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Disque, terme de Liturgie. Le disque est la même chose chez les Grecs, que la patene chez les Latins. Le disque differe de la patene pour la figure, en ce qu’il est plus grand & plus profond ; il ressemble à un plat qui étoit la vraie signification du mot disque chez les anciens. Dictionn. de Trév. & Chambers. (G)

DISQUISITION, s. f. (Philos.) est la recherche de la solution d’une question, ou en général l’action d’approfondir un sujet, pour en acquérir une connoissance exacte & en parler clairement. Ce mot formé du latin disquisitio, a vieilli, & on n’employe plus guere que le mot de recherche, qui a le même sens. On peut néanmoins s’en servir ironiquement. Que l’on regarde, dit M. Racine, dans une de ses lettres à MM. de P. R. tout ce que vous avez fait depuis dix ans, vos disquisitions, vos dissertations, vos réflexions, vos considérations, vos observations ; on n’y trouvera autre chose, sinon que les cinq propositions ne sont pas dans Jansénius. (O)

DISSECTION, s. f. (Anatom.) Le mot dissection pris dans son sens particulier, se dit d’une opération d’Anatomie par laquelle on divise, au moyen de différens instrumens propres à cet effet, les parties solides des corps animés dans des cadavres propres à ces usages, pour les considérer chacune à part : d’où il suit que la dissection a deux parties ; la préparation qui doit suivre l’examen, & la séparation. L’examen est une recherche exacte & une étude réfléchie de tout ce qui appartient aux différentes parties du corps humain. Cet examen a pour objet la situation de ces parties, leur figure, leur couleur, leur grandeur, leur surface, leurs bords, leurs angles, leur sommet, leur division, leur connexion, leur tissu, leur structure, leur distinction, leur nombre, &c. Voyez Anatomie.

Le but des dissections est différent, suivant les différentes personnes qui les pratiquent, les unes ne cherchant qu’à s’instruire, & d’autres à porter plus loin les connoissances acquises sur les parties solides. La fin des dissections doit être, ou de se procurer des moyens plus sûrs pour connoître les maladies, ou au moins d’entendre mieux le jeu & la méchanique des parties solides que l’on disseque. La dissection considérée sous ces deux points de vûe, demande différentes connoissances sur l’état le plus ordinaire des parties, sur les variétés dont elles sont susceptibles, les especes de monstruosités dans lesquelles elles dégénerent, la maniere dont elles sont affectées dans les maladies.

Avant qu’on eût autant disséqué qu’on a fait jusqu’à présent, il falloit de nécessité fouiller au hasard dans les cadavres, non-seulement pour connoître la structure des corps animés, mais encore pour s’assûrer du desordre que les maladies avoient produit dans les différentes parties qu’elles avoient particulierement affectées. Aujourd’hui que la description des parties est pour ainsi dire portée à son dernier degré de perfection, qu’on est instruit d’un grand nombre de variétés & de monstruosités dont les parties sont susceptibles, qu’on sait la maniere dont différentes maladies peuvent les changer, les altérer, les bouleverser ; rien ne seroit plus avantageux pour ceux qui sont obligés par état de faire des dissections, que d’être bien instruits, avant que de s’y livrer, de l’histoire complete des parties solides, soit qu’on la leur fît de vive voix, comme cela devroit se pratiquer chez les démonstrateurs en Anatomie, soit par le moyen de bons traités, de figures exactes, de préparations bien faites, &c. ils auroient alors en bien peu de tems des connoissances, qu’ils n’acquerent qu’à la longue & imparfaitement par les voies ordinaires. L’Anatomie pour celui qui l’apprend, ne demande que de bons yeux, de l’attention, & de la mémoire ; pour celui qui l’enseigne, de l’acquis, de

la méthode, & de la simplicité. Raconter ce qu’il y a de plus certain & de mieux connu sur les parties solides ; le faire voir autant qu’il est possible sur des cadavres frais, sur-tout lorsqu’il est question de la situation & de la figure des parties, ou sur des préparations lorsqu’il n’en veut donner qu’une idée générale ou en développer la structure ; faire sur les animaux vivans les expériences nécessaires pour indiquer ce qu’il y a de connu sur le rôle particulier que chaque partie solide joue dans les corps animés ; indiquer au juste le terme précis des connoissances où on est arrivé, & les moyens que l’on croiroit propres à les porter plus loin, &c. voilà ce que devroit faire un démonstrateur en Anatomie. Les usages, les actions, les fonctions des parties, ont des choses communes qui tiennent à des principes généraux, qu’il seroit bien plus facile de développer & de faire entendre quand une fois toutes les parties & leur enchaînement seroient bien connus. Les corps animés étant une espece de cercle dont chaque partie peut être regardée comme le commencement, ou être prise pour la fin, ces parties se répondent, & elles tiennent toutes les unes aux autres. Comment peut-on donc supposer, lorsqu’après avoir fait la description d’une partie, on entre dans de grands détails sur ses usages, ses fonctions, ses maladies ; comment peut-on, dis-je, supposer que tous ces usages, ces maladies, puissent être bien entendus de ceux qui n’ont tout au plus qu’une idée fort vague de l’ensemble des parties ? C’est-là ce qui m’a fait toûjours penser qu’il seroit bien plus avantageux pour le bien de la société, qu’il y eût dans les différens hôpitaux des disséqueurs assez instruits pour bien préparer toutes les parties ensemble & séparément sur différens cadavres, & qu’il fût permis à tous ceux qui sont obligés par état, ou que la curiosité porteroit à s’instruire, d’aller dans ces endroits, après s’être rempli la mémoire de ce qu’il y a à remarquer sur chaque partie, voir développer ces parties sous leurs yeux, observer par eux-mêmes & reconnoître des vérités, qui par ce moyen leur deviendroient plus familieres : c’en seroit même assez pour ceux qui ne cherchent point à approfondir ; & je crois qu’ils pourroient se dispenser de travailler eux-mêmes à ces dissections, à moins encore qu’ils ne se destinassent à exercer les opérations chirurgicales, la dissection bien entendue pouvant être un moyen d’acquérir plus de dextérité. En effet, comment peut-on supposer que plusieurs personnes puissent toutes ensemble, comme cela se pratique dans les démonstrations qui se font en public ou en particulier, prendre des idées bien précises sur la figure, la situation, les connexions, le tissu, la structure des parties qu’elles peuvent à peine appercevoir, & qu’on ne leur fait voir que dérangées ; puisqu’il est des parties qu’on ne peut bien découvrir qu’avec de bons yeux, & même lorsqu’on en est près, & que d’ailleurs le gros des parties, ce qu’il y a de plus extérieur, la figure, la situation, sont nécessairement bouleversées dans les préparations dont on se sert pour ces démonstrations ? Ces connoissances générales peuvent avoir leur utilité, pour passer à de plus particulieres ; mais sont-elles nécessaires pour y arriver ? C’est ce dont je ne suis point persuadé : l’art de guérir exige tant de connoissances particulieres, qu’on ne peut trop s’attacher à abreger les moyens de les acquérir.

Les anciens medecins, pourroit-on dire, quoique peu versés dans ces sortes de dissections, en ont-ils été moins bons guérisseurs ? & même ceux qui de nos jours se sont plus attachés & qui ont suivi de plus près ces dissections, en ont-ils mieux réussi dans la pratique de la Medecine ? Voilà deux difficultés que nous ne pouvons nous arrêter à résoudre ici ; elles demandent trop de discussion, & cela nous con-