rie, nous devons en parler ici. En hyver, il faut les tenir dehors pendant le jour ; mais pendant la nuit, dans des chambres échauffées. On les découvre le soir sur la perche ; ils y sont attachés de maniere qu’ils ne puissent pas se nuire l’un à l’autre. Le Fauconnier doit visiter & nettoyer exactement le chaperon, parce qu’il peut s’y introduire des ordures qui blesseroient dangereusement les yeux des oiseaux. Lorsqu’ils sont découverts, on leur laisse une lumiere pendant une heure, pendant laquelle ils se repassent ; ce qui est très-utile à leur pennage. Pendant l’été qui est le tems ordinaire de la mue, on les met en lieu frais ; & il faut placer dans leurs chambres plusieurs gasons, sur lesquels ils se tiennent, & un bacquet d’eau dans lequel ils se baignent. On ne peut pas cependant laisser ainsi en liberté toutes sortes d’oiseaux. Le gerfault d’Islande & celui de Norwege ne peuvent se souffrir : ceux de Norwege sont méchans, même entre eux ; il faut attacher ceux-là sur le gason avec des longes, & les baigner à part tous les huit jours.
On nourrit les oiseaux avec de la tranche de bœuf & du gigot de mouton coupés par morceaux, & dont on a ôté avec soin la graisse & les parties nerveuses. Quelquefois on saigne des pigeons sur leur viande ; mais en général, le pigeon sert plus à les reprendre, qu’à les nourrir. Pendant la mue, on leur donne deux gorges par jour, mais modérées ; c’est un tems de régime. On ne leur en donne qu’une, mais bonne, dans les autres tems. La veille d’une chasse on diminue de beaucoup la gorge qu’on leur donne, & quelquefois on les cure, comme nous l’avons dit, afin de les rendre plus ardents. Une bécade de trop rendroit l’oiseau languissant, & nuiroit à la volerie. Vers le mois de Mars, qui est le tems de l’amour, on fait avaler aux faucons des caillous de la grosseur d’une noisette, pour faire avorter leurs œufs qui prennent alors de l’accroissement. Quelques fauconniers en font avaler aussi aux tiercelets, & ils prétendent que cela les rafraichit ; mais ce remede est souvent dangereux, & il n’en faut user que rarement.
A l’égard des maladies des oiseaux, voici les principales, & les remedes que l’expérience fait juger les meilleurs.
Les cataractes ou tayes sur les yeux ; elles viennent souvent de ce que le chaperon n’a pas été nettoyé avec soin ; quelquefois elles sont naturelles. Le blanc de l’émeut d’un autour, séché & soufflé en poudre à plusieurs reprises, est le meilleur remede. On se sert aussi de la même maniere, d’alun calciné.
Le rhume se connoît à un écoulement d’humeurs par les naseaux. Le remede est d’acharner l’oiseau sur le tiroir, c’est-à-dire de lui faire tirer sur le poing des parties nerveuses, comme un bout d’aile de poulet, ou un manche de gigot, qui l’excitent sans le rassasier. On mêle aussi dans sa viande de la chair de vieux pigeon. Cet exercice d’acharner sur le tiroir, est en général fort salutaire aux oiseaux.
Le pantais est un asthme causé par quelque effort ; il se marque par un battement en deux tems de la mulette, au moindre mouvement que fait l’oiseau. Le crac vient aussi d’un effort, & il se marque par un bruit que l’oiseau fait en volant, & dont le caractere est désigné par le nom crac. On guérit ces deux maladies, en arrosant la viande d’huile d’olive, & en faisant avaler à l’oiseau plein un dé de mommie pulvérisée ; mais lorsque l’effort est à un certain point, la maladie est incurable.
Le chancre est de deux sortes : le jaune, & le mouillé. Le jaune s’attache à la partie inférieure du bec ; il se guérit lorsqu’en l’extirpant il ne saigne point. On se sert pour l’extirper, d’un petit bâton rond garni de filasse, & trempé dans du jus de citron, ou quelque autre corrosif du même genre. Le chancre mouillé a son siége dans la gorge ; il se mar-
incurable & contagieux.
Les vers ou filandres s’engendrent dans la mulette. Le symptome de cette maladie est un bâillement fréquent. On fait avaler à l’oiseau une gousse d’ail ; on lui donne aussi de l’absynthe, hachée très-menu, dans une cure. La mommie, prise intérieurement, est très-bonne aussi dans ce cas-là.
Les mains enflées par accident, se guérissent en les trempant dans de l’eau-de-vie de lavande, mêlée avec du persil pilé.
La goutte, celle qui vient naturellement, ne se guérit point. Celle qui vient de fatigue se guérit quelquefois, en mettant l’oiseau au frais sur un gason enduit de bouse de vache détrempée dans du vinaigre, ou sur une éponge arrosée de vin aromatique. Quelquefois on soulage, même la goutte naturelle, en faisant sous la main des incisions, par lesquelles on en fait sortir de petits morceaux de craie.
La mommie est le meilleur vulnéraire intérieur pour tous les efforts de l’oiseau de proie.
On croiroit qu’il n’y a point de remede au pennage cassé. On le rajuste en entant un bout de plume sur celui qui reste, au moyen d’une aiguille que l’on introduit dans les deux bouts pour les rejoindre, & le vol n’en est point retardé. La penne cassée même dans le tuyau, se réjoint à une autre en la chevillant de deux côtés opposés avec des tuyaux de plumes de perdrix. Lorsque le pennage n’est que faussé, on le redresse en le mouillant avec de l’eau chaude, ou par le moyen d’un chou cuit sous la cendre & fendu, dont la chaleur & la pression remettent les plumes dans leur état naturel. Cet article est de M. le Roy, Lieutenant des chasses du parc de Versailles.
FAUCONNIER, s. m. (Hist. mod.) maître fauconnier du roi, aujourd’hui grand fauconnier de France. L’origine de fauconnier du roi est de l’an 1250. Jean de Beaune a exercé cette charge depuis ce tems jusqu’en 1258 ; Etienne Grange étoit maître fauconnier du roi en 1274. Tous ses successeurs ont eu la même qualité, jusqu’à Eustache de Jaucourt, qui fut établi grand fauconnier de France en 1406.
Le grand fauconnier de France a différentes sortes de gages ; outre les gages ordinaires, & ceux pour son état & appointemens, il en a comme chef du vol pour corneille, & l’entretien de ce vol ; pour l’entretien de quatre pages, pour l’achat & les fournitures de gibecieres, de leurres, de gants, de chaperons, de sonnettes, de vervelles & armures d’oiseaux, & pour l’achat des oiseaux. Il prete serment de fidélité entre les mains du roi : il nomme à toutes les charges de chefs de vol, lorsqu’elles vaquent par mort ; à la reserve de celles des chefs des oiseaux de la chambre & du cabinet du roi, & de celles de gardes des aires, des forêts de Compiegne, de l’Aigle, & autres forêts royales. Le grand fauconnier a seul le droit de commettre qui bon lui semble, pour prendre les oiseaux de proie en tous lieux, plaines, & buissons du domaine de sa majesté.
Les marchands fauconniers françois ou étrangers, sont obligés, à peine de confiscation de leurs oiseaux, avant de pouvoir les exposer en vente, de les venir présenter au grand fauconnier, qui choisit & retient ceux qu’il estime nécessaires, ou qui manquent aux plaisirs du roi.
Le grand-maître de Malte fait présenter au roi tous les ans douze oiseaux, par un chevalier de la nation, à qui le roi fait présent de mille écus, quoique le grand-maître paye à ce même chevalier son voyage à la cour de France.
Le roi de Danemark & le prince de Curlande envoyent aussi au roi des gerfauts, & autres oiseaux de proie.
Si le roi, étant à la chasse, veut avoir le plaisir de