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rend ces sortes d’argumens si rares dans le commerce des hommes ; parce que, sans même y faire réflexion, on s’éloigne de ce qui ennuie, & l’on se réduit à ce qui est précisément nécessaire pour se faire entendre.

Il arrive aussi quelquefois que l’on renferme les deux propositions de l’enthymème dans une seule proposition, qu’Aristote appelle pour ce sujet sentence enthymématique. Tel est ce vers qu’il cite lui-même d’Euridipe, si je ne me trompe :

Mortel, ne garde pas une haine immortelle.


Tel est encore ce vers de Racine :

Mortelle, subissez le sort d’une mortelle.


V. Logique, Syllogisme. Article de M. Formey.

* ENTICHITES, s. m. pl. (Hist. eccl.) est le nom qu’on a donné à certains sectateurs de Simon le Magicien, dans le premier siecle. Ils célébroient des sacrifices abominables, dont la pudeur défend de rapporter la matiere & les circonstances. (G)

ENTIENGIE, s. f. (Hist. nat. Ornithologie.) oiseau d’Afrique qui se trouve dans le royaume de Congo, & dont la peau est de différentes couleurs & mouchetée. On raconte, entr’autres merveilles de cet oiseau, que lorsqu’il pose le pié à terre il meurt aussi-tôt : ce qui fait qu’il vole d’arbre en arbre, ou se soûtient dans l’air. Il est environné de petits animaux noirs, que les habitans du pays nomment embis ou embas, qui l’accompagnent comme des satellites quand il vole : on prétend qu’il y en a dix qui le précedent, & autant qui le suivent. Sa peau est regardée comme une chose si précieuse, qu’il n’est permis d’en porter qu’au roi, & aux princes à qui il accorde cette prérogative. Les autres rois du pays, tels que ceux de Loango, Cacongo & Goy, envoyent des ambassades solennelles à celui de Congo, pour en obtenir des peaux de cet oiseau. Hubner, Dictionn. univ.

ENTIER, adj. (Géométrie.) Nombre entier. Voyez Nombre.

ENTIER, adj. (Manége.) Un cheval est dit entier, lorsque, parfaitement résolu & déterminé en avant & par le droit, il peche par le défaut d’une franchise absolue, en refusant de tourner à l’une ou à l’autre main, ou à toutes les deux ensemble.

Quelques auteurs ont cherché dans le plus ou le moins d’obstination de l’animal, les raisons d’une distinction qu’ils ont faite, mais qui n’a pas été généralement adoptée : ils fondent en effet la différence qu’ils nous proposent, sur la résistance que le cheval oppose au cavalier qui le sollicite à l’action dont il s’agit. Si l’animal obéit enfin, & cede à la force, ils le nomment entier ; mais s’il ne peut être vaincu, s’il persiste dans sa desobéissance, s’il se précipite en avant, ou du côté opposé à celui sur lequel on veut le mouvoir, ils le déclarent rétif sur les voltes.

Je ne prévois point les avantages que nous pourrions tirer de la considération de ces dénominations diverses ; & il seroit assez superflu d’élever ici une dispute de mots. Que l’opiniâtreté du cheval soit plus ou moins invincible, le vice étant toûjours le même, il nous sera sans doute plus utile d’en rechercher les causes, & d’examiner quels peuvent être les moyens de l’en corriger.

En général, tous les chevaux se portent plus naturellement & plus volontiers à la main gauche qu’à la main droite. Les uns ont attribué cette inclination & cette facilité à la situation du poulain dans le ventre de la mere ; ils ont prétendu qu’il y est entierement plié du côté gauche : les autres ont soûtenu que le cheval, se couchant le plus souvent sur le côté droit, contracte l’habitude de plier le col & la tête à la

main opposée. Il me paroît plus simple de rapporter la plus grande liberté dont il est question, à l’habitude dans laquelle sont les palefreniers d’aborder & d’approcher l’animal du côté gauche dans toutes les occasions, soit qu’il s’agisse de l’attacher, de le brider, de le seller, ou de lui distribuer le fourrage : ainsi toutes ces raisons sont suffisantes pour nous autoriser à penser que, s’il lui est plus libre de tourner à cette main, il ne doit la franchise qu’il témoigne à cet égard, qu’aux soins que nous avons de la favoriser nous-mêmes. Une des plus fortes preuves qu’on en puisse donner encore, est la rareté des chevaux qui ont plus de pente à se porter sur la main droite : il en est néanmoins, & l’expérience nous a appris que ceux-ci sont d’une nature plus rebelle ; il faut beaucoup de tems & de patience pour les réduire & pour les soûmettre.

Lorsque la résistance du cheval entier provient d’une douleur ou d’une foiblesse occasionnée par quelques maux qui affectent quelques parties, les ressources de l’art sont impuissantes, à moins qu’on ne puisse rendre à ces mêmes parties leur intégrité & leur force : ainsi dans un cas où un accident à un pié, à une épaule, à une jambe, l’obligera à refuser de se prêter sur le côté sensible, & où un effort de reins, une courbe, des éparvins, &c. l’empêchant de s’appuyer sans crainte sur les jarrets, le porteront à redouter l’action de tourner dans le sens où il ne pourroit que souffrir, il est aisé de concevoir que la premiere tentative à laquelle on doit se livrer, est celle qui tendra à la cure & à la guérison des unes ou des autres de ces maladies. J’avoue qu’il est cependant des moyens de soulager les parties souffrantes, & de diminuer le poids dont elles doivent être chargées dans les mouvemens divers qu’on imprime à l’animal ; mais tout cheval dans lequel de pareils défauts subsistent, ne peut jamais joüir de cette facilité, d’où dépendent & son exacte obéissance, & la grace & la justesse de son exécution.

Quoiqu’il soit certain que tous les chevaux ne naissent pas avec une même disposition dans les membres, une même souplesse, une même aptitude & une même inclination, il en est très-peu qui soient naturellement entiers. Ils n’acquierent ce vice que conséquemment à de mauvaises leçons ; & il suffiroit d’envisager les actions de la plûpart de ceux qui les exercent, pour en dévoiler les causes les plus ordinaires, & de pratiquer le contraire de ces mêmes actions, pour en distraire l’animal.

Notre premiere attention, quand il s’agit de commencer à gagner le consentement des poulains, ainsi que des chevaux faits, doit être de les déterminer en avant, insensiblement & avec douceur : lorsqu’ils seront habitués à suivre les lignes droites, sur lesquelles nous les faisons cheminer, & qu’ils seront accoûtumés aux objets qu’ils peuvent rencontrer sur ces mêmes lignes, nous pourrons les en détourner legerement ; c’est-à-dire, non en les portant tout-à-coup sur une autre ligne droite, mais en attirant peu-à-peu leurs épaules, ou en-dedans, ou en-dehors, si rien ne nous gêne, de celles qu’ils décrivoient ; de maniere qu’ils en tracent une diagonale, sur laquelle nous les maintiendrons quelque tems, pour leur en faire reprendre toûjours de nouvelles. On doit remarquer qu’en en usant ainsi, nous leur suggérerons, sans les révolter par des mouvemens forcés, & sans qu’ils s’en apperçoivent, une action directement opposée à celle des chevaux entiers, qui ne se défendent & ne se soustrayent aux effets de notre main, qu’en refusant de s’élargir du derriere, & qu’en roidissant & en présentant la croupe dans le sens où nous voudrions mouvoir leur avant-main. De cette leçon sur les diagonales, on revient à celles par lesquelles nous avons débuté : à celles-ci on subs-