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embrassoit tant de fonctions importantes, qu’elle conduisoit aux premieres dignités de l’etat.

Ils avoient près d’eux des scribes ou contrôleurs des finances que l’on choisissoit entre les personnes d’une fidélité reconnue, tellement que ceux mêmes qui avoient été consuls tenoient à honneur de remplir cette place.

Du tems de Néron, on ôta aux questeurs la garde du thrésor public & des registres, pour la donner à des préfets qui avoient été préteurs. On appella le préfet du thrésor ou des finances præfectus ærarii ; il y en avoit un particulier pour les vivres, appellé præfectus annonæ.

Sous Constantin & ses successeurs, les préfets prirent, comme tous les autres officiers de l’empire, le titre de comites, d’où l’on a fait en notre langue celui de comte : il y en avoit trois pour les finances.

Le premier & le plus considérable qui avoit le titre de comes sacrarum largitionum, étoit le gardien des deniers publics, & le dispensateur des libéralités que le prince faisoit sur ces deniers.

Le second appellé comes rerum privatarum, avoit soin des biens particuliers du prince, c’est-à-dire qui lui étoient propres, & qui passoient à ses enfans par succession.

Le troisieme enfin appellé comes sacri patrimonii, avoit la surintendance des revenus que l’état donnoit à l’empereur pour l’entretien de sa maison, & pour soûtenir d’une maniere convenable la dignité impériale. Voyez l’article Comte.

Le gouvernement des finances étoit ainsi distribué chez les Romains, lorsque nos rois jetterent les fondemens de la monarchie françoise ; ils n’établirent pour les finances aucuns officiers sous les titres de questeurs, ni de préfets ou comtes ; mais comme les empereurs avoient pour le gouvernement de leur maison un premier officier appellé magister palatii, les rois de la premiere & de la seconde race établirent à leur imitation un maire du palais, lequel réunissoit en sa personne la surintendance des armes, celle de la justice, & celle des finances.

Il avoit sous lui pour la garde du thrésor, c’est-à-dire des revenus du domaine, un thrésorier royal dont il est fait mention dans Grégoire de Tours, lib. I.

Au commencement de la troisieme race, la dignité de maire du palais fut supprimée, & sa fonction partagée entre trois différens officiers. Le connétable eut le commandement des armes, le chancelier la surintendance de la justice, & le thrésorier celle du thrésor ou domaine qui formoit alors le principal revenu du roi.

Il y eut un tems que le thrésor du roi étoit déposé au temple où plusieurs de nos rois faisoient leur demeure, entr’autres Philippe-le-Bel. La garde du thrésor étoit alors confiée à un des chevaliers templiers, qui se qualifioit thrésorier du roi au temple.

Il n’y avoit d’abord qu’un seul thrésorier du roi : dans la suite il en fut établi un second, puis un troisieme, & par succession de tems le nombre en fut encore augmenté.

Celui qui étoit au-dessus des thrésoriers s’appelloit le souverain des thrésoriers. C’est ainsi qu’il est nommé dans une ordonnance de Philippe-le-Bel du 3 Janvier 1316 ; on l’appella depuis le grand thrésorier.

Il y avoit dès-lors au thrésor du roi un contrôleur appellé clerc du thrésor, qui tenoit un registre où il marquoit l’origine & le prix de toutes les monnoies apportées au thrésor ; il en rapportoit chaque jour l’état au souverain des thrésoriers.

La fonction de ce contrôleur approchoit en quelque sorte de celle du contrôleur général des finances, si ce n’est que le premier n’avoit aucune inspection sur les deniers extraordinaires, pour lesquels il y

avoit un receveur & un contrôleur particulier ; dans la suite, lorsque l’on établit un contrôleur général des finances, le contrôleur du thrésor n’étoit plus qu’un simple officier de la chambre des comptes dont la fonction étoit de vérifier les debentur, & de poursuivre les comptables pour les restes de leurs comptes ; mais les debentur n’ayant plus lieu, & la poursuite des comptables ayant été attribuée au contrôleur général des restes, le contrôleur du thrésor a été supprimé par édit du mois d’Août 1669.

Après la mort tragique de Jean de Montaigu, qui étoit grand thrésorier sous Charles VI. cet office fut supprimé, & l’on créa en sa place, en la même année 1409, celui de grand général souverain gouverneur de toutes les finances, avec cette différence que celui-ci n’eut plus le maniement des finances, comme l’avoit auparavant le grand thrésorier.

Cette commission fut remplie successivement par différens magistrats, & autres personnes distinguées. En 1413, c’étoit Henri de Marle premier président au parlement & chancelier de France, avec Juvénal des Ursins chancelier du duc de Guyenne fils aîné du roi : l’année suivante ce fut le duc de Guyenne lui-même qui exerça seul cette commission ; en 1424, c’étoit Louis de Luxembourg évêque de Terouane & président des comptes, &c.

On établit dans la suite deux intendans des finances, & au-dessus d’eux un surintendant.

Le premier qui eut ce titre fut Jacques de Sembiançay en 1518. Cette place a été remplie successivement par les personnes les plus qualifiées, des premiers magistrats, des grands seigneurs, des maréchaux de France, des ducs, des cardinaux, des princes même.

L’office de surintendant fut supprimé une premiere fois en 1549, ensuite rétabli ; supprimé une seconde fois en 1594, rétabli en 1596 ; & enfin supprimé pour la troisieme fois en 1661.

Les gouverneurs des finances ; & après eux, les intendans & surintendans ont toûjours eu des contrôleurs pour vérifier ce qu’ils arrêtoient.

Au mémorial de la chambre des comptes coté h, fol. 122. du 8 Août 1419, on voit que deux maîtres des comptes furent commis & établis généraux contrôleurs sur toutes les finances.

Etienne Chevalier étoit contrôleur des finances sous Charles VII. Voyez M. Henault, abrégé chronol.

On voit aussi au cinquieme journal coté Q R, II. part. fol. 210. du 28 Novembre 1506, que Jacques le Roi contrôleur général demanda à messieurs des comptes d’être conservé dans sa fonction de mettre les bons sur les rôles des officiers comptans par rôles.

Sous le regne de François I, ceux qui avoient la garde du thrésor ayant pris le titre de thrésoriers de l’épargne, leurs contrôleurs furent pareillement nommés contrôleurs de l’épargne : ils avoient une clé de l’épargne ou thrésor. On trouve au mémorial II. D, fol. 249, v°. la création & provision de deux contrôleurs de l’épargne qui étoient des clercs-auditeurs de la chambre des comptes : ce qui y fut registré le 7 Juin 1527, à la charge que dans six mois ils opteroient.

Henri II. établit pareillement en 1547 deux contrôleurs de l’épargne, l’un pour suivre la cour, & l’autre pour demeurer à Paris : mais dans la suite ce dernier demeura sans fonction ; il ne fut pourtant supprimé que par édit du mois d’Octobre 1554, portant création d’un seul office de contrôleur général des finances, dont fut pourvû André Blondet, à condition seulement qu’il auroit à ses dépens un commis attaché à sa charge.

Me Guillaume de Marillac fut créé en 1568 conseiller & contrôleur général des finances ; c’est la premiere fois que le titre de conseiller fut donné au con-