Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres de s’approcher de ce rang, jusqu’à une distance déterminée quelconque.

Le second rang doit marcher très-lentement, afin que les autres serrent insensiblement, & que tout le resserrement des rangs soit fait dans le même tems.

La cinquieme figure représente une partie du bataillon en bataille à rangs ouverts, & qui n’a point fait de mouvement.

La figure sixieme fait voir ce même bataillon dont les quatre derniers rangs ont serré sur le premier ; de maniere que le second s’étant approche du premier, le troineme a pris la place du second ; & que le quatrieme s’étant approché du troisieme, le cinquieme a pris la place qu’occupoit le troisieme rang.

Il est clair que par ce mouvement, le bataillon a diminué de moitié l’espace qu’il occupoit en hauteur ou en profondeur.

Dans cette figure, les points noirs représentent les hommes après le resserrement du bataillon ; & les zeros, les places qu’occupoient ceux du quatrieme & cinquieme rang, lesquelles demeurent vuides par le serrement des rangs de la troupe sur le premier.

On se servira de ces deux sortes de points dans les figures suivantes, & on les employera dans le même sens.

Remarques.

I. Il est assez d’usage dans les différens mouvemens que l’on fait exécuter aux troupes, pour les exercer aux évolutions, & lorsque la manœuvre ou l’évolution qu’on veut leur faire exécuter ensuite, ne demande pas une position ou un arrangement différent de celui que le bataillon avoit d’abord, de le faire remettre après chaque mouvement dans sa premiere position : ainsi après avoir fait serrer les rangs en avant, on les fait ouvrir en arriere, pour les remettre comme ils étoient d’abord.

Pour cet effet on ordonne au premier de ne point bouger ; on fait faire aux autres demi-tour à droite, & on les fait marcher chacun en avant, jusqu’à ce qu’ils occupent le même terrein sur lequel ils avoient d’abord été placés. On fait faire ensuite à ces rangs demi-tour à gauche, pour faire face du même côté que le premier rang : & la troupe est ainsi remise dans la premiere position.

Dans ce mouvement, les rangs qui vont en avant pour se remettre marchent d’un pas égal : mais le second ne se met en mouvement, que lorsque le premier s’est avancé de l’intervalle qui doit être entre les rangs. Le troisieme, que quand le second s’est avance de la même quantité ; & ainsi du quatrieme.

II. On peut faire serrer les rangs en avant en marchant. Pour cet effet le premier rang marche très doucement, ou il fait des pas d’environ un pié ; les autres rangs vont plus vîte, ou ils font de plus grands pas, jusqu’à ce qu’ils soient entierement serrés les uns sur les autres.

Pour serrer le bataillon par rangs en arriere, on ordonne au dernier rang AB (fig. 7.) de ne pas bouger, & aux quatre autres de faire demi-tour à droite ; ce que les lignes qui représentent les armes ou le devant des rangs font voir exécuté dans la figure.

On fait ensuite serrer ces rangs sur le dernier AB, de même maniere que dans le mouvement précédent : ce qui étant fait (fig. 8.), on ordonne aux quatre premiers rangs de faire demi-tour à gauche, pour faire face au terrein opposé au front du bataillon. Ce qui est exécuté, fig. 9.

Par ce mouvement, ce bataillon laisse vers le front une étendue vuide, égale à celle qu’il occupe après l’avoir exécuté, & il diminue l’espace qu’il occupoit en profondeur de la moitié, comme dans le mouvement précédent.

Pour faire remettre le bataillon, on commandera

au dernier rang de ne point bouger, & l’on ordonnera aux autres de marcher en-avant, jusqu’à ce qu’ils ayent repris chacun leur premiere position.

Pour serrer le bataillon par rangs sur son centre, on le supposera sur cinq rangs en bataille, ou sur un autre nombre quelconque impair.

On ordonnera au rang du milieu AB (fig. 10.) de ne pas bouger ; on fera faire demi-tour à droite au premier & deuxieme rang ; on les fera ensuite marcher, ainsi que le quatrieme & cinquieme rangs, pour serrer sur le troisieme AB : ce qui étant fait, le premier & deuxieme rangs feront demi-tour à gauche, pour faire face au même côté que le reste du bataillon.

Remarques.

I. Il est aisé de serrer le bataillon par la même méthode, sur tel rang que l’on veut ; il suffit d’ordonner au rang sur lequel on veut serrer, de ne pas bouger, & de faire avancer sur lui les autres, comme on vient de l’exécuter.

II. Pour remettre le bataillon dans son premier ordre, ou sa premiere position, on ordonnera aux deux derniers rangs de faire demi-tour à droite, ensuite de marcher, ainsi qu’aux deux autres de la tête, pour reprendre le terrein qu’ils occupoient d’abord. Lorsque les deux derniers rangs y seront parvenus, ils feront demi-tour à gauche, & la troupe sera alors dans son premier état.

Pour serrer le bataillon par files, c’est-à-dire pour diminuer l’étendue de son front, il faut, comme on l’a déjà remarqué, que les files soient assez espacées les unes des autres, pour qu’elles puissent se rapprocher ; car il est évident que si elles sont si proches, que les soldats n’ayent que la liberté du coude, c’est-à-dire si chaque file n’occupe qu’environ deux piés, le resserrement ne seroit pas possible. Nous supposerons dans les exemples suivans, qu’elles ont quatre piés de largeur, y compris l’épaisseur des hommes de la file ; c’est environ deux piés d’intervalle de l’une à l’autre. Les suppositions différentes qu’on pourra faire à cet égard, ne changeront rien à l’exécution des mouvemens que l’on va expliquer.

Nous avons dit qu’on serre le bataillon par files sur la droite, sur la gauche, & sur le centre ; ces différens mouvemens n’ont, pour ainsi dire, besoin ni d’explication, ni de figures, après ce qu’on a vû ci-devant sur la maniere de serrer les rangs du bataillon.

En effet, il n’y a qu’à regarder les files comme des rangs, & faire ensuite sur ces files considérées comme rangs, les mêmes opérations par lesquelles on a serré les rangs.

Ainsi pour serrer le bataillon ABCD (fig. 11.) sur la file BC de la droite, il faut commander à cette file de ne pas bouger ; à toutes les autres de faire à-droite & de s’approcher, ou se serrer ensuite sur BC.

La figure 12. fait voir ce mouvement exécuté. On ordonne après cela à toutes les files qui ont marché, de faire à-gauche, pour faire face du même côté que la file BC ; & l’on a le bataillon serré sur cette file, réduit à la moitié de son front. Fig. 13.

On serrera le bataillon de la même maniere sur la file de la gauche.

Pour le serrer sur la file du centre EF (fig. 14.), on ordonnera à cette file de ne pas bouger, aux files de la droite de faire à-gauche sur le talon droit, & à celles de la gauche de faire à-droite sur le talon gauche ; après quoi on commandera aux files de la droite & de la gauche, de se serrer sur la file du centre EF ; les files de la droite partiront du pié droit, & celles de la gauche du pié gauche : elles marcheront le pas ordinaire sur celles du centre, & elles s’arrêteront successivement à mesure qu’elles joindront celle qui les précede.