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cosse, qui de royaume est devenue province d’Angleterre en 1707. (a)

* CHARDONNER ou LAINER, (Manufact.) c’est tirer l’étoffe au chardon, Cette opération n’a lieu qu’aux ouvrages en laine, Voyez en quoi elle consiste à l’article Drap.

CHARDONNERET. s. m. carduelis, (Hist. nat, Ornitholog,) oiseau plus petit que le moineau domestique ; il pese une once & demie, il a environ cinq pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est d’environ neuf pouces ; la tête est assez grosse à proportion du reste du corps. Le cou est court, le bec est blanchâtre, à l’exception de la pointe qui est noire dans quelques oiseaux de ce genre ; il est court, il n’a guere qu’un demi-pouce de longueur ; il est épais à sa racine & terminé en pointe, & fait en forme de cone. La langue est pointue, l’iris des yeux est de couleur de noisette ; la base du bec est entourée d’une belle couleur d’écarlate, à l’exception d’une marque noire qui s’étend de chaque côté depuis l’œil jusqu’au bec. Les côtés de la tête sont blancs, le dessus est noir, & le derriere est blanc ; il y a une large bande noire qui descend de chaque côté, depuis le sommet de la tête jusqu’au cou, & qui se trouve entre le blanc du derriere de la tête & celui des côtés. Le cou & le dos sont d’une couleur rousse-cendrée ; le croupion, la poitrine, & les côtés sont d’une couleur rousse moins foncée. Le ventre est blanc. Il y a dans chaque aîle dix-huit grandes plumes qui sont noires, & qui ont toutes la pointe blanchâtre, à l’exception de la premiere qui est entierement noire. L’aîle est traversée par une bande d’une belle couleur jaune : cette bande est formée par les barbes extérieures de chaque plume, qui sont d’un beau jaune depuis la base jusqu’à leur milieu, à l’exception de la premiere plume que nous avons dit être entierement noire, & des deux dernieres, dont les bords extérieurs sont noirs comme les bords intérieurs. Toutes les petites plumes de l’aîle qui recouvrent les grandes, sont noires, à l’exception des dernieres du premier rang qui sont jaunes. La queue est composée de douze plumes noires avec des taches blanches. Les deux plumes extérieures de chaque côté ont une large marque blanche un peu au-dessous de la pointe au côté intérieur, les autres ont seulement la pointe blanche. Les pattes de cet oiseau sont courtes ; le doigt de derriere est fort & garni d’un ongle plus long que ceux des autres doigts. L’extérieur tient à celui du milieu à sa naissance. On distingue la femelle par sa voix qui est moins forte que celle du mâle, par son chant qui ne dure pas si long-tems, & par les plumes qui couvrent la côte de l’aîle, qui sont cendrées ou brunes ; au lieu que ces mêmes plumes sont d’un beau noir dans le mâle. Aldrovande donne cette marque comme la plus sûre & la plus constante pour distinguer le sexe de cet oiseau.

Les chardonnerets vont en troupe, & vivent plusieurs ensemble. On en fait cas pour la beauté des couleurs de leurs plumes, & sur-tout pour leur chant qui est fort agréable. Cet oiseau n’est point farouche. Au moment qu’il vient de perdre sa liberté, il mange & il boit tranquillement. Il ne fait point de vains efforts comme la plûpart des autres oiseaux, pour sortir de sa cage ; au contraire il y en a qui ne veulent plus en sortir, lorsqu’ils y ont été long-tems. Cet oiseau se nourrit pendant l’hyver de semences de chardon ; c’est de-là qu’est venu son nom. Il mange aussi les graines du chardon à Bonnetier, du chanvre, de la bardane, du pavot, de la rue, &c. Il niche dans les épines & sur les arbres : la femelle fait, selon Gesner, sept œufs ; & selon Belon, huit. Aldrovande fait mention des variations qui se trouvent quelquefois dans les couleurs de cet oiseau, & qui viennent

de l’age ou du sexe, ou qui sont causées par d’autres accidens. Les jeunes chardonnerets n’ont point de rouge sur la tête. Il y en a qui ont les cils blancs. On en a vû qui étoient blancs, & qui aoivent la tête rouge ; & d’autres qui étoient blanchâtres & qui avoient un peu de rouge sur le devant de la tête & à l’endroit du menton. Willughby, Ornithol. Voy. Oiseau. (I)

CHARENÇON, s. m. curculio. (Hist. nat.) petit insecte auquel on a aussi donné les noms de calendre & de chatepeleuse M. Linnæus le met dans la classe des insectes qui ont de fausses aîles, & dont la bouche est formée par des machoires ; c’est un scarabé qui vient d’un ver. Il a la bouche & le gosier fort grands ; c’est pourquoi on l’a nommé curculio, & lorsqu’il est sous la forme d’un ver, & qu’il est parvenu à celle de scarabé ; il ronge le froment & les feves. Voyez Insecte. (I)

CHARENTE, (la) Géog. riviere de France qui prend sa source dans le Limosin, & se jette dans l’Océan, vis-à-vis l’île d’Oleron.

* CHARGE, FARDEAU, POIDS, FAIX, (Gram. Synon.) termes qui sont tons relatifs à l’impression des corps sur nous, & à l’action opposée de nos forces sur eux, soit pour soûtenir, soit pour vaincre leur pesanteur. S’il y a une compensation bien faite entre la pesanteur de la charge & la force du corps, on n’est ni trop ni trop peu chargé : si la charge est grande, & qu’elle employe toutes les forces du corps ; si l’on y fait encore entrer l’idée effrayante du volume, on aura celle du fardeau : si le fardeau excede les forces & qu’on y succombe, on rendra cette circonstance par faix. Le poids a moins de rapport à l’emploi des forces, qu’à la comparaison des corps entr’eux & à l’évaluation que nous faisons ou que nous avons faite de leur pesanteur par plusieurs applications de nos forces à d’autres corps. On dira donc : il en a sa charge : son fardeau est gros & lourd : il sera accabll sous le faix ; il ne faut pas estimer cette marchandise au poids.

Le mot charge été transporté de tout ce qui donnoit lieu à l’exercice des forces du corps, à tout ce qui donne lieu a l’exercice des facultés de l’ame. Voyez dans la suits de cet article différentes acceptions de ce terme, tant an simple qu’au figuré. Le mot charge, dans l’un & l’autre cas, emporte presque toûjours avec lui l’idée de contrainte.

Charge, s. f. (Jurisprud.) ce terme a dans cette matiere plusieurs acceptions différentes ; il signifie en général tout ce qui est dû sur une chose mobiliaire ou immobiliaire, ou sur une masse de biens ; quelquefois il signifie condition, servitude, dommage ou incommodité. C’est en ce dernier sens qu’on dit communément qu’il faut prendre le bénéfice avec les charges : quem sequuuntur commoda, debeme sequi & incommoda. Charge se prend aussi quelquefois pour une fonction publique & pour un titre d’office. (A)

* Avant que de passer aux différens articles qui naissent de ces distinctions, nous allons exposer en peu de mots le sentiment de l’auteur de l’esprit des lois, sur la vénalité des charges, prises dans le dernier sens de la division qui précede. L’illustre auteur que nous venons de citer, observe d’abord que Platon ne peut souffrir cette vénalité dans sa république ; « c’est, dit ce sage de l’antiquité, comme si dans un vaisseau on faisoit quelqu’un pilote pour son argent : seroit-il possible que la regle fût mauvaise dans quelque emploi que ce fût de la vie, & bonne seulement pour conduire une république » ? 2°. Il prétend que les charges ne doivent point être vénales dans un état despotique : il semble qu’il faudroit distinguer entre un état où l’on se propose d’établir le despotisme, & un état où le despotisme est tout établi. Il est évident que la vénalité des charges seroit contraire aux vûes d’un souverain qui tendroit à la tyrannie ; mais qu’im-