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l’écurie du roi. Tanneguy du Chastel pourvû de la même charge sous Charles VII. fut quelquefois qualifié de grand-écuyer. Jean de Garguesalle se donnoit cette qualité en 1470. Au commencement du regne de Louis XI. Alain Goyon fut honoré par le roi du titre de grand-écuyer de France, & ce titre est resté à tous ses successeurs en la même charge.

Le grand-écuyer prête serment entre les mains du Roi, & presque tous les autres officiers des écuries le prêtent entre les siennes. Il dispose des charges vacantes de la grande & petite écurie, & de tout ce qui est dans la dépendance des écuries, ce qui est très-considérable, tel que des charges & offices d’écuyers de la grande écurie de Sa Majesté, des écuyers-cavalcadours, des gouverneurs, sous-gouverneurs, précepteurs & maîtres des pages, &c.

La grande écurie a particulierement soin des chevaux de guerre & des chevaux de manége ; elle entretient néanmoins nombre de coureurs pour les chasses, que le Roi monte quand il le juge à-propos. Le grand-écuyer ordonne de tous les fonds qui sont employés aux dépenses de la grande écurie du Roi & du haras, de la livrée de la grande & petite écurie, & des habits de livrée pour plusieurs corps d’officiers de la maison du Roi.

Nul écuyer ne peut tenir à Paris ni dans aucune ville du royaume, académie de gentilshommes pour monter à cheval, & autres exercices, sans la permission formelle du grand-écuyer de France.

Le Roi fait quelquefois l’honneur au grand-écuyer de lui donner place dans son carrosse ; & il peut marcher proche la personne de Sa Majesté, quand le Roi est à cheval à la campagne. Le grand-écuyer se sert des pages, des valets-de-pié & des chevaux de la grande écurie.

Aux entrées que le Roi fait à cheval dans les villes de son royaume, ou dans des villes conquises où il est reçû avec cérémonie, le grand-écuyer marche à cheval directement devant la personne du Roi, portant l’épée royale de Sa Majesté dans le fourreau de velours bleu, parsemée de fleurs-de-lis d’or, avec le baudrier de même étoffe, son cheval caparaçonné de même : de là vient qu’il met cette épée royale aux deux côtés de l’écu de ses armes.

Le grand-écuyer marcha de cette sorte à la cérémonie faite à la majorité de Louis XIV. en 1651, à l’entrée de Leurs Majestés en 1660. Il a aussi séance au lit de justice à côté du grand-chambellan, qui s’assied toûjours aux piés du Roi dans ces sortes de cérémonies ; ce qui s’est pratiqué au lit de justice pour la majorité du Roi le 22 Février 1723, où l’on a vû le grand-écuyer immédiatement devant S. M. portant l’épée royale, s’asseoir à la droite du Roi, au bas des premiers degrés du lit de justice.

Le grand-écuyer de France d’aujourd’hui, est Louis-Charles de Lorraine, comte de Brionne, neveu de feu Charles de Lorraine comte d’Armagnac, que l’on nommoit le prince Charles, qui avoit succédé dans cette même charge à M. le comte d’Armagnac son pere. M. le comte de Brionne a prêté serment entre les mains du Roi le 25 Mars 1745.

Ecuyer-commandant la grande Ecurie du Roi. La fonction de cette charge est de commander en l’absence du grand-écuyer de France, la grande écurie & tous les officiers qui en dépendent. Cet officier prête serment de fidélité entre les mains du grand-écuyer. Il a droit de se servir des pages de la grande écurie, de faire porter la livrée du Roi à ses domestiques, & a son logement à la grande écurie. Indépendamment de l’écuyer-commandant, il y a trois écuyers ordinaires de la grande écurie, cinq écuyers de cérémonie, & trois écuyers-cavalcadours.

Ecuyer, premier Ecuyer. La charge de premier écuyer du Roi est très-ancienne : par les titres de la

chambre des comptes, principalement par les comptes des thrésoriers des écuries, on voit qu’il y a eu distinctement une petite écurie du Roi. Cette charge est depuis le 10 Janvier 1645 dans la maison de Beringhen, originaire des Pays-bas ; elle est possédée aujourd’hui par Henri Camille marquis de Beringhen, qui a prêté serment entre les mains de Sa Majesté le 7 Février 1724.

Le premier écuyer commande la petite écurie du Roi, c’est-à-dire les chevaux dont Sa Majesté se sert le plus ordinairement ; les carrosses, les caleches, les chaises roulantes & chaises à porteurs : il commande aux pages & valets-de-pié attachés au service de la petite écurie, desquels il a droit de se servir, comme aussi des carrosses & chaises du Roi.

Une des principales fonctions du premier écuyer, est de donner la main à Sa Majesté, si Elle a besoin d’aide pour monter en carrosse ou en chaise ; & quand le Roi est à cheval, de partager la croupe du cheval de Sa Majesté avec le capitaine des gardes, ayant le côté gauche, qui est celui du montoir.

C’est le premier écuyer, lorsqu’il se fait quelque détachement de la petite écurie pour aller sur la frontiere conduire ou chercher un prince ou une princesse, qui présente au Roi l’écuyer ordinaire de Sa Majesté, ou un écuyer de quartier, pour être commandant de ce détachement.

Dans les occasions ou le Roi fait monter quelqu’un dans son carrosse, il fait l’honneur à son premier écuyer de lui donner place.

Le premier écuyer a place au lit de justice, conjointement avec les capitaines des gardes-du-corps & le capitaine des cent-suisses, qui le précedent, sur un banc particulier au-dessous des pairs ecclésiastiques : cela s’est pratiqué ainsi, le Roi séant en son lit de justice, le 12 Septembre 1715, & le 22 Février 1723.

Sous le premier écuyer sont un écuyer ordinaire commandant la petite écurie, deux autres écuyers ordinaires, des écuyers-cavalcadours, & vingt écuyers en charge, qui servent pour la personne du Roi par quartier. Il ne faut pas confondre les écuyers du Roi avec ceux dont il est parlé du tems de Charles VI. sous le nom d’écuyers du corps du Roi ; car ceux-ci étoient une garde à cheval composée d’écuyers, c’est-à-dire de gentilshommes, qu’on appelloit dans ce tems écuyers du corps. Hist. de la milice françoise, tome II. Annotations sur l’histoire de Charles VI. sous l’an 1410.

Les écuyers du Roi ont seuls les fonctions du grand & du premier écuyer, en leur absence, pour le service de la main.

Les écuyers du Roi servans par quartier, prêtent serment de fidélité entre les mains du grand-maître de la maison du Roi. L’écuyer de jour doit se trouver au lever & au coucher du Roi, pour savoir si Sa Majesté monte à cheval. Si le Roi va à la chasse & prend ses bottes, l’écuyer doit lui mettre ses éperons ; il les lui ôte aussi. Soit que le Roi monte à cheval ou en carrosse, l’écuyer le suit à cheval. Pendant la journée les écuyers suivent & entrent par-tout où le Roi est, excepté le tems où le Roi tiendroit conseil ou souhaiteroit être seul ; alors l’écuyer se tient dans le lieu le plus prochain de celui où est le Roi. L’écuyer suit toûjours immédiatement le cheval ou le carrosse de Sa Majesté. Le Roi venant à tomber, l’écuyer soûtient ou releve le Roi ; il présenteroit son cheval, si celui de Sa Majesté étoit blessé, boiteux ou rendu, soit à la chasse, soit à la guerre.

Dans la marche ordinaire, & au cas que le grand ou premier écuyer n’y soient pas, l’écuyer de jour partage la croupe du cheval que le Roi monte, avec l’officier des gardes ; mais il prend le côté gauche, qui est celui du montoir. Dans un détroit, dans un