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à 70 livres de plomb ». Il s’en tire aussi quelquefois 3 ou 4 onces d’argent ; s’il s’y en trouvoit davantage, on auroit lieu de soupçonner une veine d’argent dans le voisinage. (—)

BLEYME, s. f. (Maréchalerie) maladie ou inflammation de la partie antérieure du sabot vers le talon, entre la sole & le petit pié.

Il y a trois sortes de bleymes ; de séches, d’encornées, qui ne sont fort souvent qu’une suite des premieres, & de soulées.

On connoît les bleymes en général par une petite rougeur pareille à du sang extravasé, qui se trouve entre la sole & le petit pié ; on ne les distingue que lorsqu’on blanchit le pié en le parant : cette rougeur n’est autre chose qu’un sang extravasé.

Les bleymes seches sont ainsi nommées à raison de leur cause, laquelle est intérieure ; car elles proviennent de la trop grande sécheresse du pié.

Les bleymes foulées ont une cause extérieure ; car elles proviennent de ce qu’il se sera enfermé de petites pierres ou du gravier entre le fer & la sole, ou bien de ce que le fer aura porté sur la sole, qu’il aura foulée & meurtrie en quelque endroit : les piés plats sont sujets à ces sortes de bleymes, car le gravier & le sable s’enferment aisément entre le fer & la sole.

Le remede est de parer le pié pour découvrir la bleyme, & d’ôter toute la sole meurtrie, si la matiere n’y est pas encore formée ; si elle y est formée, il faut l’évacuer, puis panser le trou ou la plaie comme une enclouure : le mal dans son commencement sera bien-tôt guéri ; s’il est grand, les remedes que nous proposons en viendront à bout avec le tems. Il y a dans les manéges des chevaux long-tems de séjour pour ces bleymes : mais l’huile de merveilles & l’emmiellure rouge, quand on a donné jour à la bleyme par-dessous, guérissent bien-tôt ce mal. (V)

BLEY-SACK, (Métallurgie & Minéralogie) on appelle ainsi en Allemand une partie de plomb, qui n’a pas été séparée de l’argent à la coupelle ; parce que le régule est venu à se durcir trop tôt : ce défaut vient de ce que le feu n’a pas été assez fort pour réduire tout le plomb en litharge. M. Cramer observe dans sa Docimasie, que lorsqu’on purifie l’argent à la coupelle, le plomb agit comme dissolvant sur ce métal ; c’est pourquoi il est nécessaire d’augmenter le feu à mesure que le plomb se détruit & se réduit en litharge. (—)

BLETE, s. f. blitum, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur sans pétale, composée ordinairement de trois étamines qui sortent d’un calice découpé en trois parties ; le pistil devient dans la suite une semence oblongue pour l’ordinaire, renfermée dans une capsule qui a servi de calice à la fleur, & ressemblante à une vessie. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

BLEY-SWEIFF, (Minéral.) on donne ce nom dans les mines d’Allemagne à une espece de mine de plomb sulphureuse & arsénicale ; elle est jaune, mêlée de taches cendrées & noirâtres, & grasse au toucher : elle se trouve à l’entrée des Gangues. Ce minéral ressemble assez au plomb pur : mais il est très difficile d’en tirer du métal par la fonte. (—)

BLIN, BELIN, s. m. (Marine.) c’est une piece de bois quarrée où plusieurs barres sont cloüées en travers & à angle droit, ensorte que plusieurs hommes en la maniant ensemble, peuvent agir de concert pour faire entrer des coins de bois sous la quille d’un vaisseau lorsqu’on veut le mettre à l’eau. On se sert aussi du blin pour assembler des mâts de plusieurs pieces. Il y a des blins qui ont des cordes passées au lieu de barres, afin de pousser les coins dans l’enfoncement du dessous du vaisseau ; à quoi le blin à barres ne seroit pas propre. (Z)

Blin, chez les Passementiers & autres ouvriers en soie,

est une piece de l’ourdissoir échancrée dans toute sa hauteur, juste à l’épaisseur du pilier de la lanterne dans laquelle elle doit entrer. Voy. Lanterne de l'Ourdissoir. Cette échancrure est garnie de deux petites arrêtes, pour entrer juste dans les rainures du pilier de devant de la lanterne, & pouvoir par ce moyen descendre & monter le long de ce pilier sans sautiller ; ce qui ne pourroit arriver sans causer de grands inconvéniens, que l’on évite encore en frottant de savon les rainures qui lui servent de conduite. Les boutons qui sont sur l’un des bouts du blin, & qui peuvent tourner, servent à donner plus de facilité pour le passage des soies à mesure qu’elles s’enroulent sur l’ourdissoir. Ce blin porte encore sur l’extrémité de devant une petite verge de bouis ou d’émail, surquoi passent aussi les soies que l’on ourdit ; par ce secours elles ne sont point en danger de s’écorcher contre la vive arrête du blin. Le blin est chantourné & évuidé par l’un de ses bouts, & quarré par l’autre ; ce qui n’est point ici pour l’ornement. Comme ce bout chantourné est plus long que l’autre, puisqu’il faut qu’il reçoive toutes les soies qui passent sur lui, il peseroit trop s’il étoit en plein comme l’autre bout, & conséquemment il inclineroit de ce côté ; ce qui nuiroit notablement à sa descente : on a donc été obligé de le chantourner ainsi pour le rendre de poids égal à l’autre bout, & conserver par-là le parfait équilibre qui lui est absolument nécessaire. Après avoir donné sa description, il faut expliquer la façon de le mettre en état de servir. Il porte une petite poulie qui répond vis-à-vis celle du haut du pilier de devant de la lanterne, une ficelle dont un bout est fixé sur la broche de l’arbre du moulin, & qui est assez longue pour faire plus de deux fois la hauteur de l’ourdissoir ; cette ficelle, dis-je, vient passer sur la poulie du pilier de devant de la lanterne, ensuite elle passe sous la poulie du blin, & se termine par son autre bout près de la poulie du pilier, où ce bout est fixé par le moyen d’une boucle que l’on fait à la ficelle, & qui s’attache à un petit clou qui est sur l’extrémité de ce pilier. En faisant tourner le moulin, il faut que ce blin descende à mesure que la corde se déroule de dessus la broche ; & en le tournant en sens contraire, il remonte de même. Le blin arrange par ces différentes montées & descentes les soies que l’on ourdit ; & cela sans confusion, puisque pendant que le moulin fait un tour, le blin monte assez pour donner de l’éloignement à ces soies, & leur faire prendre la figure spirale qu’elles doivent avoir nécessairement par ce mouvement du blin ; & c’est à quoi il est uniquement destiné. Il faut observer que la ficelle du blin partant de la broche d’en-haut, doit entrer sous la poulie du blin du côté du pilier ; ce qui aide encore à la direction de son mouvement ascendant & descendant. Si l’on vouloit ourdir à claire voie, c’est-à-dire, que les tours en spirale fussent plus écartés les uns des autres, il n’y auroit qu’à fixer le bout de la ficelle à la brochette de la poulie du blin, qui seroit alors hors d’état de mouvoir : alors cette corde n’étant plus double, doit se dérouler ou s’enrouler de même qu’elle faisoit auparavant ; mais le blin descendra ou montera avec une vîtesse double de la premiere, ce qui produira l’effet desiré. Voyez Ourdir & Ourdissoir.

BLINDE, s. f. en terme de Fortification, est une sorte de défense faite communément d’osier ou de branches d’arbres entrelacées, & plissées de travers entre deux rangs de bâtons d’environ la hauteur d’un homme, plantés en terre à la distance de quatre ou cinq piés l’un de l’autre. On s’en sert particulierement à la tête de la tranchée, lorsqu’elle s’étend de front vers les glacis. Les blindes servent à mettre les travailleurs à couvert, & empêchent l’ennemi de voir leurs ouvrages.