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crucialement ou en T, selon qu’on le juge le plus convenable. On disseque les angles, & on emporte la tumeur ; on réunit ensuite les lambeaux des tégumens ; ils se recollent, & on guérit les malades en très-peu de tems.

Lorsque la peau est adhérente à la tumeur, ou que les graisses sont engorgées, si l’on n’emporte tout ce qui n’est pas dans l’état naturel, on risque de voir revenir un cancer avant la guérison parfaite de la plaie, ou peu de tems après l’avoir obtenue : on l’impute alors à la masse du sang, que l’on dit être infectée du virus cancéreux ; virus, de l’existence duquel tout le monde n’est point persuadé. Le préjugé que l’on auroit sur ce point, pourroit devenir préjudiciable aux malades qui ne se détermineroient pas à se faire faire une seconde opération, de crainte qu’il ne vînt encore un nouveau cancer. On a vû des personnes qu’on a guéries parfaitement après s’être soûmises à deux ou trois opérations consécutives. Le cancer est un vice local qui a commencé par un skirrhe, effet de l’extravasation & de l’épaississement de la lymphe : le skirrhe devient carcinomateux par la dissolution putride des sucs épanchés ; dès que les signes qui caractérisent cette dépravation se sont manifestés, on ne peut faire trop tôt l’extirpation de la tumeur, pour empêcher qu’il ne passe de cette matiere putride dans le sang, où elle causeroit une colliquation qu’aucun remede ne pourroit empêcher. Le docteur Turner assûre que deux personnes de sa connoissance perdirent la vie pour avoir goûté de la liqueur qui couloit d’un cancer à la mamelle. Malgré toutes les précautions que puisse prendre un habile Chirurgien, il peut y avoir encore quelques points skirrheux, qui échappant à ses recherches dans le tems de l’extirpation d’un cancer, feront le germe d’un nouveau, qu’il faudra ensuite extirper : alors ce n’est point une régénération du cancer ; c’est une maladie nouvelle, de même nature que la premiere, produite par un germe local qui ne succede point à celui du cancer précédent. On peut en faire l’extirpation avec succès ; ces cas exigent des attentions, & doivent déterminer à faire faire usage des délayans, des fondans, & des apéritifs tant internes qu’externes. J’ai vû faire deux & même trois fois l’opération avec succès : si la masse du sang est atteinte de colliquation, on ne doit pas craindre la production d’un nouveau cancer ; on se dispense absolument de faire une opération, qui en ôtant la maladie, n’affranchiroit pas la malade d’une mort certaine ; on se contente alors d’une cure palliative. L’expérience a prouvé l’utilité des préparations de plomb dans ces cas : on peut appliquer sur le cancer ulcéré des remedes capables d’agir par inviscation sur les sucs dépravés ; les remedes coagulans qui donneroient de la consistance aux sucs exposés à l’action de l’humeur putride, pourroient les mettre, du moins quelque tems, à l’abri de la dissolution. M. Quesnay persuadé que la malignité de l’humeur cancéreuse dépendoit d’une dépravation alkaline, a pensé que les plantes qui sont remplies d’un suc acerbe, devoient modérer la férocité de cette humeur ; il a fait l’essai du sedum vermiculare dans quelques cas avec beaucoup de succès.

Lorsque le cancer occupe toute la mamelle, & que la masse du sang n’est point en colliquation, on peut amputer cette partie : pour faire cette opération, après les préparations générales, on met la malade en situation. Le Chirurgien placé à droite, soûleve la mamelle avec sa main gauche, & la tire un peu à lui ; il tient de l’autre main un bistouri avec lequel il incise la peau à la partie inférieure de la circonférence de la tumeur. Il introduit ses doigts dans cette incision pour soûlever la tumeur & la décoller de dessus le muscle pectoral ; & avec son bis-

touri il coupe la peau à mesure qu’il disseque la tumeur.

Il doit prendre garde de couper la peau en talud pour ne pas découvrir les houpes nerveuses, ce qui rendroit les pansemens très-douloureux ; s’il restoit quelques pelotons graisseux affectés à la circonférence de la plaie ou vers l’aisselle, il faudroit les extirper. On panse la plaie avec de la charpie brute ; je suis dans l’usage de faire une embrocation tout autour de la plaie avec l’huile d’hypericum ; je pose des compresses assez épaisses sur la charpie, & je contiens le tout avec le bandage de corps, que j’ai soin de fendre par une de ses extrémités pour en former deux chefs, dont l’un passe au-dessus, & l’autre au-dessous de la mamelle saine, afin qu’elle ne soit point comprimée. Voyez Bandage de corps. Je ne leve l’appareil que le troisieme ou quatrieme jour, lorsque la suppuration le détache, & je termine la cure comme celle des ulceres. Voyez Ulcere.

L’on a fait graver quelques figures pour l’intelligence des choses qui viennent d’être dites, & pour qu’on puisse juger des anciennes méthodes de pratiquer l’opération du cancer.

Planche XXVIII : fig. 3. cancer occulte à la mamelle droite, & qui n’en occupoit qu’une partie.

Fig. 4. La cicatrice qui reste après l’extirpation méthodique d’une pareille tumeur.

Fig. 5. Autre cancer qui occupe toute la mamelle, & dont on a fait l’extirpation avec succès.

Fig. 6. Méthode que les anciens prescrivoient pour l’opération du cancer. Lorsqu’ils avoient passé deux fils en croix sous la tumeur, ils soûlevoient la mamelle, & l’amputoient comme on voit Planche XX. fig. 1. cette méthode est absolument proscrite pour sa cruauté & ses imperfections.

Planche XX. fig.. 2. Fourchette que l’on a crû pouvoir substituer aux points d’aiguille, pour soulever les tumeurs dont le volume est considérable.

Fig. 4. Autre instrument pour les petites tumeurs.

Fig. 3. Instrument tranchant comme un rasoir pour l’amputation de la mamelle.

Fig. 5. Nouvel instrument avec lequel on embrasse la mamelle, comme on voit fig. 6. la branche moyenne est d’acier & tranchante sur sa convexité.

Ces instrumens ne peuvent servir qu’à une opération défectueuse. Les figures sont d’après M. Heister, dans ses Instituts de Chirurgie. (Y)

Cancer, (en Astronomie.) est un des douze signes du zodiaque : on le représente sur le globe sous la forme d’une écrevisse, & dans les ouvrages d’Astronomie, par deux figures placées l’une auprès de l’autre, & assez semblables à celles dont on se sert pour exprimer soixante-neuf en Arithmétique, 69. Voyez Signe, Constellation.

Ptolomée compte 13 étoiles dans le signe du cancer ; Ticho, 15 ; Bayer & Hevelius, 29 ; Flamsteed, 71 au moins.

Tropique du Cancer, (en terme d’Astronomie.) est un des petits cercles de la sphere, parallele à l’équateur, & qui passe par le commencement du signe du cancer. Ce tropique est dans l’hémisphere septentrional, & est éloigné de l’équateur de 23d . Voyez Tropique. Voyez aussi Sphere. (O)

CANCHE, (Géog.) riviere de France, en Picardie, qui prend sa source en Artois.

CANCHES, (Géog.) Sauvages de l’Amérique méridionale, au Pérou.

CANCHEU ou CANTCHEOU, (Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Kiangsi, capitale d’un pays qui porte le même nom. Long. 133. 32. lat. 25. 53.

CANCRE, voyez Crabe.