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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/458

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& là, & abusent le peuple sous prétexto de dire la bonne-avanture & de guérir les maladies, font des dupes, volent & pillent dans les campagnes.

L’origine de cette espece de vagabonds, qu’on nomme Egyptiens, mais plus souvent Bohémiens, est un peu obscure, & on n’a rien de bien certain sur l’étymologie de ce nom.

Il est vrai que les anciens Egyptiens passoient pour de grands fourbes, & étoient fameux par la finesse de leurs impostures. Peut-être cette idée a-t-elle consacré ce nom dans d’autres langues pour signifier fourbe, comme il est très-certain que les Grecs & les Latins l’ont employé en ce sens ; les anciens Egyptiens étant très-versés dans l’Astronomie, qu’on ne distinguoit guere alors de l’Astrologie, peut-être encore aura-t-on pû sur ce fondement donner le nom d’Egyptiens à ces diseurs de bonne-avanture.

Quoi qu’il en soit, il est peu de nations en Europe qui n’ayent de ces Egyptiens ; mais ils ne portent cependant pas par-tout le même nom.

Les Latins les appelloient ægyptii, & les Anglois les ont imités ; les Italiens les nomment zingari ou zingeri, les Allemans ziengner, les François Bohémiens, d’autres Sarrasins, & d’autres Tartares.

Monsther dans sa géographie, liv. III. ch. v. rapporte que ces vagabonds parurent pour la premiere fois en Allemagne en 1417, fort basanés & brûlés du soleil, & dans un équipage pitoyable, à l’exception de leurs chefs qui étoient assez bien vêtus, quoiqu’ils affectassent un air de qualité, traînant avec eux, comme des gens de condition, une meute de chiens de chasse. Il ajoûte qu’ils avoient des passeports du roi Sigismond de Boheme, & d’autres princes. Ils vinrent dix ans après en France, d’où ils passerent en Angleterre. Paquier dans ses recherches, liv. IV. chap. xjx. rapporte en cette sorte leur origine : « Le 17 Avril 1427, vinrent à Paris douze penanciers, c’est-à-dire pénitens, comme ils disoient, un duc, un comte, & dix hommes à cheval, qui se qualifioient chrétiens de la basse Egypte, chassés par les Sarrasins, qui étant venus vers le pape, confesserent leurs péchés, reçurent pour pénitence d’aller sept ans par le monde sans coucher en lit. Leur suite étoit d’environ 120 personnes, tant hommes que femmes & enfans, restans de douze cents qu’ils étoient à leur départ. On les logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule : ils avoient les oreilles percées où pendoit une boucle d’argent, leurs cheveux étoient très-noirs & crépés : leurs femmes très laides, sorcieres, larronnesses, & diseuses de bonne-avanture. L’évêque les obligea à se retirer, & excommunia ceux qui leur avoient montré leur main ».

Par l’ordonnance des états d’Orléans de l’an 1560, il fut enjoint à tous ces imposteurs, sous le nom de Bohémiens ou Egyptiens, de vuider le royaume à peine des galeres. Ils se diviserent alors en plus petites compagnies, & se répandirent dans toute l’Europe. Le premier tems où il en soit fait mention en Angleterre, c’est après ce troisieme réglement, savoir en 1565.

Raphaël de Volterre en fait mention, & dit que cette sorte de gens venoit originairement des Euxiens peuple de Perse. Dictionnaire de Trévoux & Chambers. (G)

EH

EHANCHÉ, adj. (Manége & Maréchall.) cheval éhanché : on désigne par cette expression un cheval dont les hanches sont ou paroissent inégales, ce dont on juge par l’inspection des os iléon à l’endroit de leur saillie.

Quelques-uns ont attribué cette inégalité à quelque heurt, quelques coups, quelques contusions,

dont ils l’ont envisagé comme une suite ; mais ils se sont empressés de nous rassûrer, en ajoûtant que ce défaut n’occasionne aucune claudication, & ne nuit jamais à l’animal.

En supposant que le vice d’une hanche plus basse que l’autre puisse, quoiqu’il ne nuise point au cheval, n’être pas rapporté à sa premiere conformation & être déclaré accidentel, il s’ensuit qu’il ne consiste que dans une dépression, un affaissement à l’os qui saillit extérieurement ; ce qui aura plûtôt lieu dans le poulain que dans le cheval, parce que dans le premier les os sont moins compacts, & que d’ailleurs ceux dont il s’agit, plus spongieux que la plûpart de ceux qui servent de base à l’édifice du corps de l’animal, peuvent en conséquence d’une violente contusion, avoir été affaissés à leur pointe.

Du reste, l’expression dont il est question me paroît fort impropre ; car elle n’offre en aucune façon l’idée de la signification qu’on lui donne. (e)

EHEM, s. m. (Marine.) canot dont les Negres se servent. Voyez Canot. (Z)

EHENHEIM, (Géog. mod.) ville d’Alsace. Elle est située sur l’Ergel, à une lieue de Strasbourg.

EHINGEN, (Géog. mod.) Il y a deux villes de ce nom dans la Soüabe en Allemagne, l’une proche le Danube, l’autre sur le Neckre : celle-ci a long. 27. 20. lat. 48. 18.

EHOUPER ou HOUPER, (Jurispr.) l’ordonnance des eaux & forêts défend d’éhouper, c’est-à-dire ébrancher & deshonorer les arbres. Voyez le titre xxxij. art. 2. (A)

EJACULATEUR, s. m. pris adj. en Anatomie, nom qu’on donne à différentes parties relatives à celles de la génération, & qui tirent leur nom de l’usage dont elles sont dans l’éjaculation de la semence.

Les muscles éjaculateurs naissent du sphyncter de l’anus, & s’avancent le long de l’urethre jusqu’à son milieu, où ils s’inserent latéralement.

On donne aussi ce nom à deux muscles du clitoris, qui viennent du sphyncter de l’anus, se portent latéralement & s’inserent à côté du clitoris. Voyez Génération.

Les conduits éjaculateurs ont environ un pouce de longueur ; ils sont larges près des vésicules, & diminuent à mesure qu’ils approchent de l’urethre, qu’ils percent ensemble.

Quelques auteurs donnent aussi le nom d’éjaculateurs, aux canaux déférens. Voyez Déférent. (L)

EJACULATOIRES, voyez Déférent.

EJACULATION, s. f. (Med. Physiol.) est l’action par laquelle la liqueur spermatique reservée dans les vésicules séminales, & l’humeur prostatique contenue dans ses propres couloirs, sont exprimées dans l’urethre, & poussées hors de ce canal par l’extrémité de la verge dans le coït, ou dans toute autre circonstance qui y est relative.

Cette action s’exécute, dans l’état naturel, par le méchanisme dont voici l’exposition. Les vésicules séminales étant formées de différentes membranes, entre lesquelles il en est une composée de fibres musculaires, susceptibles par conséquent de contraction, qui diminue leur capacité ; cette contraction se fait dans le moment où toutes les conditions, & entr’autres l’érection de la verge, ont lieu pour occasionner l’émission de la semence, qui étant comprimée en tout sens par l’action de ces fibres contre la vessie dont le sphyncter est contracté & leur fournit un point fixe, se porte où il y a le moins de résistance ; l’orifice qui répond au canal déférent, se ferme par la disposition de la valvule qui s’y trouve : ainsi le fluide pressé de tous côtés, excepté vers l’orifice du canal éjaculatoire, qui est