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Calais, (le pas de) on nomme ainsi la partie la plus étroite de la Manche ou du canal qui sépare la France de l’Angleterre.

Calais, (Saint.) Géog. petite ville de France dans le Maine.

CALALOU, (Hist. mod.) ragoût que préparent les dames Créoles en Amérique ; c’est un composé d’herbes potageres du pays, comme choux caraïbes, goment, gombaux & force piment : le tout soigneusement cuit avec une bonne volaille, un peu de bœuf salé ou du jambon. Si c’est en maigre, on y met des crabes, du poisson, & quelquefois de la morue séche. Le calalou passe pour un mets fort sain & très-nourrissant ; on le mange avec une pâte nommée ouangou, qui tient lieu de pain.

CALAMA, (Géog.) ville d’Afrique au royaume d’Alger sur la Malvia.

CALAMALA, (Géog.) ville d’Europe dans la Morée, sur la riviere de Spinarza. Long. 39. 45. lat. 37. 8.

* CALAMBOURG, (Comm.) bois odoriférant dont la couleur tire sur le verd : il differe du calambouc qui vient de la Chine, & qu’on substitue au bois d’aloès. On l’apporte des Indes en bûches. On l’employe en ouvrages de tabletterie, & dans les bains de propreté.

CALAMENT, s. m. (Hist. nat. bot.) calamintha, genre de plante à fleur monopétale labiée, dont la levre supérieure est échancrée, arrondie, & relevée ; & l’inférieure est divisée en trois parties : il sort du calice un pistil, qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui est environné de quatre embryons, qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies & renfermées dans la capsule qui a servi de calice à la fleur. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les fleurs naissent dans les aisselles des feuilles, & tiennent à des pédicules branchus. Tournefort, Inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Le calamintha vulgaris officinarum, est plein d’un sel aromatique, volatil, huileux ; il est stomachique, diurétique, apéritif, & provoque les regles : on peut s’en servir comme du thé : sa décoction en clystere calme les douleurs de la colique, résout les tumeurs œdémateuses, & fortifie les parties. Tournefort. (N)

CALAMIANES, (Géog.) île d’Asie dans la mer des Indes, entre celle de Borneo & les Philippines.

CALAMINE, ou PIERRE CALAMINAIRE, s. f. (Minéral. & Métall.) en Latin calamites, mais plus communément lapis calaminaris, cadmia nativa, ou cadmia fossilis, cadmie fossile, pour la distinguer de la cadmie des fourneaux. C’est une pierre ou terre, qui mêlée au cuivre par le moyen de la partie inflammable du charbon, produit un mixte métallique, qu’on appelle cuivre jaune, ou laiton.

Cette pierre se trouve en plusieurs endroits de l’Europe, comme en Allemagne, en Bohème, en Hongrie, en Pologne, en Espagne, en Angleterre ; il s’en trouve en Berry : le pays de Liége & les environs d’Aix-la-Chapelle en fournissent une grande quantité.

M. Henckel dit, dans sa Pyritologie, que la calamine se trouve ordinairement dans des terres grasses & argilleuses : il n’est pas besoin pour cela de creuser bien avant, attendu qu’elle se présente très-souvent aussi-tôt qu’on a levé la premiere couche ; il arrive même quelquefois qu’elle forme elle-même cette premiere couche. On la trouve aussi mêlée à des mines métalliques, & sur-tout à des mines de plomb, comme on peut le voir dans celles de Goslar & d’Angleterre.

La calamine est ordinairement d’une figure irréguliere : elle ne laisse pas aussi de varier dans sa couleur ; tantôt elle est d’un beau jaune de couleur d’or ; tantôt elle est brune ; quelquefois elle tire sur le rou-

ge : celle de Berry est de cette derniere couleur.

Celle qui est pesante & compacte, est préférable à celle qui est légere & spongieuse ; & celle qui est entremêlée de veines blanches, passe pour la meilleure. L’inconvénient de celle d’Angleterre est d’être mêlée avec beaucoup de plomb ; c’est pour cela qu’on est obligé de lui donner bien des préparations avant de l’employer à faire du laiton, parce que le plomb ne vaudroit rien dans cette opération.

La calamine contient la terre qui sert de base au zinc volatil & inflammable, & à ce qu’on appelle la cadmie des fourneaux : on juge de sa bonté par l’abondance de zinc qui y est contenu, & par le plus ou le moins de mêlange qui s’y trouve d’autres terres limoneuses ou ferrugineuses qui lui sont tout-à-fait étrangeres. On confond quelquefois mal à propos avec la pierre calaminaire beaucoup d’autres minéraux qui lui ressemblent à l’extérieur. Agricola l’a confondue avec une mauvaise espece de mine de cobalt très arsénical, qu’on nomme en Allemand fliegenstein, pierre aux mouches : mais la marque distinctive de la pierre calaminaire, c’est de jaunir le cuivre de rosette, & de contenir du zinc. La regle de M. Marggraf, savant chimiste de l’Académie de Berlin, est que « toute pierre qui mêlée avec des charbons, & qui exposée à l’action la plus véhémente d’un feu renfermé, ne produit point de zinc, ou qui à un feu découvert ne compose point le laiton lorsqu’elle est mêlée avec le cuivre & le charbon, n’est point une pierre calaminaire ».

Il y a néanmoins du choix à faire entre les différentes especes de pierres calaminaires : en effet, il s’en trouve quelques-unes qui augmentent plus, d’autres moins, le cuivre, lorsqu’on en fait du laiton. Voyez l’article Cuivre. Il y en a qui lui donnent une couleur plus ou moins belle, le rendent plus ou moins malléable, lorsque la calamine se trouve mêlée à du plomb ; comme cela est ordinaire à celle de la province de Sommerset en Angleterre ; ou à du fer, comme il arrive à celle de Bohème & à celle du Berry. Il n’est point douteux que ces especes ne rendent le cuivre fragile & cassant, à moins qu’on ne prévienne ces mauvais effets par des torréfactions réitérées avant de mêler la calamine au cuivre, tandis qu’il s’en trouve d’autre qui peut être employée tout de suite sans aucune préparation antérieure. Ce seroit donc se tromper que d’attendre les mêmes effets de toutes sortes de pierres calaminaires.

M. Henckel observe qu’un des phénomenes les plus remarquables de la Chimie, c’est la façon dont la calamine, qui est une terre, s’unit & s’incorpore avec le cuivre qui est un métal, sans lui ôter sa malléabilité. Il conclut de là qu’il y a des terres qui ont la faculté de se métalliser. En effet, du laiton où l’on aura fait entrer un tiers de pierre calaminaire, se laisse travailler avec autant de facilité que le cuivre de rosette le plus pur & le plus fin ; il faut pour cela que l’union qui se fait par ce mêlange soit bien intime & toute particuliere, surtout attendu qu’il est possible de séparer ensuite la calamine du cuivre, sans qu’il arrive aucun changement à ce métal.

Le rapport qui se trouve entre la calamine & le zinc, lui a fait donner par Glauber le nom de cadmie fusible : en effet, comme on a dit, toute bonne pierre calaminaire contient du zinc, & doit être regardée comme la miniere de ce demi-métal. M. Henckel a observé que la calamine de Bohème contient une petite quantité de mauvais fer : elle se trouve mêlée à des pyrites ferrugineuses appellées en Allemand eisenstein ; on peut en tirer du vitriol de Mars, & on la trouve jointe à de l’alun. Ce savant Minéralogiste ne doute point qu’il n’en soit de même de toutes les pierres calaminaires.

La calamine ressemble en quatre points à la cadmie