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Sur les monumens antiques, les dieux d’Egypte sont représentés avec une espece de boisseau sur la tête, qu’on croit être le calathus. Mais il n’y a pas de doute que ce ne soit ce même calathus dont est surmontée la coeffure de Minerve dans une médaille que M. l’abbé de Fontenu a expliquée sous le titre de Minerve Iliade. Mem. acad. des B. L. tom. V. (G)

* CALATISME, s. m. (Hist. anc.) danse ancienne dont il ne nous est parvenu que le nom. V. Danse.

CALATRAVA, (Géog.) ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, sur la riviere de Guadiane, près de la Sierra-Morena, dans un pays nommé Campo di Calatrava. Long. 14. 20. lat. 39. 8.

Calatrava, (Hist. mod.) ordre militaire en Espagne, institué en 1158 par Sanche III. roi de Castille. Les historiens en rapportent l’origine, à ce que ce prince ayant conquis sur les Mores le château de Calatrava, qui étoit alors une forteresse importante, il en confia d’abord la garde aux Templiers, qui ne pouvant défendre cette place, la lui rendirent. Ils ajoûtent, qu’à la sollicitation de Diego Velasquez, moine de Citeaux, & homme de condition, Raimond, abbé de Fitero, l’un des monasteres du même ordre, obtint du roi la permission de défendre Calatrava, & s’en acquita très-bien contre les Mores ; que plusieurs de ceux qui l’avoient accompagné dans cette entreprise, prirent l’habit de l’ordre de Citeaux, sans toutefois renoncer aux exercices militaires. De là, dit-on, se forma l’ordre de Calatrava, qui s’étant beaucoup augmenté sous le regne d’Alphonse le Noble, fut d’abord approuvé par le pape Alexandre III. en 1164, & confirmé par Innocent III. en 1198, & ensuite gouverné par des grands maîtres, dont le premier fut Don Garcias Redon : mais sous Ferdinand & Isabelle, la grande maîtrise fut réunie à la couronne de Castille en 1489. Le premier habit de ces chevaliers étoit la robbe & le scapulaire blanc comme les religieux de Citeaux, & ils ne pouvoient pas se marier : mais les papes les ont dispensés de ces deux regles ; & les quatre-vingts commanderies que cet ordre possede en Espagne, sont ordinairement tenues par des gens mariés. Leurs armes sont d’or à la croix fleurdelisée de gueules. accostée en pointe de deux entraves ou menotes d’azur ; & les chevaliers portent de même sur l’estomac une croix rouge, qui est la marque de leur ordre. (G)

CALAVON, (Géog.) petite riviere de France dans le comté de Provence, qui se jette dans la Durance près de Cavaillon.

CALAW, (Géog.) petite ville de Bohème sur la riviere de Bober.

CALAZEITA, (Géog.) petite ville d’Espagne au royaume d’Arragon, près de la riviere de Mataranna.

CALAZZOPHYLACES, s. m. pl. (Hist. anc.) prêtres ou ministres de la religion chez les anciens Grecs, dont la fonction étoit d’observer les grêles, les orages, & les tempêtes, pour les détourner par le sacrifice d’un agneau ou d’un poulet. Au défaut de ces animaux, ou s’ils n’en tiroient pas un augure favorable, ils se découpoient le doigt avec un canif ou un poinçon, & croyoient ainsi appaiser les dieux par l’effusion de leur propre sang. Ils avoient été institués par Cléon. Leur nom est formé de χάλαζα, grêle, & de φυλάσσω, j’observe, j’épie. Les Ethiopiens ont de semblables charlatans qui se déchiquetent le corps à coups de couteau & de rasoir, pour obtenir la pluie ou le beau tems ; & l’on trouve dans l’Ecriture un exemple des mêmes pratiques, mises en œuvre par les prêtres de Baal que confondit Elie. Voyez Baal, Bellonaires, &c. (G)

CALBARY, (Géog.) riviere d’Afrique au royaume de Benin, qui se jette dans le golfe de Guinée.

CALBE, (Géog.) ville d’Allemagne sur la Saale, au duché de Magdebourg.

CALBOTIN, s. m. est un panier de paille dans lequel les Cordonniers mettent le fil. Voyez la figure 35. & 36. qui en est le profil.

CALCAIRE, (Terre ou Pierre) Hist. nat. & Chimie. L’on nomme ainsi les terres ou pierres qui, exposées à l’action d’un feu convenable, se réduisent en poudre ou en chaux, ou qui sont disposées par le feu à prendre cette forme. M. Pott, savant Chimiste, qui dans son excellent Traité de la Lithogeognosie, a fait un examen tout particulier des différentes especes de terres & pierres, distingue absolument la terre calcaire de la terre gypseuse, avec laquelle cependant presque tous les auteurs la confondent. Suivant ce savant naturaliste, les caracteres distinctifs de la vraie terre ou pierre calcaire sont, de ne point prendre corps lorsqu’elle a été mise en dissolution dans l’eau, sans le secours d’une substance intermédiaire, comme le sable, le ciment, &c. & de se dissoudre dans les acides. On peut même dire en général, que toute terre qui ne se dissout point dans l’eau-forte, ne doit point être appellée une terre calcaire ; le même auteur nomme aussi cette espece de terre alkaline : en effet elle a toutes les propriétés des alkalis. Elle fait effervescence dans tous les acides ; elle s’y dissout, & peut être précipitée par les sels alkalis.

Lorsque la terre ou pierre calcaire a éprouvé l’action du feu, elle est encore plus disposée à se dissoudre dans les acides ; elle attire pour lors l’humidité de l’air, & fait effervescence même dans l’eau commune : c’est ce que nous voyons tous les jours dans la chaux vive.

Les principales especes du genre des calcaires sont, la craie, le marbre, une espece de spath, que M. Pett nomme alkalin, la marne, le lapis judaicus, la pierre de lynx, la pierre à ciment, la terre d’Angleterre, la terre d’alun, le corail, les cendres lessivées, le lapis spongiæ, les os des animaux, & toutes les coquilles calcinées : on la trouve aussi dans quelques ardoises, dans l’argille, le limon, l’ostéocolle, &c. & dans un grand nombre de corps qui ne différent entre eux, que par des choses qui leur sont accidentelles.

C’est la terre calcaire, qui fait la base des os des animaux, où elle se trouve liée par une espece de gluten, qui leur donne la consistance nécessaire ; c’est ce même gluten ou lien qui met aussi toute la différence que nous remarquons entre les substances du genre des calcaires, comme entre la craie & le marbre, la pierre à chaux, & la marne, &c. différence qui ne s’y trouve plus, lorsque le gluten a été chassé par l’action du feu. C’est aussi ce lien qui empêche quelquefois les acides d’agir sur les terres calcaires, comme on peut le voir dans la pierre à chaux, qui ne se dissout point dans l’eau avant d’avoir été brûlée, & dans l’eau forte qui n’agit point sur l’ivoire, quoiqu’il ait été calciné ; parce que l’action du feu n’a pû entierement détruire le gluten qui y lie la terre calcaire.

Les terres calcaires ne peuvent point se vitrifier, ni se mettre en fusion toutes seules & sans addition, quelque violent que soit le feu qu’on y employe ; pour produire cet effet, il faut y joindre une bonne quantité de sel alkali. Cette terre s’unit assez bien aux matieres déjà vitrifiées sans leur ôter leur transparence, pourvû qu’elle n’y soit mêlée qu’en très-petite quantité.

Le savant M. Henckel explique comment nous voyons que plusieurs eaux minérales & sources d’eau chaude participent aux propriétés de la chaux : c’est selon lui, parce que les terres ou pierres calcaires, par-dessus lesquelles ces eaux viennent à passer, sont brûlées & tournées en chaux par l’action du feu ca-