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que c’étoit résister à Dieu même, que de s’opposer à ses commandemens. Lorsqu’un roi particulier du pays avoit quelque démêlé avec un autre, ce dairi connoissoit leurs différends avec la même autorité que si Dieu l’eût envoyé du ciel pour les décider.

Quand le dairi regnoit au Japon, & qu’il marchoit, dit l’auteur de l’ambassade des Hollandois, il ne devoit point toucher la terre ; il falloit empêcher que les rayons du soleil ou de quelqu’autre lumiere ne le touchassent aussi ; c’eût été un crime de lui couper la barbe & les ongles. Toutes les fois qu’il mangeoit, on lui préparoit ses repas dans un nouveau service de cuisine qui n’étoit employé qu’une fois. Il prenoit douze femmes, qu’il épousoit avec une grande solennité, & ses femmes le suivoient d’ordinaire dans leurs équipages. Il y avoit dans son château deux rangs de maisons, six de chaque côté pour y loger ses femmes. Il avoit de plus un sérail pour ses concubines. On apprêtoit tous les jours un magnifique souper dans chacune de ces douze maisons : il sortoit dans un palanquin magnifique, dont les colonnes d’or massif étoient entourées d’une espece de jalousie, afin qu’il pût voir tout le monde sans être vû de personne. Il étoit porté dans ce palanquin par quatorze gentilshommes des plus qualifiés de sa cour. Il marchoit ainsi précédé de ses soldats, & suivi d’un grand cortége, en particulier d’une voiture tirée par deux chevaux, dont les housses étoient toutes semées de perles & de diamans : deux gentilshommes tenoient les rênes des chevaux, pendant que deux autres marchoient à côté ; l’un d’eux agitoit sans cesse un éventail pour rafraîchir le pontife, & l’autre lui portoit un parasol. Cette voiture étoit destinée pour la premiere de ses femmes ou de ses concubines, &c.

Nous supprimons d’autres particularités semblables qui peuvent être suspectes dans des relations de voyageurs ; il nous suffit de remarquer que le culte superstitieux que le peuple rendoit au dairo, n’étoit guere différent de celui qu’ils portoient à leurs dieux. Les bonzes dont le nombre est immense, montroient l’exemple, & gouvernoient despotiquement sous leur chef. C’étoit autant de tyrans répandus dans les villes & dans les campagnes : enfin leurs vices & leurs cruautés aliénerent les esprits des peuples & des grands ; un prince qui restoit encore du sang royal forma un si puissant parti, qu’il souleva tout l’empire contr’eux. Une seconde révolution acheva d’enlever aux dairos la souveraineté qu’ils avoient usurpée, & les fit rentrer avec les bonzes dans leur état naturel. Le prince royal remonta sur le throne de ses ancêtres, & prit vers l’an 1600 le titre de kubo qui lui est encore affecté. Ses descendans ont laissé au dairo ses immenses revenus, quelques hommages capables de flatter sa vanité, avec une ombre d’autorité pontificale & religieuse pour le consoler de la véritable qu’il a perdue ; c’est à quoi se bornent les restes de son ancienne splendeur : Méaco est sa demeure ; il y occupe une espece de ville à part avec ses femmes, ses concubines, & une très-nombreuse cour. L’empereur ou le kubo réside à Yedo capitale du Japon, & jouit d’un pouvoir absolu sur tous ses sujets. Voyez. L’article du dairo qu’on lit dans le dictionnaire de Trévoux a besoin d’être rectifié. Consultez Kœmpfer & les recueils des voyages de la compagnie des Indes orientales au Japon, t. V. Art. de M. le Ch. de Jaucourt.

DAIS, s. m. en Architecture, est un morceau d’Architecture & de Sculpture, de bronze, de fer, d’étoffe, ou de bois, qui sert à couvrir & couronner un autel, un throne, un tribunal, une chaire de prédicateur, un œuvre d’église, &c. On lui donne la forme de tente on pavillon, de couronne fermée, de consolles adossées. Voyez Baldaquin.

On appelle haut dais l’exhaussement qui porte un

throne couvert d’un dais, qu’on dresse pour le Roi dans une église ou dans une grande salle pour une cérémonie publique. Ce haut dais dans le parterre d’une salle de ballet & de comédie, est un enfoncement fermé d’une balustrade. (P)

DAKON, est une pierre bleue semblable à du corail, que les femmes de Guinée portent dans leurs cheveux pour servir d’ornement.

DALE, s. f. (Architect.) pierre dure comme celle d’Arcueil ou de liais débitée par tranches de peu d’épaisseur, dont on couvre les terrasses, les balcons, & dont on fait du carreau. (P)

Dale de pompe, (Marine.) c’est un petit canal qu’on met sur le pont d’un vaisseau pour recevoir l’eau. La dale vient jusqu’à la manche, ou jusqu’à la humiere quand il n’y a point de manche.

La dale de la pompe se met ordinairement à six pouces du mât par-derriere. Voyez Pompe.

On donne encore ce nom à une petite auge de bois qui s’employe dans un brulot, & qui sert à conduire la poudre jusqu’aux matieres combustibles. (Z)

Dale, en terme de Raffineur de sucre, n’est autre chose qu’un tuyau de cuivre rouge qui conduit la matiere que l’on a clarifiée du bassin à clairée sur le blanchet, à-travers lequel elle passe & tombe dans la chaudiere. Voyez ces mots à leurs articles.

DALÉCARLIE, (Géog. mod.) province de Suede située sur la riviere de même nom, proche la Norwege. Elle a environ 70 lieues de longueur, sur 40 de large.

DALECHAMPIA, s. f. (Hist. nat bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jacques Dalechamp de Caen. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, en forme d’entonnoir, posée sur un calice composé de trois coques. Ce calice devient dans la suite un fruit qui a la même forme, & qui se divise en trois capsules qui renferment chacune une semence ronde. Ajoûtez aux caracteres de ce genre qu’il vient le plus souvent trois fleurs entre deux petites feuilles, dont chacune est découpée en trois parties. Plum. nov. pl. Amer. gen. V. Plante. (I)

DALEM, (Géog. mod.) petite ville des Provinces-unies, sur la riviere de Bervine. Long. 23. 34. lat. 50. 40.

DALHACA ou DALACA, (Géog. mod.) île de la mer Rouge, vis-à-vis la côte d’Abex. Lat. 14. 20-16. 15. long. 58. 30-59. 1.

DALIE, (Géog. mod.) province de Suede dans la partie occidentale de la Gothie. Elle a environ 30 lieues de longueur, sur 13 de largeur.

DALKEITH, (Géog. mod.) ville d’Ecosse : elle est dans la Lothiane & sur l’Ehsk. Long. 14. 35. lat. 56. 10.

DALLER GERMANIQUE, s. m. (Comm.) monnoie d’argent ayant cours en Allemagne, au titre de onze deniers onze grains, du poids de sept gros un denier vingt grains, & valant argent de France cinq livres neuf sous cinq deniers.

Daller, monnoie d’argent de Hollande au titre de huit deniers vingt grains, & valant argent de France trois livres quatre sous deux deniers.

Daller oriental, monnoie d’argent qui se fabrique en Hollande, & que la république fait passer chez les Turcs & dans l’Orient pour le commerce. Les Turcs l’appellent aslani, & les Arabes, abukest. Elle varie continuellement de titre, soit par politique, soit par d’autres motifs. Il y a des demi-quarts, des quarts, des quints de daller oriental. On se plaint hautement aux échelles du Levant de cette sorte de monnoie ; elle est même assez souvent refusée. La plus grande partie en est de très-bas alloi, ou totalement fausse.

Daller S. Gal, monnoie d’argent qui a cours à Bâle & à S. Gal ; elle est du titre de dix deniers