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un rouleau de bois tourné & également épais, suivant la grosseur déterminée pour la piece d’artifice qu’on veut faire. Les rouleaux étant faits, on coupe le carton ou le papier qu’on veut employer, de la grandeur convenable à la piece qu’on veut faire, & parce que le développement d’un cylindre est un parallélogramme ou quarré long ; il n’y a point de façon dans cette coupe.

Les épaisseurs des cartouches doivent être proportionnées, non-seulement à la grosseur des artifices, mais encore à la force du feu que produisent les matieres dont ils sont remplis, laquelle vient de leur qualité plus ou moins vive, & d’un volume de flamme plus ou moins grand. Premierement, ils sont plus ou moins forts, suivant la qualité & la force du papier ou du carton dont ils sont faits. Secondement, ils dépendent encore d’une exacte application de chaque feuille dans toute l’étendue de la révolution sur le rouleau qui sert à les former ; car lorsqu’elles ne laissent pas de vuide entr’elles, leur résistance n’est pas divisée par parties interrompues, mais répandue sur toute la circonférence, ensorte qu’elle en devient plus grande.

Les cartouches étant bien faits, & en tel nombre qu’on veut, on les range proprement sur une planche, de maniere qu’ils ne se touchent pas, pour les faire sécher doucement à l’ombre, parce qu’ils se décolent & se courbent lorsqu’on les fait sécher trop vîte au soleil, ou trop près du feu : là on a soin de les tourner de tems en tems, pour qu’ils sechent également de tous côtés, & qu’ils ne se défigurent pas.

Lorsque les cartouches sont à peu près à moitié secs, il faut les étrangler par un bout, c’est-à-dire, en resserrer tellement l’ouverture, qu’il n’y reste qu’un trou de grandeur à recevoir une branche de fer qui doit y entrer ; quelquefois il faut les fermer tout-à-fait pour les remplir de matiere combustible.

Il n’y a qu’un tems propre pour cette opération ; parce que si les cartouches sont trop humides, ils se chiffonnent & se coupent ; s’ils sont trop secs, ils font trop de résistance ; on ne peut les étrangler qu’avec une grande force qui fait souvent casser la corde ou la ficelle dont on se sert.

La maniere ordinaire d’étrangler un cartouche, est de le comprimer si fort par un tour de ficelle, que le carton s’enfonce dans lui-même par de petits plis rentrans qui en bouchent l’orifice ou en tout, ou en partie, suivant l’usage qu’on en doit faire.

Pour cet effet, on a une petite corde ou ficelle faite exprès de grosseur proportionnée aux cartouches qu’on veut étrangler, appellée filagore, qu’on attache par un bout à un poteau solide, à la hauteur de trois à quatre piés ; & à l’autre bout on fait une boucle, dans laquelle on introduit le milieu d’un bâton d’environ dix-huit à vingt pouces de long, qu’on fait passer sous les fesses, comme si l’on vouloit s’asseoir dessus.

On frotte la filagore de savon, & l’on prend d’une main le cartouche dans lequel on a mis le rouleau jusqu’à un demi-pouce près du bout qu’on veut étrangler, plus ou moins suivant la grosseur du cartouche, & de l’autre on tient dans son orifice un bout de rouleau avancé seulement en-de dans de quelques lignes ; ensorte qu’il reste un certain intervalle vuide entre les deux bouts de bois, dans lequel le carton pressé par la ficelle, puisse s’enfoncer & resserrer en cet endroit son ouverture, ou tout-à-fait, ou seulement autant qu’il faut pour y introduire une broche de fer de la grosseur convenable à la lumiere par laquelle on doit donner le feu à l’artifice.

Sur cet espace vuide, on fait passer deux tours de la ficelle qu’on tend fortement en se reculant, comme pour s’asseoir sur le bâton dont on vient de parler ; desorte qu’elle fait un tel effort sur le cartouche,

qu’elle l’enfonce & y grave sa trace : mais comme elle s’enfonceroit plus d’un côté que de l’autre, on a soin de tourner le cartouche pour exposer successivement sa circonférence au point où se fait la plus grande pression de la ficelle ; par ce moyen, elle se grave également tout au tour, & il se forme à l’orifice une gorge fort réguliere en façon d’écuelle. Lorsque l’orifice est fermé au point qu’on le demande, on dégage le cartouche de la filagore, & on lui substitue aussi-tôt un lien de plusieurs tours de gros fil ou de ficelle à paumier, qu’on arrête avec un nœud coulant, pour empêcher que le ressort du carton ne fasse r’ouvrir la partie étranglée. Ceux qui desireront s’instruire plus à fond sur cette matiere, n’ont qu’à consulter le Traité des feux d’artifice de M. Frezier, où ils trouveront un détail qui n’eût aucunement convenu à un Dictionnaire.

CARTULAIRES, s. f. pl. (Hist. mod.) nom qu’on donne aux papiers terriers des églises ou des monasteres, où sont écrits les contrats d’acquisition, de vente, d’échange, les priviléges, immunités, exemptions, chartres, & autres titres primordiaux. Ces recueils sont de beaucoup postérieurs à la plûpart des actes qui y sont compris ; on ne les a même inventés que pour conserver des doubles de ces actes. Ce qui fait que les critiques soupçonnent ces actes de n’être pas toûjours authentiques, soit qu’on y en ait glissé de faux, soit qu’on ait alteré les véritables. (G)

CARVI, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, disposées en ombelles, & composées de plusieurs pétales faits en forme de cœur, inégaux, rangés en rond, & soûtenus par le calice, qui devient un fruit composé de deux petites semences renflées & cannelées d’un côté, & plates de l’autre. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont légerement découpées, & rangées par paires le long d’une côte. Tournefort, Inst. rei hab. Voyez Plante. (I)

Le carvi officinarum, C. B. Pin. 158. est d’usage en Medecine sa semence est une des semences chaudes ; elle est stomacale, carminative, bonne contre la colique & la foiblesse d’estomac ; propre pour aider la digestion, pour exciter l’urine, & augmenter le lait des nourrices.

Ses préparations officinales sont sa semence confite avec du sucre, & l’huile qu’on en tire par la distillation.

L’huile essentielle de carvi est acre & fort pénétrante ; on l’ordonne à cinq ou six gouttes dans l’huile d’amandes douces. Pour la surdité on en met quelques gouttes dans de bon esprit-de-vin, que l’on injecte dans l’oreille. (N)

CARULOM, (Géog.) petite riviere de Bulgarie, qui tombe dans le Danube, près de Nicopoli.

CARUS, s. m. de κάρος, sommeil profond, terme de Medecine, espece de maladie léthargique qui consiste dans un profond assoupissement, avec privation subite du sentiment & du mouvement, & accompagné d’une fievre aiguë.

Le carus differe du coma, en ce que le malade affligé du coma, répond lorsqu’on lui parle, ce que ne fait pas celui qui est affligé du carus. Voyez Coma.

Il differe de la léthargie par la fievre dont il est accompagné : au lieu que la léthargie est sans fievre, & que de plus si on agite ou qu’on pique la personne en léthargie, le sentiment lui revient ; ce qui n’arrive pas de même dans le carus. Voyez Léthargie.

Il differe de l’apoplexie propre, en ce qu’il laisse la respiration libre : au lieu qu’elle ne l’est jamais dans l’apoplexie. Voyez Apoplexie.

Il differe de l’épilepsie, en ce que le malade n’est point agité dans le carus, & n’écume pas comme il fait dans l’épilepsie. Il differe de la syncope, en ce que dans le carus le pouls est élevé & le visage rouge ; au