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heurs, la mort dans l’impénitence : c’est un homme qui s’est exposé à nuire à beaucoup d’autres, pour guérir du mal dont il étoit attaqué. Voyez l’article Certitude. Mais celui qui défigure la morale tend à rendre les autres méchans, sans l’espérance d’en devenir lui-même meilleur.

Au reste, quel que soit le parti qu’on prenne dans cette question, l’équité veut qu’on distingue bien la personne de l’opinion, & l’auteur de l’ouvrage : car c’est bien ici qu’on a la preuve complete que les mœurs & les écrits sont deux choses différentes. La foule des casuistes que Pascal a convaincus de relâchement dans les principes, en offre à peine un seul qu’on puisse accuser de relâchement dans la conduite : tous ne semblent avoir été indulgens que pour les autres : c’est au pié du crucifix, où l’on dit qu’il restoit prosterné des jours entiers, qu’un des plus fameux d’entr’eux résolvoit en Latin ces combinaisons de débauches si singulieres, qu’il n’est guere possible d’en parler honnêtement en François. Un autre passe pour l’avoir disputé aux peres du desert par l’austérité de sa vie. Mais nous ne nous étendrons pas davantage sur les mœurs des Casuistes : c’est bien assez d’avoir montré qu’elles n’avoient rien de commun avec leurs maximes.

Cas reservés, dans la Discipline ecclésiastique, sont certains péchés atroces dont les supérieurs ecclésiastiques se réservent l’absolution à eux-mêmes, ou à leurs vicaires généraux. Il y a quelques cas réservés au pape, suivant un ancien usage ou consentement des Eglises : autrefois il falloit aller à Rome pour en être absous ; à présent le pape en donne le pouvoir par des facultés particulieres, aux évêques & à quelques prêtres.

Les cas réservés au pape, suivant le rituel de Paris, sont 1°. l’incendie des églises & celle des lieux profanes, si l’incendiaire est dénoncé publiquement ; 2°. la simonie réelle dans les ordres & les bénéfices, & la confidence publique ; 3°. le meurtre ou la mutilation de celui qui a les ordres sacrés ; 4°. frapper un évêque ou un autre prélat ; 5°. fournir des armes aux infideles ; 6°. falsifier les bulles ou lettres du pape ; 7°. envahir ou piller les terres de l’Eglise Romaine ; 8°. violer l’interdit du saint-siége.

Les cas réservés à l’évêque sont 1°. frapper notablement un religieux ou un clerc in sacris ; 2°. l’incendie volontaire ; 3°. le vol dans un lieu sacré avec effraction ; 4°. l’homicide volontaire ; 5°. le duel ; 6°. machiner la mort de son mari ou de sa femme ; 7°. procurer l’avortement ; 8°. frapper son pere ou sa mere ; 9°. le sortilege ou empoisonnement, & la divination ; 10°. la profanation de l’eucharistie ou des saintes huiles ; 11°. l’effusion violente de sang dans l’église ; 12°. la fornication dans l’église ; 13°. abuser d’une religieuse ; 14°. le crime du confesseur avec sa pénitente ; 15°. le rapt ; 16°. l’inceste au deuxieme degré ; 17°. la sodomie, & autres péchés semblables ; 18°. le larcin sacrilege ; 19°. le crime de faux, faux témoignage, fausse monnoie, falsification de lettres ecclesiastiques ; 20°. simonie & confidence cachée ; 21°. supposition de titre ou de personne à l’examen pour la promotion aux ordres.

Les réservations sont différentes suivant l’usage des dioceses, & elles sont fort utiles pour donner plus d’horreur des grands crimes, par la difficulté d’en recevoir l’absolution. Le prêtre pénitencier est établi principalement pour absoudre de ces cas : mais à l’article de la mort il n’y a ni réservation de cas, ni distinction de confesseur ; tout prêtre peut absoudre celui qui se trouve en cet état, pourvû qu’il ait donné quelque signe de pénitence. Fleury, Instit. au Droit ecclés. tome I. part. 2. chap. iv. page 288. & suiv.

Il y a aussi dans les couvens des cas réservés par les

chapitres, dont il n’y a que les supérieurs qui ayent droit d’absoudre. (G)

CASAL, (Géog.) ville forte d’Italie, capitale du Montferrat, avec une citadelle. Elle est sur le Pô. Long. 26. 4. lat. 45. 7.

Casal-maggiore, petite ville forte d’Italie située sur le Pô, au duché de Milan. Long. 27. 50. lat. 45. 6.

CASALE-NUOVO, (Géog.) petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans le pays d’Otrante.

Casale-pusturlengo, (Géog.) petite ville d’Italie dans le duché de Milan, au territoire de Lodi.

CASAIMACH, (Géog.) grande riviere d’Asie dans la Natolie, qui se jette dans la mere Noire.

CASAMANCE, (Géog.) riviere d’Afrique au royaume de Mandiga.

CASAN, (Géog.) ville considérable d’Asie, capitale du royaume du même nom, dans l’empire Russien, avec un château fort. Elle est sus le Casanka. Sa long. est 69. lat. 55. 38.

Le royame de Casan est fertile en fruits, grains, & légumes ; il s’y fait grand commerce de pelleteries & de bois pour construire les vaisseaux.

CASANGAS, (Géog.) nation d’Afrique dans la Nigritie, auprès de la riviere de Casamance.

CASAQUE, s. f. (Hist. med.) espece de surtout ou d’habit long de dessus qui se porte sur les autres habits, qui est sur-tout en usage en Angleterre parmi les ecclésiastiques, & que les laïques portoient aussi autrefois.

Ce mot signifie habit de cavalier : d’autres le font venir par corruption d’un habillement des Cosaques. Covarruvias le fait venir de l’Hébreu casach, qui signifie couvrir ; d’où a été tiré le Latin casa, cabane, & casula, diminutif du premier. Enfin il y en a qui veulent que ce mot, ainsi que la chose qu’il signifie, vienne de caracalla, espece d’habit de dessus qui pendoit jusqu’aux talons. (G)

CASASA, ville & port d’Afrique en Barbarie, dans la province de Garet.

CASAVA, (Commerce.) monnoie des Indes que l’on écrit & que l’on prononce gasava. Voyez Gasava.

CASAUBON, (Géog.) petite ville de France dans la province d’Armagnac, sur la riviere de Douze.

CASBA, (Géog.) ville d’Afrique au royaume de Tunis.

CASBIN ou CASWIN, grande ville de Perse dans l’Irac, proche de la montagne d’Elwend. Long. 67. 35. lat. 36. 30.

CASCADE, s. f. (Hydraul. des Jard.) est une chûte d’eau qui tombe d’un lieu élevé dans un plus bas.

On en distingue de deux sortes ; la cascade naturelle, & l’artificielle.

La naturelle, occasionnée par l’inégalité du terrein, se nomme cataracte : telle est la cascade de Tivoli, de Terni, de Schafhouse, &c.

L’artificielle, dûe à la main des hommes, tombe en nappes, comme la riviere de Marly ; en goulettes, comme on en voit dans les bosquets de S. Cloud ; en rampe douce, comme celle de Sceaux ; en buffets, comme à Trianon & Versailles ; ou par chûtes de perrons, comme la grande cascade de S. Cloud.

On dit encore grande & petite cascade, qui se placent dans une niche de charmille ou de treillage, soit dans le milieu d’un fer à cheval, soit à la tête d’une piece d’eau. (K)

Méthode des cascades, (Algebre.) est le nom que M. Rolle, géometre de l’Académie des Sciences, a donné autrefois à une méthode qu’il avoit imaginée pour résoudre les équations. Il la publia en 1690 dans son traité d’Algebre. Par cette méthode on ap-