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diterranée. On en trouve à Rome & à Genes. Sa chair a la même qualité que celle de la dorade, du sparaillon, du sargo, &c. Willughby, Hist. pisc. Voy. Poisson. (I)

CANTHUS, s. m. (terme d’Anatomie.) est le coin ou angle de l’œil, formé par la commissure ou jonction de la paupiere supérieure & de l’inférieure. Voyez Œil.

L’angle qui est du côté de l’œil, s’appelle le grand canthus, ou le canthus interne ; celui qui est du côté des tempes s’appelle petit canthus, ou canthus externe. (L)

CANTILLANA, (Géog.) petite ville & comté d’Espagne, dans l’Andalousie, sur le Guadalquivir.

CANTIMARONS, ou CATIMARONS, s. m. (Marine.) ce sont deux ou trois canots de piés d’arbres, croisés & liés ensemble avec des cordes de coco, qui soûtiennent des voiles de nattes en forme de triangle, dont les Negres de la côte de Coromandel se servent pour aller pêcher, & même trafiquer de proche en proche. Ceux qui les conduisent sont ordinairement à demi dans l’eau, assis les jambes croisées, n’y ayant qu’un endroit un peu élevé vers le milieu, pour mettre leurs marchandises. Ils ne font aucune difficulté d’aller à dix ou douze lieues au large ; ils vont très-vîte pour peu qu’il vente. (Z)

CANTINE s. f. dans l’Art militaire, est le lieu où l’on fournit aux soldats de la garnison l’eau-de-vie, le vin & la biere à un certain prix beaucoup au-dessous de celui des cabarets. C’est un privilége particulier que le Roi veut bien accorder à ses troupes.

Il y a aussi des cantines pour les fournir de tabac. (Q)

CANTIQUE, s. m. (Hist. & Bell. lett.) discours ou paroles que l’on chante en l’honneur de la divinité.

Les premiers & les plus anciens cantiques furent composés en mémoire de quelques évenemens mémorables, & doivent être comptés entre les premiers monumens historiques.

« Le genre humain s’étant multiplié, dit un auteur moderne, & Dieu ayant fait éclater sa puissance en faveur du juste, contre l’injuste, les peuples reconnoissans immortaliserent le bienfait par des chants qu’une religieuse tradition fit passer à la postérité. C’est de-là que vinrent les cantiques de Moyse, de Debora, de Judith ; ceux de David & des prophetes. » Voyez Pseaume.

M. Fourmont prétend qu’il y a dans les pseaumes & dans les cantiques des Hébreux, des dictions étrangeres, des expressions peu usitées ailleurs, des phrases dont les mots sont transposés ; que leur style, comme celui de nos odes, en devient plus hardi, en paroît plus pompeux & plus énergique ; qu’on y trouve des strophes, des mesures & différentes sortes de vers, & même des rimes. Voyez Rime.

Ces cantiques étoient chantés par des chœurs de musique, au son des instrumens, & souvent accompagnés de danses, comme il paroît par l’écriture. La plus longue piece qu’elle nous offre en ce genre est le Cantique des cantiques, ouvrage attribué à Salomon, & que quelques auteurs prétendent n’être que l’épithalame de son mariage avec la fille du roi d’Egypte. Mais les Théologiens prouvent que sous cet emblème, il s’agit de l’union de Jesus-Christ avec l’Église.

« Quoique les Payens, dit encore l’auteur que nous avons déja cité, se trompassent dans l’objet de leur culte, cependant ils avoient dans le fonds de leurs fêtes le même principe que les adorateurs du vrai Dieu. Ce fut la joie & la reconnoissance qui leur fit instituer des jours solemnels pour célébrer les dieux auxquels ils se croyoient redevables de leur récolte. De là vinrent ces chants de joie

qu’il nommoient Dithyrambes, parce qu’ils étoient consacrés au dieu qui, selon la Fable, eut une double naissance, c’est-à-dire, à Bacchus..... Après les dieux, les héros enfans des dieux devinrent les objets de ces chants..... C’est ce qui a produit les poëmes d’Orphée, de Linus, d’Alcée, de Pindare, &c. » Voyez Dithyrambe & Ode. Cours de Bell. lett. tom. II. p. 28 & 29.

Au reste ni parmi les Hébreux ni parmi les Payens, les cantiques n’étoient pas tellement des expressions de la joie publique, qu’on ne les employât aussi dans les occasions tristes & lugubres ; témoin ce beau cantique de David sur la mort de Saül & de Jonathas, qu’on trouve au II. livre des Rois, chap. j. Ces sortes de cantiques ou d’élégies eurent tant de charmes pour les Hébreux, qu’ils en firent des recueils, & que long-tems après la mort de Josias, ils répétoient les plaintes de Jérémie sur la fin tragique de ce roi. II. Paralip. ch. xxxv.

Les anciens donnoient encore le nom de cantiques à certains monologues passionnés & touchans de leurs tragédies, qu’on chantoit sur le mode hypodorien & hypophrygien, comme nous l’apprend Aristote au xix. de ses Problèmes, à peu-près comme certains monologues qui, dans quelques tragédies de Corneille, sont en stances de vers irréguliers, & qu’on auroit pû mettre en musique. Telles sont les stances du Cid, celles de Polieucte qui sont très-belles, & celles d’Héraclius : au reste l’usage de ces stances paroit entierrement banni de nos Tragédies modernes. Voyez Stances. (G)

CANTON s. m. (Hist. mod.) quartier d’une ville que l’on considere comme séparé de tous les autres. Voyez Quartier.

Ce mot paroît dérivé de l’Italien cantone, pierre de coin.

Le mot canton est plus communément employé pour désigner une petite contrée ou district, sous un gouvernement séparé.

Tels sont les treize Cantons Suisses, dont chacun forme une république à part. Ils sont cependant liés ensemble, & composent ce qu’on appelle le Corps Helvetique, ou république des Suisses. (G)

Canton, (en terme de Blason.) est une des neuf pieces honorables des armoiries. C’est une partie quarrée de l’écu séparée des autres. Elle n’a aucune proportion fixe, quoiqu’elle doive être, suivant les regles, plus petite que le quartier. Elle est souvent la neuvieme partie de l’écu, & on l’employe comme une addition ou différence, & souvent pour marque de bâtardise.

Le canton est quelquefois placé au coin dextre & quelquefois au senestre ; & dans ce cas on l’appelle canton senestré. Sa forme est représentée dans planch. Herald. On dit, il porte d’hermine au canton d’argent chargé d’un chevron de gueules.

Les espaces que laissent les croix & les sautoirs sont aussi nommés cantons. (V)

Canton. Voyez Quan-ton.

CANTONNÉ, adj. (terme d’Architecture.) On dit qu’un bâtiment est cantonné, quand son encoignure est ornée d’une colonne ou d’un pilastre angulaire, ou de chaînes en liaison de pierres de refend ou de bossages, ou de quelques autres corps qui excedent le nud du mur. Les anciens nommoient les pilastres qui étoient aux encoignures antes, & les temples où il y avoit de ces pilastres temples à antes.

Cantonné, (en terme de Blason) se dit lorsque les espaces que les croix & les sautoirs laissent vuides, sont remplis de quelques figures.

Remond de Modene en Provence, de gueules à la croix d’argent, cantonné de quatre coquilles de même. (V)

CANTONNER des troupes, (Art milit.) c’est