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existent, particulierement un de l’église de Rome fort ancien, qui fut fait vers le milieu du quatrieme siecle, il contenoit les fêtes des payens comme celles des chrétiens ; ces dernieres étoient alors en assez petit nombre. Le pere Mabillon a fait imprimer aussi le calendrier de l’église de Carthage, qui fut fait vers l’an 483. Le calendrier de l’église d’Ethiopie, & celui des Cophtes, publiés par Ludolphe, paroissent avoir été faits après l’année 760. Le calendrier des Syriens imprimé par Genebrard, est fort imparfait ; celui des Moscovites, publié par le pere Papebrock, convient pour la plus grande partie avec celui des Grecs, publié par Genebrard. Le calendrier mis au jour par dom Dachery, sous le titre d’année solaire, ne differe en rien du calendrier de l’église d’Arras. Le calendrier que Beckius publia à Augsbourg en 1687, est selon toute apparence, celui de l’ancienne église d’Augsbourg, ou plûtôt de Strasbourg, qui fut écrit vers la fin du dixieme siecle. Le calendrier Mosarabique, dont on fait encore usage dans les cinq églises de Tolede ; le calendrier Ambrosien de Milan, & ceux d’Angleterre, avant la réformation, ne contiennent rien que l’on ne trouve dans ceux des autres églises occidentales, c’est-à-dire, les saints que l’on honore dans toutes ces églises en général, & les saints particuliers aux églises qui faisoient usage de ces calendriers. Chambers.

Calendrier perpetuel. On appelle ainsi une suite de calendriers relatifs aux différens jours où la fête de Pâque peut tomber ; & comme cette fête n’arrive jamais plûtard que le 25 Avril, ni plûtôt que le 22 Mars, le calendrier perpétuel est composé d’autant de calendriers particuliers, qu’il y a de jours depuis le 22 Mars inclusivement, jusqu’au 25 Avril inclusivement ; ce qui fait 35 calendriers.

On trouve un calendrier perpétuel fort utile & fort bien entendu, dans l’excellent ouvrage de l’Art de vérifier les dates, par des religieux Bénédictins de la congrégation de S. Maur.

Calendrier Rustique, est le nom qu’on donne à un calendrier propre pour les gens de la campagne, dans lequel ils apprennent les tems où il faut semer, planter, tailler la vigne, &c. Ces sortes de calendriers sont ordinairement remplis de beaucoup de regles fausses, & fondées la plûpart sur les influences & les aspects de la lune & des planetes. C’est pourquoi il est bon de distinguer avec soin les regles qui sont fondées sur des expériences exactes & réitérées, d’avec celles qui n’ont que le préjugé pour principe. (O)

CALENGE, s. f. (Jurisprudence.) terme qui se trouve fréquemment dans les anciennes coûtumes, où il se prend tantôt pour débat ou contestation, tantôt pour accusation ou dénonciation judiciaire, &c. tantôt pour défi ou appel.

CALENGER, verbe formé de calenge, a les mêmes significations : en Normandie où il est encore en usage, il signifie barguigner. (H)

CALENTER, s. m. (Hist. mod.) les Perses nomment ainsi le thrésorier & receveur des finances d’une province ; il a la direction du domaine, fait la recette des deniers, & en rend compte au conseil, ou au chan de la province. Voyez Chan.

CALENTURE, s. f. (Medecine.) espece de fievre accompagnée d’un délire subit, commune à ceux qui font des voyages de long cours dans des climats chauds, & surtout à ceux qui passent sous la ligne.

L’histoire suivante donnera une idée de cette maladie, & de la maniere de la traiter.

Un matelot âgé de trente à quarante ans, assez grand, mais fluet, fut attaqué d’une calenture si violente, que quatre de ses camarades suffisoient à peine pour le retenir : il s’écrioit de tems en tems qu’il

vouloit aller dans les champs ; il avoit la vûe égarée, furieuse ; son corps étoit dans une chaleur brûlante, & son pouls fort déréglé, sans aucune vibration distincte. Le Chirurgien du vaisseau tâcha de le saigner : mais quoique la veine du bras fut assez ouverte, il n’en pût jamais tirer une once de sang ; on lui ouvrit la veine du front avec aussi peu de succès ; on passa à la jugulaire, il en sortit deux onces de sang fleuri, après quoi il cessa de couler, quoique l’ouverture fût assez large ; on répéta les saignées, on en tiroit de trois ouvertures à la fois ; le sang couloit plus librement à mesure que les vaisseaux se vuidoient. Après une évacuation considérable, la fievre diminua de même que l’agitation ; le malade avoit la vûe moins égarée, il ne crioit plus ; le pouls devint plus régulier, la chaleur se modéra, & la fureur se rallentit, de façon qu’un seul homme suffisoit pour le contenir. On lui tira environ cinquante onces de sang par les trois ouvertures dont on a parlé : l’ayant fait coucher, on lui donna une once de sirop de diacode dans un verre d’eau d’orge ; après quoi il dormit fort tranquillement pendant quelques heures, & ne sentit en s’éveillant qu’une foiblesse qui venoit du sang qu’on lui avoit tiré, & un malaise par tout le corps produit apparemment par la violence des convulsions qu’il avoit eûes, & des efforts qu’il avoit faits pour s’échapper.

Il est vraissemblable que quand les matelots sont attaqués de cette chaleur violente & de cette maladie, ce qui leur arrive ordinairement pendant la nuit, ils se levent, s’en vont sur le bord, & se jettent dans la mer, croyant aller dans les prés ; ce qui rend cette conjecture d’autant plus vraissemblable, c’est que dans la mer Méditerranée, il arrive souvent en été & dans des tems chauds, que des gens de mer disparoissent sans qu’on sache ce qu’ils sont devenus ; ceux qui restent dans le bâtiment, pensent que tous ceux qui disparoissent ainsi se sont sauvés sans qu’on s’en soit apperçu. Quant à celui dont il est parlé ci-dessus, le Medecin apprit d’un de ses camarades, qu’ayant soupçonné son dessein, il l’avoit saisi, comme il étoit sur le point de s’élancer dans l’eau, & qu’on l’avoit conservé par ce moyen. Si les calentures sont plus fréquentes pendant la nuit que pendant le jour, c’est qu’alors les bâtimens sont plus fermés & reçoivent moins d’air. Philosoph. transact. abr. vol. IV. par le docteur Olivier.

Le docteur Shaw veut qu’on traite cette maladie de la maniere suivante.

Il faut tâcher de procurer du repos : on donnera de l’eau d’orge avec du vin blanc ; on proscrira la biere, & toute liqueur spiritueuse, & on prescrira un régime foible & liquide. Le premier pas qu’on ait à faire dans la cure, c’est de saigner ; il arrive assez souvent que les vaisseaux sont pleins d’un sang si épais, qu’on est obligé d’en ouvrir plusieurs pour évacuer assez de sang ; la veine jugulaire est préférable à celle du bras. Huit ou dix heures après la saignée, on donnera l’émétique, on appliquera au cou un large épispastique, on reviendra à la saignée aussi-tôt qu’on le pourra ; le soir lorsque le malade sera prêt à reposer, on lui donnera un parégorique.

Si la maladie est suffisamment calmée, on ordonnera le purgatif doux qui suit.

Prenez feuilles de séné deux gros & demi, rhubarbe un demi-gros, sel de tartre un demi-scrupule, graine de coriandre broyée un scrupule ; faites infuser le tout dans suffisante quantité d’eau de fontaine ; & sur deux onces & demie de la liqueur passée, ajoûtez sirop solutif de roses six gros ; sirop de corne de cerf deux gros ; esprit de nitre dulcifié, sel volatil huileux, de chacun trente gouttes. Faites-en une potion que le malade prendra deux ou trois fois, selon