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bravoure qu’il a ; & plus généralement à celui qui se vante d’une vertu, quelle qu’elle soit, au-delà de la bienséance ; mais les lois de la bienséance varient selon les tems & les lieux. Ainsi tel homme est pour nous un fanfaron, qui ne l’étoit point pour son siecle, & qui ne le seroit point aujourd’hui pour sa nation. Il y a des peuples fanfarons. La fanfaronade est aussi dans le ton. Il y a tel discours héroïque, qu’un mot ajoûté ou changé, feroit dégénérer en fanfaronade ; & réciproquement, il y a tel propos fanfaron, qu’une pareille correction rendroit héroïque. Il y a plus, le même discours dans la bouche de deux hommes différens, est un discours élevé, ou une fanfaronade. On tolere, on admire même dans celui qui a par-devers soi de grandes actions, un ton qu’on ne souffriroit point dans un homme qui n’a rien fait encore qui garantisse & qui justifie ses promesses. Je trouve en général tous nos héros de théatre un peu fanfarons. C’est un mauvais goût qui passera difficilement ; il a pour la multitude un faux éclat qui l’ébloüit ; & il est difficile de rentrer dans les bornes de la nature, de la vérité, & de la simplicité, lorsqu’une fois on s’en est écarté. Il est bien plus facile d’entasser des sentences les unes sur les autres, que de converser.

FANION, s m. (Art milit.) c’est une espece d’étendard qui sert à la conduite des menus bagages des régimens de cavalerie & d’infanterie. La banderole du fanion doit être d’un pié quarré, & d’étoffe de laine des couleurs affectées aux régimens. Le nom du régiment auquel le fanion appartient, est écrit dessus.

Le fanion est porté par un des valets des plus sages du régiment, lequel est choisi par le major. Il est conduit par un officier subalterne, auquel on donne le nom de waguemestre.

Le devoir de cet officier consiste à veiller à la conduite des menus bagages du régiment, & de contenir les valets tous ensemble à la suite du fanion, à l’exception néanmoins de ceux qui marchent avec leurs maîtres dans les divisions. Il est défendu aux valets de quitter le fanion de leur régiment, à peine de foüet. (Q)

FANNASHIBA, s. m. (Hist. nat. bot.) c’est un grand arbre qui croît au Japon ; ses feuilles sont d’un verd foncé, & forment une espece de couronne ; ses fleurs sont en bouquets, étant attachées les unes aux autres ; elles répandent une odeur très-agréable & si forte, qu’on la peut sentir à une lieue, quand le vent donne. Les dames les font secher, & s’en servent à parfumer leurs appartemens. On plante cet arbre dans le voisinage des temples & pagodes ; & quand il est vieux, on le brûle dans les funérailles des morts. Hubner, dictionn. universel.

FANNE d’une graine, (Jardinage.) est la même chose que feuille. On se sert de ce mot, particulierement en parlant des anémones & des renoncules. (K)

FANNER, FANNÉ, (Jardinage.) le trop de soleil, la cessation du mouvement de la seve, alterent tellement les feuilles d’un arbre ou d’une plante, qu’au lieu d’être fermes & élevées, elles baissent & se flétrissent ; ce qui fait dire qu’elles sont fannées. (K)

FANO, (Géograph.) fanum fortunæ, à cause d’un temple de la fortune qui y fut bâti par les Romains, en mémoire d’une victoire signalée qu’ils remporterent sur Asdrubal frere d’Annibal, dans la seconde guerre punique, l’an de Rome 547 ; jolie petite ville maritime d’Italie, dans l’état de l’Eglise, au duché d’Urbin, avec un évêché qui releve du pape, & un ancien arc de triomphe dont les inscriptions sont presque toutes effacées. L’église cathédrale y possede de beaux tableaux du Guide. Cette ville est la patrie de deux papes ; savoir de Marcel II. qui mourut vingt-quatre heures après son élection, le 9

Avril 1555, non sans soupçon d’avoir été empoisonné ; & de Clément VIII. élu pape en 1592, mort en 1605, si connu par l’absolution d’Henri IV. & la création de plus de cinquante cardinaux pendant son pontificat. Fano est sur le golfe de Venise, à trois lieues sud-est de Pésaro, huit nord-est d’Urbin ; elle est la patrie de Taurellus (Laelius), connu par ses Pandectæ Florentinæ, en trois volumes in-fol. Long. 30d 40′. lat. 43d 53′. (D. J.)

Fano, (Comm.) petit poids dont on se sert à Goa & dans quelques autres lieux des Indes orientales, pour peser les rubis : il est de deux karats de Venise. Dictionn. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

FANON, s. m. (Marine.) Prendre le fanon de l’artimon, c’est le raccourcissement du point de la voile que l’on trousse & ramasse avec des garcettes, pour prendre moins de vent ; ce qui ne se fait que dans de très-gros tems. Ce mot est particulierement pour la voile d’artimon, & quelquefois pour la misene. (Z)

Fanon, terme de Chirurgie, piece d’appareil pour la fracture des extrémités inférieures. On fait les fanons avec deux baguettes ou petits bâtons de la grosseur du doigt : chaque baguette est garnie de paille, qu’on maintient autour du bâton avec un fil qui l’entortille d’un bout à l’autre. La longueur des fanons est différente, suivant la grandeur des sujets, & suivant la partie fracturée. Les fanons qui servent pour la jambe doivent être d’égale longueur, & s’étendre depuis le dessus du genou jusqu’à quatre travers de doigts au-delà du pié. Ceux qui doivent maintenir la cuisse sont inégaux ; l’externe doit aller depuis le dessus du pié jusqu’au-delà de l’os des îles ; l’interne est plus court, & doit se terminer supérieurement au pli de la cuisse, & ne point blesser les parties naturelles. Le mot de fanon signifie un bâton de torche. Pour s’en servir on les roule un de chaque côté dans les parties latérales d’un piece de linge d’une longueur & d’une largeur suffisantes, sur le plein de laquelle la partie puisse être placée avec tout l’appareil qui y est appliqué. Voyez Planche IV. de Chirurgie, figure 1. On serre les fanons des deux côtés du membre ; mais avant de les attacher par le moyen de trois ou quatre liens ou rubans de fil qu’on a eu soin de passer par-dessous, on a l’attention de mettre des compresses assez épaisses pour remplir les vuides, comme au-dessous du genou, & au-dessus des malléoles ou chevilles, afin que les fanons fassent une compression égale dans toute la longueur du membre, & qu’ils ne blessent point les parties sur lesquelles ils porteroient si elles n’étoient point garnies. Dans quelques hôpitaux on a pour cet usage des petits sachets remplis de paille d’avoine. On noue extérieurement les rubans qui serrent les fanons contre le membre, & on met ordinairement une petite compresse quarrée au milieu de la partie antérieure de la partie, sous chacun de ces rubans pour les soûtenir, & remplir le vuide qu’il y auroit entre le ruban & l’appareil. On voit assez par cette description, quel est l’usage des fanons ; ils maintiennent la partie fracturée dans la direction qu’on lui a donnée, & s’opposent à tous les mouvemens volontaires & involontaires, plus que toute autre partie de l’appareil : ils servent aussi à éviter le dérangement dans le transport qu’on est quelquefois obligé de faire d’un blessé d’un lit dans un autre.

Lorsque les fanons sont appliqués, on doit poser le membre sur un coussin ou oreiller, dans une situation un peu oblique, ensorte que le pié soit plus élevé que le genou, & le genou plus que la cuisse : cette position favorise le retour du sang des extrémités vers le centre. Dans les hôpitaux militaires, où l’on n’a point d’oreillers, on met la partie dans des faux-fanons. On donne ce nom à un drap plié de façon, qu’il n’ait de large que la hauteur des fanons ;