prêtre qui fait l’onction du saint chrême ou de l’huile sainte : dans les deux autres sacremens où il y a onction, savoir la confirmation & l’ordre, c’est l’évêque seul qui a pouvoir de la faire.
Autrefois les évêques exigeoient une contribution du clergé pour la confection de leur saint chrême, qu’ils appelloient denarii chrismales : & l’on tire encore une légere rétribution des fabriques, en leur distribuant chaque année les saintes huiles, dans la plûpart des dioceses. (G)
CHRÊMEAU, s. m. (Théologie.) c’est un bonnet ou beguin de toile qu’on met sur la tête des enfans après qu’ils sont baptisés, & qui représente la robe blanche, symbole de l’innocence, dont on revêtoit autrefois les cathécumenes après leur baptême. (G)
CHRESES, ou CHRESIS, (Musique.) χρῆσης, usus ; en Musique, est une des parties de l’ancienne mélopée, qui apprend au compositeur à mettre un tel arrangement dans la suite des sons, qu’il en résulte une bonne modulation & une mélodie agréable. Cette partie s’applique à différentes successions des sons, appellées par les anciens, agoge, euthia, anacamptosa, &c. Voyez Tirade. (S)
CHRÉTIEN, s. m. (Théologie.) en parlant des personnes, signifie celui qui étant baptisé fait profession de la doctrine de Jesus-Christ : & en parlant des choses, ce qui est conforme à la loi évangélique : ainsi l’on dit un discours chrétien, une vie chrétienne, des sentimens chrétiens, &c.
Ce fut à Antioche, vers l’an 41, que l’on commença à donner le nom de Chrétien à ceux qui professoient la foi de Jesus-Christ, & que l’on appelloit auparavant disciples. On les nommoit encore élûs, freres, saints, croyans, fideles, Nazaréens. On les appella aussi Jesséens, du nom de Jessé, pere de David ; & selon d’autres, de Jesus-Christ, auteur de leur religion. Philon les nomme Therapeutes ; mais c’est une question encore indécise, que de savoir si les Therapeutes étoient Chrétiens. Voyez Therapeutes. On leur donnoit le nom Grec d’ἰχθὺς, en Latin pisciculi, qu’on regarde vraissemblablement comme un nom technique, composé des premieres lettres de chacun de ces mots, Ιησοῦς Χριστὸς, Θεου Υιος, Σωτερ ; Jesus-Christus, Dei filius, salvator. On les appella encore Gnostiques, γνωστικοὺς, c’est-à-dire hommes doüés de science & d’intelligence ; & quelquefois Théophores & Christophores, c’est-à-dire temples de Dieu, temples du Christ. On trouve dans quelques peres, mais rarement, les Chrétiens désignés par le nom même de Christs, ou consacrés à Dieu par les onctions saintes du baptême & de la confirmation.
Les Payens, qui les regardoient comme des gens dévoüés à la mort, destinés au feu & aux gibets, leur donnoient des noms injurieux tirés de ces supplices, tels que biœothanati, sarmenticii, semaxii. On leur prodiguoit aussi les odieuses qualifications d’imposteurs, de magiciens, & on les confondoit avec les Juifs. Julien l’apostat ne les désignoit que par le titre méprisant de Galiléens, qu’il donnoit à Jesus-Christ lui-même. Le peuple leur donnoit le nom d’athées, parce qu’ils combattoient le culte des faux dieux ; les savans, celui de Grecs & d’imposteurs, ou de sophistes. On les nomma aussi sibyllistes, parce que dans leurs disputes avec les Payens, quelques-uns alleguerent l’autorité de ces livres des Sibylles, qui passent aujourd’hui généralement pour supposés ; parabolaires ou parabolains & désespérés, à cause du courage avec lequel ils bravoient la mort. Les hérétiques leur donnerent aussi divers noms ridicules ou méprisans, comme ceux d’allégoristes, de simples, d’anthropolatres, ou adorateurs d’hommes, &c. Bingham, orig. eccles. tom. I. lib. j. e. j. & ij.
Le Roi de France porte le titre de Roi très-Chrétien, prérogative dont on fait remonter l’origine jus-
que le royaume de France est autant élevé en dignité au-dessus des autres royaumes, que la royauté elle-même est au-dessus de la condition des hommes privés. Il est certain que Charles Martel & Pepin le Bref ont porté ce titre. Lambecius, dans le troisieme tome de son catalogue de la bibliotheque des empereurs, prétend que le nom de Roi très-Chrétien a été donné aux rois de la seconde race, non en qualité de rois de France, mais en qualité d’empereurs d’Allemagne ; prétention absurde & convaincue de faux par le témoignage uniforme & constant de tous les historiens.
Chrétienne (cour) ou cour de chrétienté, nom qu’on donnoit en Angleterre à un tribunal tout composé d’ecclésiastiques, par opposition à la cour laye, dont les membres étoient tous laïques.
Chrétienne, (Église) voyez Église.
Chrétienne, (Religion) voyez Christianisme & Religion.
Chrétiens de S. Jean, secte corrompue de Chrétiens, répandue à Bassora & aux environs, qu’on nomme aussi Sabéens & Mandaïtes. Voyez Sabéens & Mandaïtes.
Ces prétendus Chrétiens, qu’on croit d’abord avoir habité le long du Jourdain, où S. Jean baptisoit, & avoir pris de-là le nom de Chrétiens de S. Jean, & qui, après la conquête de la Palestine par les Mahométans, se retirerent dans la Mésopotamie & la Chaldée, ne sont, de l’aveu de tous les voyageurs, ni Juifs, ni Chrétiens, ni Musulmans. M. Chambers dit que tous les ans ils célebrent une fête de cinq jours, pendant lesquels ils vont recevoir de la main de leurs évêques le baptême de S. Jean, & que leur baptême ordinaire s’administre dans les fleuves ou rivieres, & seulement le Dimanche.
M. Fourmont l’aîné, dans un mémoire historique sur cette secte, dit entre autres choses, qu’elle se donne une origine très-ancienne, remontant au moins jusqu’à Abraham ; & que de tems immémorial elle a eu des simulachres, des arbres dévoués, des bois sacrés, des temples, des fêtes, une hiérarchie, l’adoration, la priere, & même une idée de la résurrection ; pratiques qui sont un mêlange du Judaïsme & du Paganisme, plûtôt qu’une preuve bien nette de Christianisme. Les Mathématiciens qui dominoient parmi eux forgeoient des dogmes, ou rejettoient ceux des autres, selon leurs calculs. Ainsi, les uns soûtenoient que la résurrection devoit se faire au bout de 9000 ans, parce qu’ils fixoient à ce tems la révolution entiere des orbes célestes ; d’autres ne l’attendoient qu’au bout de 36426 ans. Plusieurs d’entr’eux soûtenoient dans le monde, ou dans les mondes, une espece d’éternité, pendant laquelle tour-à-tour ces mondes étoient détruits & refaits. On a une homélie de S. Grégoire de Nazianze contre les Sabiens ou Sabéens. L’alcoran fait mention de cette secte. Ils font une mémoire honorable de S. Jean Baptiste, dont ils se disent les disciples ; & leurs liturgies & autres livres font mention du baptême, & de quelques autres sacremens qu’on ne rencontre que chez les Chrétiens. Mém. de l’acad. des inscript. & belles-lett. tom. XII. p. 16. & suiv. (G)
Chrétiens de S. Thomas, est un peuple des Indes orientales, qui, suivant la tradition du pays, reçut la foi de l’évangile par la prédication de l’apôtre S. Thomas.
A l’arrivée des Portugais à Calecut, & au premier voyage qu’ils firent aux Indes, ils y trouverent les anciens convertis qui, ayant appris qu’il étoit arrivé dans leur contrée un peuple nouveau qui avoit une vénération particuliere pour la croix, leur proposerent une alliance par des ambassadeurs,