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des trois anneaux qui le précedent pris ensemble ; c’est par ce conduit que le ver respire. L’ouverture qui est à l’extrémité se trouve à la surface de l’eau, de sorte que l’insecte est comme suspendu la tête en bas. Dès qu’on agite l’eau, ces vers s’y enfoncent ; mais bien-tôt ils reviennent à la surface, où il est aisé de les voir, quoiqu’ils soient très petits. Un autre tuyau tient encore au dernier anneau ; il est aussi gros, mais plus court que l’autre, & il sert d’anus. Chacun des anneaux a de chaque côté une houpe de poils ; mais le premier en a trois. La couleur des anneaux est verdâtre ou blanchâtre, lorsque le ver est nouvellement éclos ; elle devient grisâtre lorsqu’il approche du tems de sa transformation. La tête est un peu plus brune que le reste de l’insecte : on voit une tache brune à l’endroit de chaque œil, & autour de la bouche des barbillons qui servent à diriger les alimens qui nagent dans l’eau. Il y a encore sur la tête deux antennes différentes de celles des insectes ailés ; elles sont courbées en arc, & n’ont qu’une articulation qui est à la base.

Le ver du cousin change trois fois de peau en quinze jours ou trois semaines. Avant que de se transformer à la quatrieme fois, il perd sa premiere forme, il se raccourcit & s’arrondit ; le corps est contourné de façon que la queue est appliquée contre le dessous de la tête, & que le tout a une forme lenticulaire : une partie de sa circonférence est plus épaisse que l’autre ; celle-là est à la surface de l’eau, & l’autre en-bas : on distingue sur la premiere deux sortes de cornes, ou plûtôt deux cornets qui ressemblent à des oreilles d’âne. Lorsque l’insecte nage, il déplie la partie du corps qui étoit recourbée en-dessous jusqu’auprès de la tête. Dans ce second état il peut être appelle nymphe ou chrysalide, parce qu’il a des qualités propres à l’une & à l’autre : alors il ne mange plus, mais il respire comme auparavant, quoique la situation des organes soit différente ; l’air entre par les cornets qui s’élevent sur le corcelet, & qui se trouvent à la surface de l’eau. L’état de nymphe dure plus ou moins, selon le degré de chaleur. Quelquefois la seconde transformation se fait onze ou douze jours après la naissance du ver ; & d’autres fois ce n’est qu’après quatre semaines.

Par cette transformation l’insecte passe de l’état de nymphe à celui d’insecte ailé, dans lequel nous lui donnons le nom de cousin. Pour y parvenir, il étend la partie postérieure du corps à la surface de l’eau, au-dessus de laquelle le corcelet paroît ; alors l’enveloppe extérieure de la nymphe se fend assez près des deux cornets, ou même entre ces deux cornets ; le corcelet se découvre, la fente s’aggrandit, & bientôt la tête du cousin s’éleve au-dessus des bords ; le corps suit, & à mesure que l’insecte sort de son enveloppe, il se redresse, & parvient enfin à mettre son corps dans une direction presque verticale, s’appuyant sur sa partie postérieure qui porte dans le milieu de sa dépouille comme un mât dans le milieu d’un bateau. En effet, la dépouille lui sert de barque ; & si par quelqu’accident l’insecte perd l’équilibre au point que l’eau passe par-dessus les bords de l’ouverture qu’il a faite dans sa dépouille lorsqu’il en est sorti, & qu’elle entre dans la cavité qui est restée vuide par le déplacement du corps de l’insecte, la barque est submergée, & il tombe dans l’eau où il périt à l’instant ; ce qui arive à une grande quantité de ces insectes lorsqu’il fait du vent dans le tems de leur transformation. Cependant pour l’ordinaire la barque se soûtient, & en une minute la manœuvre la plus difficile est achevée. Le cousin tire d’abord ses deux premieres jambes du fourreau, ensuite les deux suivantes, & les appuie sur l’eau en penchant son corps ; enfin il déplie ses ailes ; dans un instant elles se sechent, & l’insecte prend l’essor.

On ne sait pas comment, ni en quel lieu, ni en quel tems se fait l’accouplement de ces insectes ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils sont très-féconds ; une seule femelle produit deux cents cinquante ou trois cents, & même jusqu’à trois cents cinquante œufs d’une seule ponte ; & s’il ne faut que trois semaines ou un mois pour chaque génération, il pourroit y avoir six ou sept générations chaque année, puisqu’on trouve des œufs dans les mares depuis le mois de Mai jusqu’à l’hyver. Dès que l’on a vû des nymphes se transformer en cousins, dans un vase que l’on a rempli d’eau & exposé à l’air, comme il a déjà été dit, peu de jours après il se trouve dans le même vase de nouveaux œufs qui nagent sur la surface de l’eau ; ils sont oblongs, & plus gros à un bout qu’à l’autre : tous ceux qui viennent d’une même femelle sont rassemblés en un tas, situés verticalement le gros bout en bas, & l’autre en haut à la surface de l’eau. Ces œufs sont collés les uns aux autres, & disposés de façon qu’ils forment une sorte de radeau dont la figure approche de celle d’un bateau plat qui se soûtient sur l’eau ; car si elle y entroit, les œufs n’éclorroient pas. Lorsqu’on les regarde à la loupe, on voit que leur gros bout est terminé par une sorte de cou : d’abord ils sont blancs ; bien-tôt ils deviennent verds, & en moins d’une demi-journée leur couleur change encore en grisâtre. Lorsque le cousin femelle pond, il s’affermit avec ses quatre jambes antérieures sur quelque corps solide, & étend son corps sur la surface de l’eau, sans y toucher que par l’avant-dernier anneau : le dernier est relevé en-haut, & l’anus situé de façon que l’œuf en sort de bas en haut, & se trouve dans sa position verticale tout près des autres œufs déjà pondus, contre lesquels il se colle, parce qu’il est enduit d’une matiere gluante. Dans le commencement de la ponte, l’insecte soûtient les premiers œufs avec les jambes de derriere en les croisant ; il les écarte peu-à-peu à mesure que le tas augmente ; enfin il ne l’abandonne qu’a la fin de la ponte. Ces œufs ont sans doute été fécondés dans le corps de la femelle. On la distingue du mâle en ce que le corps de celui-ci est moins allongé & plus effilé, & terminé par des crochets ; au lieu de ces crochets ; la femelle a deux petites palettes. Mém. pour servir à l’hist. des insect. tome IV. p. 573 & suiv. Voyez Insecte. (I)

Cousin, s. m. (Jurisprud.) qualité relative de parenté qui se forme entre ceux qui sont issus de deux freres, ou de deux sœurs, ou d’un frere & d’une sœur. Les cousins sont paternels ou maternels ; on appelle cousins paternels, ceux qui descendent d’un frere ou sœur du pere de celui dont il s’agit ; les cousins maternels, sont ceux qui descendent des freres ou sœurs de la mere.

Les cousins paternels ou maternels sont en plusieurs degrés.

Le premier degré est des cousins germains, c’est-à-dire enfans de freres & sœurs.

Les cousins du second degré, qu’on appelle issus de germains, sont les enfans que les cousins germains ont chacun de leur côté.

Dans le troisieme degré on les appelle arriere-issus de germains ; ce sont les enfans des cousins issus de germains.

Au quatrieme degré, on les appelle simplement cousins au quatrieme degré ; & ainsi des autres degrés subséquens.

Les cousins peuvent se trouver en degré inégal ; par exemple, un cousin germain, & un cousin issu de germain ; en ce cas, on dit que le premier a le germain sur l’autre, & c’est ce que l’on appelle oncle ou tante à la mode de Bretagne. Si les deux cousins sont encore plus éloignés d’un degré, en ce cas le plus