Les Juifs n’ont point mis cet ouvrage au rang des livres canoniques ; & dans les anciens catalogues des livres sacrés reconnus par les Chrétiens, il n’est mis qu’au nombre de ceux qu’on lisoit dans l’Eglise avec édification, & distingué des livres canoniques : cependant plusieurs peres des premiers siecles l’ont cité sous le nom d’Ecriture-sainte. Saint Cyprien, S. Ambroise & S. Augustin l’ont reconnu pour canonique, & il a été déclaré tel par les conciles de Carthage, de Rome sous le pape Gelase, & de Trente. Le P. Calmet en attribue la composition au traducteur du livre de la Sagesse.
On trouve souvent dans les manuscrits & dans les imprimés le livre de l’ecclésiastique cité par cette abbréviation, eccli. pour le distinguer de l’ecclésiaste qu’on désigne par celle-ci, eccle. ou eccl. (G)
Ecclésiastique, adj. se dit de tout ce qui appartient à l’Eglise. Voyez Eglise.
Ainsi l’histoire ecclésiastique est l’histoire de ce qui est arrivé dans l’Eglise depuis son commencement ; M. Fleuri nous l’a donnée dans un-ouvrage excellent qui porte ce titre : il a joint à l’ouvrage des discours raisonnés, plus estimables & plus précieux encore que son histoire. Ce judicieux écrivain, en développant dans ces discours les moyens par lesquels Dieu a conservé son Eglise, expose en même tems les abus de toute espece qui s’y sont glissés. Il étoit avec raison dans le principe, « qu’il faut dire la vérité toute entiere ; que si la religion est vraie, l’histoire de l’Eglise l’est aussi ; que la vérité ne sauroit être opposée à la vérité, & que plus les maux de l’Eglise ont été grands, plus ils servent à confirmer les promesses de Dieu, qui doit la défendre jusqu’à la fin des siecles contre les puissances & les efforts de l’enfer ». (O)
Nouvelles ecclésiastiques, est le titre très-impropre d’une feuille, ou plûtôt d’un libelle périodique, sans esprit, sans vérité, sans charité, & sans aveu, qui s’imprime clandestinement depuis 1728, & qui paroît régulierement toutes les semaines. L’auteur anonyme de cet ouvrage, qui vraissemblablement pourroit se nommer sans être plus connu, instruit le public quatre fois par mois des avantures de quelques clercs tonsurés, de quelques sœurs converses de quelques prêtres de paroisse, de quelques moines, de quelques convulsionnaires, appellans & réappellans ; de quelques petites fievres guéries par l’intercession de M. Paris ; de quelques malades qui se sont crûs soulagés en avalant de la terre de son tombeau, parce que cette terre ne les a pas étouffés, comme bien d’autres. A ces objets si intéressans le même auteur a joint depuis quelque tems de grandes déclamations contre nos académies, qu’il assûre être peuplées d’incrédules, parce qu’on n’y croit pas aux miracles de saint Medard, qu’on n’y a point de convulsions, & qu’on n’y prophétise pas la venue d’Elie. Il assûre aussi que les ouvrages les plus célebres de notre siecle attaquent la religion, parce qu’on n’y parle point de la constitution unigenitus, & qu’ils sont l’apologie du matérialisme, parce qu’on n’y soûtient pas les idées innées. Quelques personnes paroissent surprises que le gouvernement qui réprime les faiseurs de libelles, & les magistrats qui sont exempts de partialité comme les lois, ne sévissent pas efficacement contre ce ramas insipide & scandaleux d’absurdités & de mensonges. Un profond mépris est sans doute la seule cause de cette indulgence : ce qui confirme cette idée, c’est que l’auteur du libelle périodique dont il s’agit est si malheureux, qu’on n’entend jamais citer aucun de ses traits ; humiliation la plus grande qu’un écrivain satyrique puisse recevoir, puisqu’elle suppose en lui la plus grande ineptie dans le genre d’écrire le plus facile de tous. Voyez Convulsionnaires. (O)
Ecclésiastique, (Jurisprud.) il se dit des personnes & des choses qui appartiennent à l’église.
Les personnes ecclésiastiques ont d’abord été appellées clercs, & on leur donne encore indifféremment ce nom, ou celui d’ecclésiastiques simplement. On comprend sous ce nom tous ceux qui sont engagés dans l’état ecclésiastique, c’est-à-dire qui sont destinés au service de l’église, à commencer depuis le souverain pontife & les autres archevêques, évêques & abbés ; les prêtres, diacres, soudiacres ; ceux qui ont les quatre ordres mineurs, & jusqu’aux simples clercs tonsurés.
Le nombre des clercs ou ecclésiastiques étoit autrefois réglé : il n’y avoit point d’ordination vague : chacun étoit attaché par son ordination à une église particuliere, aux biens de laquelle il participoit à proportion du service qu’il lui rendoit. Le concile de Nicée & celui d’Antioche ordonnent encore la stabilité des clercs dans le lieu de leur ordination.
Présentement ce ne sont ni les bénéfices ni les dignités & offices dans l’église, qui donnent à ceux qui en sont pourvus la qualité de personnes ecclésiastiques, mais le caractere qu’ils ont reçû par le ministere de leur supérieur ecclésiastique. Pour avoir ce caractere, il suffit d’être engagé dans les ordres de l’église, ou au moins d’avoir reçû la tonsure. Le nombre des clercs n’est plus limité, & l’on en reçoit autant qu’il s’en présente de capables, sans qu’ils ayent aucun titre, c’est-à-dire aucun bénéfice ni patrimoine, excepté pour l’ordre de prêtrise, à l’égard duquel il faut un titre clérical. Voyez Titre clérical.
Les moines & religieux étoient autrefois personnes laïques ; ils ne furent appellés à la cléricature que par le pape Sirice, à cause de la disette qu’il y avoit alors de prêtres, par rapport aux persécutions que l’on faisoit souffrir aux chrétiens.
Dans le jx. siecle l’état des moines étoit regardé comme le premier degré de la cléricature. Photius fut d’abord fait moine, ensuite lecteur.
Présentement tous les religieux & religieuses, les chanoines réguliers, les chanoinesses, les sœurs & freres convers dans les monasteres, les sœurs des communautés de filles qui ne sont que des vœux simples, même les ordres militaires qui sont réguliers ou hospitaliers, sont réputés personnes ecclésiastiques, tant qu’ils demeurent dans cet état.
On fait néanmoins une différence entre ceux qui sont engagés dans les ordres ou dans l’état ecclésiastique, d’avec ceux qui sont simplement attachés au service de l’église ; les premiers sont les seuls ecclésiastiques proprement dits, & auxquels la qualité d’ecclésiastiques est propre : les autres, tels que les religieuses & chanoinesses, les freres & sœurs convers, les ordres militaires réguliers & hospitaliers, ne sont pas des ecclésiastiques proprement dits, mais ils sont réputés tels ; c’est pourquoi ils sont sujets à certaines regles qui leur sont communes avec les clercs ou ecclésiastiques, & participent aussi à plusieurs de leurs priviléges.
On distingue aussi deux sortes d’ecclésiastiques ; les uns qu’on appelle séculiers, d’autres réguliers. Les premiers sont ceux qui sont engagés dans l’état ecclésiastique, sans être astraints à aucune autre regle particuliere. Les réguliers sont ceux qui, outre l’état ecclésiastique, ont embrassé un autre état régulier, c’est-à-dire qui les astraint à une regle particuliere, comme les chanoines réguliers, tous les moines & religieux, & même ceux qui sont d’un ordre militaire régulier & hospitalier.
Les ecclésiastiques considérés collectivement, forment tous ensemble un ordre ou état que l’on appelle l’état ecclésiastique, ou de l’Eglise, ou le clergé.
Ceux qui sont attachés à une même église, for-