Pour moi je pense qu’on peut regarder cette suite de dominantes comme appartenant toute entiere au mode d’ut ; par les raisons que j’ai apportées p. 161 de mes élémens, & par celles que j’y ai jointes dans la réponse que j’ai faite sur cet article aux objections de l’auteur, dans un des journaux œconomiques de l’année 1752. Il me paroît que le mode d’une basse fondamentale, ainsi que celui du chant qui en dérive, est toûjours déterminé, ou au moins peut être supposé tel ou tel. Dire qu’une basse n’est dans aucun mode, ce seroit dire que le chant qui en dérive n’est & ne peut être dans aucun. Or je doute que les Musiciens approuvent cette façon de s’exprimer, qui renverse ce me semble tous les principes de l’harmonie. Si donc la basse dont il s’agit est dans quelque mode, il me paroît naturel de dire qu’elle est toute entiere dans le mode d’ut, puisque toutes les notes sont de la gamme d’ut, & que les dominantes peuvent être regardées comme ajoûtées par l’art à la basse fondamentale naturelle & primitive du mode d’ut. Au reste, ce que je dis ici est moins pour contredire l’auteur que j’attaque, que pour me défendre moi-même, & pour avoir occasion en même tems de rendre justice à son ouvrage, qui me paroît en général fait avec intelligence & avec clarté : c’est la seule réponse que je veuille opposer desormais à la critique du mien que l’auteur a publiée, & à laquelle je crois avoir suffisamment satisfait dans les volumes cités du journal œconomique.
Toute dominante doit descendre de quinte, excepté dans les licences de cadence rompue & interrompue. Voyez Cadence.
Toute dominante tonique, c’est-à-dire qui porte la tierce majeure, suivie de deux sixtes mineures, doit descendre de quinte dans la basse fondamentale, & la note suivante peut être tout ce qu’on veut. Toute dominante simple doit descendre de quinte sur une autre dominante (je ne parle point ici des licences). V. les journaux œconomiques déjà cités, & mes élémens de Musique. V. aussi Basse fobndamentale. (O)
DOMINATIONS, s. f. (Théol.) anges du premier ordre de la seconde hiérarchie. Ils sont ainsi nommés, parce qu’on leur attribue quelque empire ou autorité sur les anges inférieurs. Voyez Anges & Hiérarchie. (G)
DOMINE (pierre de), Hist. not. espece de pierre qui, au rapport des voyageurs Hollandois, se trouve dans une riviere qui passe près de la forteresse de Victoria, dans l’île d’Amboine. On prétend que c’est une espece de marne qui pétrifie : marga lapidescens. On dit qu’elle est communément de la grosseur d’un œuf, & quelquefois du poing, remplie de bosses, & cependant lisse, très-tendre & facile à polir ; il en sort, dit-on, une matiere visqueuse. Cette pierre est mouchetée & remplie de petites veines, qui la font ressembler à du marbre, ou à de la serpentine. C’est un ministre ou curé protestant, que les Hollandois nomment Dominés, qui le premier les a découvert & fait connoître ; on prétend même qu’il les faisoit mâcher aux malades. C’est apparemment ce ministre qui est cause du nom que cette pierre porte. Du reste on n’en peut rien dire, à moins qu’on n’ait occasion de la voir. Dictionnaire universel de Hubner. (—)
* DOMINER, (Manuf. en soie.) se dit d’une couleur qui se montre trop dans une étoffe, ou qui s’y montre plus que les autres, soit par nécessité, soit par défaut.
DOMINGUE, (saint) Géog. grande île de l’Amérique, la plus riche des Antilles. Sa longueur est d’environ 160 lieues ; sa moyenne largeur de 30, & sa circonférence d’environ 350, non compris les anses. Christophe Colomb la découvrit en 1492, le
6 Décembre. Elle est arrosée par un grand nombre de rivieres considérables ; les mines d’or y sont fréquentes & abondantes. Il y a aussi du crystal, &c.
Domingue, (saint) capitale de l’île. Elle est située sur la rive méridionale de l’Ozama. Lon. 308. 20. lat. 18. 20.
DOMINICAINS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) ordre religieux dont les membres sont appellés, en quelques endroits, Freres Prêcheurs, Prædicatores, & plus communément Jacobins ; parce que leur premier couvent de Paris fut bâti dans la rue S. Jacques, où il subsiste encore aujourd’hui. Voyez Jacobins & Prêcheurs.
Les Dominicains ont pris ce nom de leur fondateur S. Dominique de Guzman, gentilhomme Espagnol, né en 1170 à Calarvega, bourg du diocèse d’Osma, dans la vieille Castille. Il fut d’abord chanoine & archidiacre d’Osma, & prêcha ensuite avec beaucoup de zele & de succès contre les Albigeois en Languedoc, où il jetta les premiers fondemens de son ordre, qui fut approuvé en 1215 par Innocent III. & confirmé l’année suivante par une bulle d’Honorius III. sous la regle de S. Augustin, & sous des constitutions particulieres : ce pontife lui donna le titre de l’ordre des Freres Prêcheurs.
Le premier couvent des Dominicains en France fut fondé à Toulouse par l’évêque de cette ville, & par le comte Simon de Montfort, dont S. Dominique avoit par son éloquence secondé les exploits contre les Albigeois. Deux ans après, ces religieux eurent une maison à Paris, proche de celle de l’évêque ; & quelque tems après, leur couvent de la rue S. Jacques dont nous avons parlé. Ils furent reçûs de bonne-heure dans l’université de Paris.
S. Dominique ne donna d’abord à ses religieux que l’habit de chanoines réguliers ; savoir, une soutane noire & un rochet : mais en 1219, il le changea en celui que les Jacobins portent aujourd’hui, & qui fut, dit-on, montré en révélation par la sainte Vierge au bienheureux Renaud d’Orléans. Cet habit consiste en une robe, un scapulaire, & un capuce blancs, pour l’intérieur de la maison ; & une chape noire, avec un chaperon de même couleur, pour sortir au-dehors.
Cet ordre est répandu par toute la terre. Il a quarante-cinq provinces sous un général qui réside à Rome, & douze congrégations particulieres ou réformes, gouvernées par des vicaires-généraux. Il a donné à l’Eglise un grand nombre de saints, trois papes, plus de soixante cardinaux, plusieurs patriarches, six cents archevêques, plus de mille évêques, des légats, des nonces, des maîtres du sacré palais, à compter depuis S. Dominique, qui le premier a exercé cette fonction. La théologie, la chaire, les missions, la direction des consciences, & la littérature, ont assez fait connoître leurs talens. Ils tiennent pour la doctrine de S. Thomas, opposée à celle de Scot & de quelques autres théologiens plus modernes : ce qui leur a fait donner dans l’école le nom de Thomistes. Voyez Thomistes. Ils ont été autrefois inquisiteurs en France, & il y a toûjours à Toulouse un de leurs religieux revêtu de ce titre, mais sans fonction. Ils l’exercent cependant dans différens pays où est établi le tribunal de l’inquisition. Voyez Inquisition (G)
DOMINICAINES, religieuses de l’ordre de saint Dominique. On les croit plus anciennes de quelques années que les Dominicains ; car S. Dominique avoit fondé à Prouilles en 1206, une congrégation de religieuses. Les Dominicaines ont été réformées par sainte Catherine de Sienne.
Il y a aussi un tiers-ordre de Dominicains & de Dominicaines, qui forme en plusieurs endroits des congrégations soûmises à certaines regles de dévo-