer en lice dans les tournois, de notifier ainsi leur arrivée. Ensuite les héraults sonnoient de la trompette, blasonnoient les armes de ces chevaliers, les décrivoient à haute voix, & se répandoient quelquefois en éloges, au sujet des exploits de ces braves.

Il y a cette différence entre les armes & le blason, que les premieres sont des devises ou des figures dont est chargé l’écusson, & que le blason est la description que l’on en fait verbalement. Voyez Armoiries & Devise.

Les regles de cet Art sont 1° de nommer d’abord le métal ou la couleur du champ, comme d’or, d’argent, ou de gueules : 2° de spécifier la maniere ou la division de l’écu par lignes, soit de haut en-bas, ou en bandes, & de même la différence de la ligne, c’est à savoir si elle est endentée, engrelée, &c. 3° dire ensuite ce que porte le champ : 4° après avoir exprimé de la sorte le champ, sa division & son port, s’il y a plus d’une piece dans le champ, il faut commencer par la principale : 5° s’il y a plus d’une sorte de pieces dans le champ, il faut nommer la premiere celle qui est dans la principale partie : 6° éviter la répétition des termes en blasonnant, & sur-tout celle de ces mots de, ou, &, avec : 7° les trois formes de blasons consistent en métaux, en pierres précieuses, & en planetes : la premiere convient aux simples gentilshommes ; la seconde aux nobles qualifiés ducs, comtes, &c. la troisieme aux empereurs, aux rois, aux princes, quoique cette variété soit improuvée des François, ainsi que des autres nations qui n’usent que de métaux & de couleurs pour tous les degrés de noblesse, & quoique nous tenions d’eux l’Art héraldique : 8° c’est mal blasonner, que de mettre couleur sur couleur, & métal sur métal ; ce qui souffre une seule exception en faveur des armes de Jérusalem, qui sont d’argent à la croix potencée de gueules entre quatre petites croix d’or. Ajoûtez que des lions debout sont dénommés rampans ; s’ils marchent, passans, gardans ; on les nomme encore saillans, regardans, &c. Les loups & les ours se qualifient comme les lions ; les griffons, au lieu de rampans & de saillans, sont dits segreans ; les lions, les griffons, & les aigles sont dénommés aussi langués & armés ; les cygnes, membrés ; les faucons, chaperonnés ; les coqs, armés, crêtés, barbetés, c’est-à-dire, lorsque les langues, les becs, & les serres de ces animaux sont d’une couleur différente de leur corps.

Lorsqu’un enfant ou un animal sort du fond de l’écu, on l’appelle issant ; lorsqu’il est dessus, on le dit gissant ; s’il part du milieu, il se qualifie naissant, &c. Voyez ces articles. (V)

BLASPHEME, s. m. se dit en général de tout discours ou écrit injurieux à la Majesté divine : mais dans l’usage ordinaire, on entend plus spécialement par blasphèmes, les juremens ou impiétés contre le saint nom de Dieu, proferés de vive-voix. (H)

Les Théologiens disent que le blasphème consiste à attribuer à Dieu quelque qualité qui ne lui convient pas, ou à lui ôter quelqu’attribut qui lui convient. Selon saint Augustin toute parole mauvaise, c’est-à-dire, injurieuse à Dieu, est un blasphème : Jam verò blasphemia non accipitur nisi mala verba de Deo dicere. De morib. Manich. lib. II. cap. xj. Ainsi ce seroit un blasphème, que de dire que Dieu est injuste & cruel parce qu’il punit le péché originel dans les enfans qui meurent sans baptême. Le blasphème est une suite ordinaire de l’hérésie : puisque celui qui croit mal, parle indignement de Dieu & des mysteres qu’il méprise. C’est ce qui s’appelle proprement blasphème. (G)

BLASPHÉMATEUR, s. m. celui qui blasphème ou qui prononce un blasphème. Les blasphèmateurs ont toûjours été séverement punis par la justice humai-