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des chasses des plaisirs du grand-seigneur. On ne peut faire entrer une seule piece de vin dans Constantinople sans sa permission ; ce qui lui donne une jurisdiction de police sur les cabarets. Il contrôle les vins des ambassadeurs, & fait arrêter leurs domestiques à la chasse, s’ils n’ont pas son agrément. Mais sa fonction la plus honorable est de soûtenir sa hautesse, lorsqu’elle se promene dans ses jardins, de lui donner la main quand elle entre dans sa gondole, d’être alors assis derriere elle, & de lui parler à l’oreille en tenant le timon, & de lui servir de marchepié le jour de son couronnement.

Quelquefois le bostangi bachi prend les devans avec son bateau, pour écarter tous ceux qui se rencontrent sur la route de l’empereur. Il doit connoître non-seulement toutes les variations que la mer cause sur son rivage ; mais encore tous les différens édifices qui ornent ses bords, & les noms de leurs propriétaires, afin de répondre exactement aux questions que le grand-seigneur peut lui faire ; desorte qu’il faut avoir couru long-tems les bords de cette mer, en qualité de simple bostangi, pour parvenir à celle de bostangi bachi : cet accès facile auprès du grand-seigneur, donne à cet officier un très-grand crédit, & le fait quelquefois devenir favori de son maître ; place dangereuse ; & qui dans les révolutions fréquentes à Constantinople, a plus d’une fois coûté la tête à ceux qui y étoient parvenus.

Comme les empereurs Ottomans vont quelquefois à Andrinople, ancienne capitale de la monarchie Turque, il y a aussi dans cette ville un bostangi bachi, comme à Constantinople. Leur rang est égal, mais leur jurisdiction & leur revenu sont fort différens. Celui d’Andrinople n’est chargé que du palais impérial, quand le sultan y fait sa résidence, & de la garde de ses fils ; au lieu que le bostangi bachi a une surintendance générale sur toutes les maisons de plaisance du prince, à peu près comme en France, le directeur général des bâtimens. Guer, mœurs & usages des Turcs, tom. II. (G)

BOSTON, (Géog.) ville d’Angleterre, dans la province de Lincoln, sur la riviere de Witham, peu au-dessus de son embouchure dans la mer, à 10 lieues de Lincoln. Lat. 53. degrés, long. 17 & demi.

Boston ; c’est le nom qu’on a donné à la ville capitale de la nouvelle Angleterre, dans l’Amérique septentrionale ; elle est grande & a un très-bon port. Lat. 42 degrés, 20 minutes ; long. 306 degrés, 50 & quelques minutes.

BOSWORTH, (Géog.) bourg dans la province de Leicester, en Angleterre, à environ 35 lieues de Londres.

BOSZUT, (Géog.) petite riviere d’Esclavonie, qui se jette dans la Save, près du lieu de l’ancienne ville de Sirmium.

BOTA, (Commerce) c’est le nom usité en Espagne, pour désigner une mesure de liquides, qui tient 30 robas ; le roba tient 30 livres pesant.

BOT, (Marine) c’est un gros bateau flamand, ou une espece de petite flûte ; le bot est ponté. Au lieu de dunette ou de chambre un peu élevée, il y a une chambre retranchée à l’avant, qui ne s’éleve pas plus que le pont. On fait joüer le gouvernail, ou avec une barre, ou sans barre ; parce que celui qui gouverne, le peut faire tourner aisément de dessus le bord.

A l’avant du bot, il y a une poulie, qui sert à lever l’ancre, & au milieu du bâtiment on pose un cabestan, lorsqu’il en est besoin, & on l’affermit par deux courbatons, qui de l’un & de l’autre côté vont se terminer contre le bord. Les membres du fond sont vaigrés ou couverts de planches, hormis à l’endroit par où l’on puise l’eau qui y entre.

Paquebot, pacques-bot, c’est ce bateau qui porte les

lettres d’Angleterre en France, & de France en Angleterre ; il va de Douvres à Calais. Il y a aussi des paquebots, qui portent les lettres d’Angleterre en Hollande ; ils partent de Harwich & vont à la Brille. (Z)

BOTADON, (Géog.) petite ville d’Angleterre, dans la province de Cornoüaille.

BOTALL, trou (Anat.) on donne le nom de trou botall au trou ovale, situé entre les deux oreillettes du cœur ; de Botall, conseiller & médecin de Charles IX. à qui on en attribue la découverte. Voyez Cœur. (L)

BOTANIQUE, s. f. (Ordre encyclop. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de la nature. Physique générale, particuliere. Botanique.) partie de l’histoire naturelle, qui a pour objet la connoissance du regne végétal en entier ; ainsi la Botanique est la science qui traite de tous les végétaux & de tout ce qui a un rapport immédiat avec les végétaux.

L’étude de la végétation fait la premiere partie de cette science, c’est la base de toutes les autres ; car on doit commencer par examiner la nature des végétaux en général, avant que de traiter de chaque plante en particulier ; & on ne peut pas parvenir à connoître l’œconomie végétale, si on ne sait comment les germes des plantes se développent, & comment elles prennent leur accroissement ; quels sont les moyens de les multiplier ; quelle est leur organisation en général ; la structure de chaque partie ; leur maniere de se reproduire, & quel est le mouvement & la qualité de la séve ; & enfin si on ne sait en quoi le terrein & le climat peuvent influer sur les plantes. Tels sont les principes généraux qui établissent les fondemens de la Botanique : mais ces connoissances dépendent de la Physique, & forment le lien qui unit ces deux sciences. Voyez Végétation.

Le détail de la Botanique est divisé en plusieurs parties : il y en a trois principales ; savoir la nomenclature des plantes, leur culture, & leurs propriétés. La derniere est la seule qui soit importante par l’utilité que nous en tirons ; les deux premieres ne doivent nous occuper qu’autant qu’elles peuvent contribuer à faire valoir la troisieme, en perfectionnant la connoissance des propriétés. On doit entendre par les propriétés des plantes, tous leurs usages, même les usages d’agrément ; ainsi les arbres des forêts & les herbes des parterres ont dans ce sens leurs propriétés, comme les plantes usuelles dans la Medecine.

Dès que la connoissance des plantes a formé un corps de science, l’énoncé de leur nomenclature a dû précéder dans l’exposé de cette science l’histoire de leur culture & de leurs propriétés. Mais il est certain que la premiere connoissance que l’on ait eu des plantes, a été celle des usages auxquels on les a employées, & que l’on s’en est servi avant que de leur donner des noms. On s’est nourri avec des fruits ; on s’est vêtu avec des feuilles ou des écorces ; on a formé des cabanes avec les arbres des forêts avant que d’avoir nommé les pommiers ou les poiriers, le chanvre ou le lin, les chênes ou les ormes, &c. L’homme a dû satisfaire ses besoins les plus pressans par le seul sentiment, & indépendamment de toute connoissance acquise : on a joüi du parfum des fleurs dès qu’on s’en est approché, & on a recherché leur odeur sans s’inquiéter du nom de la rose ou du jasmin. Les usages des plantes qui supposent le plus d’expérience, n’ont jamais été indiqués par le nom ou par l’apparence extérieure d’aucune plante ; c’est par un coup heureux du hasard, que l’on a été instruit de l’utilité que l’on pouvoit tirer du riz ou du froment, du caffé & de la vigne. Enfin il y a tout lieu de croire que les plantes usuelles dans la Medecine & dans les Arts, n’ont été nommées qu’après que leur efficacité a été connue : il y en a plusieurs qui ont encore aujourd’hui des noms relatifs à leurs propriétés.