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* CERASUS, (Géog. anc. & mod.) aujourd’hui Chirissonda ou Emid, ou Omidi, ancienne ville de Cappadoce, d’où l’on prétend que Lucullus apporta les cerises en Italie ; soit que le cerisier ait donné le nom à la ville, ou l’en ait reçu.

CERAT, s. m. (Pharmacie.) onguent dont la cire fait la base. Les modernes préparent leur cérat avec des substances grasses & huileuses, des gommes, des résines, des baumes, & des poudres, unis ensemble par une quantité suffisante de cire, à laquelle ils ajoûtent quelquefois des mucilages & différentes sortes de sucs ; en sorte que la composition soit plus épaisse qu’un onguent, & plus molle qu’une emplâtre.

La regle prescrite par les auteurs, est de prendre huit parties d’huile, de graisse ou de suc, quatre de cire, & deux de poudre ; d’autres prennent trois onces d’huile, une demi-once de cire, & trois dragmes de poudre.

Mais comme les substances huileuses & onctueuses sont plus fluides dans les tems chauds que dans les tems froids, c’est une circonstance à laquelle il faut avoir égard.

Cérat blanc : prenez huile d’amandes douces, cinq onces ; cire blanche, deux onces ; blanc de baleine le plus fin, une once ; céruse lavée dans l’eau-rose, une once & demie ; camphre, une demi-once : faites fondre sur le feu les ingrédiens fusibles ; remuez-les tandis que vous y répandrez les poudres, jusqu’à ce que le mêlange soit froid.

Quelquefois on prépare un cérat avec huit parties d’un onguent sur deux ou trois parties de cire ; d’autres fois, c’est en amollissant la matiere d’une emplâtre par une addition d’une quantité suffisante d’huile.

On étend le cérat sur un linge, & on l’applique sur la partie affligée.

On se propose de produire avec les cérats un grand nombre d’effets différens, comme de rélâcher, amollir, digérer, cicatriser, attirer, &c.

Ainsi on peut faire des cérats dessiccatifs, détersifs, fondans ; on les applique sur les différentes parties du corps, & dans différentes occasions. On employe les remedes en consistance de cérat, pour ne pas offenser les parties, & occuper moins de place.

Cérat jaune dessiccatif : prenez résine jaune, une demi-livre ; suif de mouton, quatre onces ; huile d’olive, cinq onces ; terebenthine de Venise, trois onces ; turbith minéral, quatre gros : faites-en un cérat selon les regles ci-dessus.

Cérat de Galien : prenez cire blanche, deux onces ; huile rosat, cinq onces : mêlez-les selon l’art, & faites-en un cérat. (N)

CERATIAS, s. m. (Astronom.) selon certains auteurs, est une comete cornue, qui paroît souvent barbue, & quelquefois avec une queue. Ils prétendent que quelques-unes de ces cometes ressemblent à la figure de la nouvelle lune : celles qui ont des queues, les ont crochues & recourbées ou vers le haut ou vers le bas ; d’autres ont des queues d’une égale largeur ou épaisseur, &c. Harris.

CÉRATION, s. f. (Chimie.) ce mot signifie deux choses différentes : il a une signification figurée, & il en a une naturelle ; il a aussi deux étymologies différentes.

Dans le sens figuré, cération, en Grec κήρησις, de κηρὸς, cera, cire, signifie l’action par laquelle on rend un corps naturellement difficile à fondre, comme est l’argent, fusible comme de la cire, tel qu’est l’argent pénétré de l’acide du sel commun, & qui dans cet état est nommé lune cornée. Ce changement des corps qui de difficiles qu’ils étoient à fondre, deviennent fusibles comme de la cire, est selon les Alchimistes depuis Geber, une propriété essentielle de la pierre philosophale.

Cération, veut aussi dire l’action d’envelopper ou

de pénétrer de cire un corps, comme la toile ; c’est incération, inceratio, ἐγκήρησις.

Cération dans une signification naturelle, veut dire manipulation, ἐγχείρησις, incheratio, inchération ou inkération, χείριξις, cheratio, chération ou kération, & improprement cération, de χεὶρ, manus, main. (M)

* CERATIUM, antiquité : c’étoit une petite monnoie de cours parmi les Grecs ; elle valoit le tiers d’une obole ; on prétend qu’elle répondoit au siliqua des Latins. Voyez Obole & Siliqua.

CERATOIDES, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur sans pétales & stérile ; les fruits naissent sur la même plante séparément des fleurs ; ils sont applatis, divisés en deux capsules, & terminés par des prolongemens en forme de cornes, & ils renferment des semences. Tournefort, Inst. rei herb. corol. Voyez Plante. (I)

CERATOGLOSSE, adj. m. pris subst. (en Anatomie.) nom d’une paire de muscles de la langue, qui viennent de la partie supérieure de la grande corne de l’os hyoide, & se terminent à la partie postérieure & latérale de la langue. (L)

CERATO-SPERMUM, (Hist. nat. bot.) genre de plante qui differe de l’agaric, en ce que ses semences sont en forme de croissant. Micheli, Nov. pl. gen. Voyez Plante. (I)

* CERAUNE, s. m. (Hist. anc.) surnom qu’on a donné à quelques princes qui se sont distingués par leur valeur : ainsi l’on a dit Ptolomée Ceraune, Seleucus Ceraune, &c. comme nous disons foudre de guerre.

* CERAUNIENS, (Monts.) Les Grecs ont donné ce nom à plusieurs chaînes de montagnes ; les unes étoient situées sur les confins de l’Epire, où la mer Ionienne commence à s’appeller mer Adriatique ; d’autres faisoient partie du Caucase : il y avoit aussi des monts Cerauniens en Afrique. On pourroit même dire en général qu’on a donné ce nom à la plûpart des montagnes que leur hauteur exposoit à la foudre.

* CERAUNOSCOPION, s. m. (Hist. anc.) partie du théatre des anciens : c’étoit une machine élevée & versatile de la forme d’une guérite, d’où Jupiter lançoit la foudre, dans les pieces où ce spectacle étoit nécessaire. Voyez Théatre.

* CERBERE, s. m. (Mythologie.) nom que les Poëtes ont donné à un chien à trois têtes & à trois gueules, qu’ils ont fait naître de Tiphon & d’Echidna, & qu’ils ont placé à la porte des enfers ; ils racontent qu’il caresse les ames qui y descendent ; qu’il empêche d’en sortir celles qui y sont descendues, & qu’il en éloigne les vivans ; ils prétendent qu’Hercule l’enchaîna & s’en fit suivre. Ceux qui se piquent de trouver du sens à toutes les fables, disent que cerbere est un symbole de la terre qui absorbe tout, ou du tems à qui rien ne résiste ; ses trois gueules sont, le présent, le passé, & l’avenir. D’autres font de cerbere un serpent habitant du Tenare, promontoire de la Laconié qu’il ravageoit ; & comme il y avoit dans le même endroit une caverne dont l’entrée passoit pour une des portes de l’enfer ; ils ajoûterent que ce monstre étoit le chien de Pluton. La victoire qu’Hercule remporta sur lui, est suivant d’autres une allégorie de l’empire que ce héros avoit sur ses passions, Omphale & Déjanire le prouvent.

CERCARE (le) Géog. petite île d’Afrique, dans la mer Méditerranée, sur la côte du royaume de Tunis.

CERCE, (en Architecture.) Voyez Cherche.

CERCEAU, s. m. (Fauconnerie.) c’est ainsi qu’on appelle les pennes du bout de l’aîle des oiseaux de proie ; les faucons, les sacres, & les laniers n’en ont qu’un, & les éperviers trois.

Cerceau, (en terme de Boutonnier.) c’est un fil d’or rond plié en cercle, dont les bouts sont rapprochés l’un de l’autre, mais ne sont point soudés. Ce fil s’applatit au marteau sur un tas ; & ainsi applati, on