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transportant. Pour mettre les ouvriers & les ouvrages à l’abri, on couvre la fosse d’un attelier provisionnel de charpente.

Au-dedans de la fosse est un mur fait d’une matiere capable de résister au feu : il laisse de l’espace entre son pourtour extérieur & le parement intérieur de la fosse. Cet espace sert pour retirer les cires, mettre le feu aux galeries, observer sans inconvénient si le moule de potée & le noyau sont bien recuits ; & ce mur est fait de grès ou de briques maçonnées avec de l’argile au pourtour, vers le dedans de la fosse. On peut le construire après coup ; il s’appelle mur de recuit.

Les galeries sont des espaces vuides, séparés par des murs de grès, élevés de deux assises de seize pouces d’épaisseur chacune, d’un pié de hauteur, & maçonnées avec de l’argile : elles sont ménagées au fond de la fosse sur un massif de deux rangs de briques, dont celles du premier rang sont sur le plat, & celles du second sur le champ. On distribue les assises de grès de maniere qu’il se trouve un mur plein sous les principaux fers de l’armature, comme les pointals, les jambes du cheval, &c. si l’on fond une statue équestre. C’est ainsi qu’on prévient leur inflexion, que la chaleur pourroit occasionner. Il y a sur les murs des galeries de fortes plates-bandes de fer, entaillées moitié par moitié aux endroits où elles se croisent : elles servent de base à l’armature, & c’est sur ces barres que la grille est posée.

La grille est un assemblage de plusieurs barres de fer plus ou moins espacées, & couchées de niveau en croisant les galeries. Son usage est 1.o de soûtenir le massif sur lequel on éleve le modele de plâtre ; 2.o de porter les briquaillons ; 3.o de lier par en-haut les murs des galeries, qu’on contient encore en ajustant sur leur pourtour extérieur une embrassure de fer, bandée avec des moufles & des clavettes.

Voyez fig. 1. Pl. de la Fonderie en bronze, le plan de la fonderie. A est la fosse ; B le fourneau ; C la chauffe ; D les galeries ; E les plate-bandes de fer ; F l’écheno ; G la grille ; H les portes. Fig. 2. le profil de la fonderie par sa largeur. A le comble de l’attelier ; B la fosse ; C le fourneau ; D les galeries ; E, E, passages pour tourner autour du mur de recuit. Fig. 3. le profil de la fonderie par sa longueur. A, A, le comble de l’attelier ; B la fosse ; C le fourneau ; D la chauffe ; E les galeries ; F passage pour tourner autour des galeries. Fig. 4. les galeries & la grille. A les galeries ; B les murs de grès des galeries ; C la grille de fer ; D les plate-bandes ; E lieu des galeries.

Le modele est en fonderie l’ouvrage même dont le métal doit prendre la forme. On fait les modeles de différentes matieres, selon la grandeur des ouvrages : ils sont de cire jusqu’à la hauteur de deux piés ; d’argile ou de terre à potier, depuis deux piés jusqu’à hauteur d’homme ; & de plâtre, depuis ce terme jusqu’à tout autre. On commence à faire un petit modele, même quand il s’agit d’un grand ouvrage : quand les formes, les grandes parties, l’ensemble, sont arrétés sur ce petit modele, on fait des études particulieres de chacune de ses parties ; on travaille ensuite au grand modele. Comme il est important que ce grand modele reste tel qu’on le travaille, & comme ses parties sont très-pesantes, & qu’on est long-tems à les terminer, on les construit avec beaucoup de solidité, & on les soûtient en-dedans sur un bâti de fer. Pour faire ce bâti, & donner aux fers dont il est assemblé les contours des parties à soûtenir, on dessine contre un mur l’ouvrage dans toute sa grandeur, sous trois points de vûe, de front & des deux côtés ; ce dessein dirige le forgeron. Quand les fers sont préparés, on les assemble sur une piece de bois qui traverse l’ouvrage dans sa lon-

gueur, & l’on assemble cette piece de bois avec son

armature de fer sur une autre qui porte solidement dans les galeries, dans le massif, & sur l’argile : c’est là-dessus qu’on forme le modele avec du plâtre gâché le plus également qu’il est possible. Il ne faut rien épargner pour la perfection du modele ; car le métal fluide prendra toutes ses formes, & rendra ses défauts ainsi que ses beautés.

Le modele achevé, on travaille aux moules : on en fait deux ; l’un en plâtre, qui donne le creux du modele ; & l’autre de potée & d’une terre composée, dont on verra dans la suite l’usage.

Pour faire le moule de plâtre, on commence par déterminer les dimensions de ses parties par des lignes tracées sur l’aire de la fosse ; & ces lignes sont données de position & de grandeur, par des aplombs qu’on laisse tomber des parties saillantes de l’ouvrage. On prend autant de ces points qu’on en a besoin ; & quand ils ont déterminé le pourtour des assises du moule, on ajoûte au-delà de ce pourtour exact quelques pouces pour l’épaisseur même du moule : cette addition donne une nouvelle figure semblable & circonscrite à la précédente. On a soin que les jointures des assises tombent aux endroits les moins remarquables, afin que les balevres occasionnés par les cires soient plus aisés à réparer. La premiere assise se pose sur l’aire de la grille, & à la hauteur du pié de l’ouvrage. On passe à la seconde : il faut que les lits des assises soient bien de niveau, & que les pieces du moule portent bien aplomb les unes sur les autres ; elles en auront plus de solidité, & se replaceront plus facilement.

Entre les pieces de la premiere assise, il est à propos qu’il y en ait une qui traverse sans joint d’un des paremens du moule à l’autre ; elle servira de base à toutes les autres ; elle sera, pour ainsi dire, le centre auquel on les rapportera. On ne manquera pas de pratiquer aux différentes pieces du moule des entailles ou hoches, & des saillies latérales, par le moyen desquelles elles s’assemblent les unes avec les autres, & forment un tout solide.

Mais pour avoir ces parties, voici comment on s’y prend. On huile bien le modele, puis on lui applique du plâtre ; on prend les parties grandes, larges, & plates, tout d’un morceau ; pour les parties creuses & fouillées, comme les draperies, on en fait de petites pieces dans lesquelles on met des morceaux de fil d’archal, tortillés par le bout en spirale ou anneau ; on passe une ficelle dans cet anneau, & on les lie avec une grande piece qui les renferme, & qu’on appelle leur chape ; quand on a pris toutes les parties, on les laisse reposer & faire corps ; on les marque pour en reconnoître l’ordre & la suite, & on les sépare du modele, qu’on repare par-tout où cette opération peut l’avoir gâté.

Voyez Planche III. fig. 2. le moule de plâtre qui est le creux du modele de plâtre de la figure équestre. 1 Entailles ou hoches creuses ; 2 entailles ou hoches de relief ; 3 premiere assise du moule. Fig. 3. le plan de la premiere assise du moule de plâtre, où l’on voit toutes les pieces du moule numérotées dans l’ordre qu’elles ont été faites, depuis 1 jusqu’à 25 ; 26 pointals de l’armature de fer. Les autres assises du moule sont faites dans la même intention, en observant d’assise en assise que les pieces du dessus soient en liaison avec celles du dessous.

Quand on a le moule en plâtre, on s’en sert pour former un modele en cire, tout semblable au modele en plâtre : on donne à la cire l’épaisseur que l’on veut donner à la bronze. Les anciens, dit M. de Boffrand, ne prenoient pas la peine de faire le premier modele de plâtre, qui sert à déterminer l’épaisseur des cires ; après avoir fait leur modele avec de la terre à potier préparée, ou avec du plâtre, ils l’é-