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plus sensibles dans le tuyau incliné BEC, que si ce tuyau étoit vertical, & d’autant plus sensibles, que le tuyau sera plus incliné, puisque le mercure, pour s’élever, par exemple, d’une ligne en hauteur perpendiculaire, aura trois ou quatre lignes ou même davantage à parcourir dans la longueur du tuyau. Cette invention est pourtant sujette à plusieurs inconvéniens ; car la surface du mercure dans le tuyau BE, n’est pas parallele à l’horison, mais elle est convexe & inclinée ; or cela posé, il est difficile de savoir à quel point on doit fixer la hauteur du mercure. De plus le coude qui est en B, rend la surface du tuyau fort raboteuse en cet endroit là, & les inégalités de la surface produisant une résistance à l’abaissement ou à l’élevation du mercure, les variations de ce barometre ne sont pas aussi promtes qu’elles le devroient être. Ce dernier inconvénient est d’autant plus grand, que le tuyau BEC fait un plus grand coude en B ; ainsi la sensibilité, pour ainsi-dire, des variations de ce barometre est alors compensée par leur lenteur. Mussch.

Barometre à roue : c’est une invention du docteur Hook, qui rend les altérations de l’air plus sensibles ; il est composé d’un barometre commun vertical, auquel on ajoûte deux poids A & B (fig. 5.) pendus à une poulie, dont l’un est en liberté à l’air, & l’autre restant sur la surface du mercure dans le tuyau, s’éleve & s’abaisse avec lui. Le poids A communique son mouvement à la poulie, & cette poulie a autour de son pivot une longue aiguille LK, qui montre sur un grand cercle gradué MNOP, les variations de la hauteur du mercure dans le barometre. De plus, le tuyau du barometre est surmonté d’un gros globe AB, & la petite boule B, qui est en liberté dans l’air, est à peu-près égale en-pesanteur à la boule A. Comme le globe AB a beaucoup de diametre par rapport à celui du tuyau, un abaissement peu considérable du mercure dans ce globe, peut faire monter le mercure dans le tuyau FA, jusqu’à la hauteur de trois pouces. Supposons maintenant que toute la circonférence de la poulie FD soit de trois pouces ; elle fera donc un tour lorsque le mercure montera ou s’abaissera de trois pouces, de sorte que l’aiguille LK fera alors un tour aussi ; & si le diametre du cercle M N OP est d’un pié, le mercure ne pourra s’abaisser ou s’élever de trois pouces, que l’aiguille ne parcoure environ trois piés. Ce barometre montre assez bien les variations considérables de la hauteur du mercure : mais aussi-tôt que le mercure vient à baisser ou à monter dans le tuyau AF, & qu’il ne fait par conséquent que commencer à devenir un peu convexe ou un peu concave, la petite boule A n’a pas assez de mouvement pour faire tourner un peu la poulie SD, parce que cette poulie est sujette à quelque frottement sur son axe : ce qui empêche d’appercevoir les variations peu considérables de la hauteur du mercure : mais lorsque la poulie commence à se mouvoir, son mouvement est plus grand qu’il ne devroit être alors. Voilà sans doute un inconvénient auquel on ne peut remédier qu’avec beaucoup de peine. Ce barometre est encore sujet à d’autres inconvéniens qu’on a eu soin de marquer dans les Transactions Philosophiques, n. 185. p. 241. aussi n’en fait-on aucun usage. Mussch.

Barometre conique : c’est une machine plûtôt curieuse qu’utile. Elle consiste en un tuyau conique verticalement placé, dont l’extrémité supérieure, & qui est la plus petite, est fermée hermétiquement. Ce barometre n’a point de vaisseau ou de bassin, sa figure conique y suppléant, pourvû que l’extrémité inférieure de ce tuyau ait un diametre fort petit : car alors le mercure se soûtient de lui-même dans ce tuyau, étant soûtenu par les particules de l’air, comme par un piston solide ou un fond. Quand ce tuyau est

rempli, si le mercure s’y soûtient, son poids est équivalent au poids de l’atmosphere ; & si l’atmosphere varie, le mercure montera ou descendra. Ainsi quand le poids de l’atmosphere s’augmente, le mercure est chassé dans la partie du tuyau la plus étroite ; & par ce moyen la colonne est étendue, & son poids est augmenté. Au contraire, quand l’atmosphere décroît, le mercure s’abaisse dans la partie la plus large du tuyau ; & par ce moyen sa colonne est plus courte, & sa pression conséquemment est affoiblie.

Pour rendre ceci plus intelligible, supposons que ce barometre soit représenté par le tuyau AB (fig. 6.) qui est conique, & que ce tuyau étant renversé, se trouve rempli de trente pouces de mercure depuis A jusqu’à C ; & comme la variation da mercure dans le barometre est de trente à vingt-sept pouces, supposons que la même quantité de mercure AC dans la partie inférieure du tuyau DB, ait la hauteur DB de vingt-sept pouces ; alors il est certain que, lorsque le mercure se trouvera dans le barometre ordinaire à la hauteur de trente pouces, le mercure dans le tuyau AB occupera l’espace AC ; & quand le mercure sera dans le barometre à vingt-sept pouces, le mercure du tuyau occupera l’espace DB ; ainsi la variation du mercure dans le barometre sera depuis A jusqu’à D, qui est un espace de près de trente pouces, pendant que cette variation ne sera que de trois pouces dans le barometre ordinaire. Ce barometre est de l’invention de M. Amontons. Mussch.

L’inconvénient de ce barometre est que pour empêcher le mercure & l’air de changer de place, & de se mêler ensemble, il faut que le diametre intérieur du tuyau soit très-petit ; & cette petitesse rend le frottement de la liqueur si sensible, qu’elle peut l’empêcher d’agir librement ; ainsi cet instrument n’est guere bon que pour les Marins qui n’y regardent pas de si près, & qui s’en servent depuis trente-cinq ans, parce qu’il est fort commode. En effet, il suffit de le renverser lorsqu’on le veut garder ; & quand on veut connoître le poids de l’air, il suffit de prendre le tuyau à la main, & de le tenir dans une situation verticale. Pour empêcher que le mercure n’en sorte par en-bas, comme il pourroit arriver dans les mouvemens violens du vaisseau, on met au-dessous du tuyau, proche de B, un peu de coton à travers lequel l’air passe librement ; & s’il arrive alors par quelque accident qu’il tombe un peu de mercure de la colonne AD, il suffit de retourner le tuyau ; & ce qui est tombé se rejoint d’abord à la colonne. Il y a encore un autre barometre à l’usage des Marins. Ce barometre qui a été aussi inventé par le docteur Hook, pour pouvoir servir sur mer, où le roulis du vaisseau rendroit les autres impraticables, n’est autre chose qu’un thermometre double, ou deux tubes à demi remplis d’esprit-de-vin, dont l’un est fermé hermétiquement par les deux bouts, & renferme une certaine quantité d’air ; & l’autre est fermé par un bout, & ouvert par l’autre. Or l’air, comme l’on sait, agit sur l’esprit-de-vin, & le fait monter par deux raisons ; par sa propre gravité, comme dans le tube de Torricelli ; & par sa chaleur, comme dans le thermometre. Si donc les deux tubes sont divisés par degrés, ensorte qu’ils s’accordent l’un avec l’autre au tems où l’air y est renfermé, il s’ensuit que lorsqu’ils s’accorderont encore ensuite, la pression de l’atmosphere sera la même que dans le tems que l’air a été renfermé. Si dans le thermometre qui est ouvert à l’air, la liqueur est plus haute, en considérant en même tems combien l’autre s’éleve ou s’abaisse par l’opération de la chaleur ou du froid, on verra que l’air est plus pesant : au contraire, quand le thermometre ouvert est plus bas en comparaison de l’autre, l’air est plus léger que dans le tems que l’instrument a été divisé par degrés. Mais il faut se ressouvenir que la condensa-