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conséquences de celles-ci, que d’après les phénomenes qui s’ensuivent. Que ces causes soient sensibles ou non, les effets doivent toûjours l’être pour déterminer les Medecins à s’y intéresser : c’est ce que Galien paroît avoir très-bien observé, même pour le sujet dont il s’agit (méth. l. II. cap. jv.) : il établit d’abord les deux vices dont peuvent être principalement affectés les solides : sunt autem duæ primæ passiones, dit-il ; altera angustatio seu constrictio meatuum, altera ampliatio seu relaxatio. « Les lésions radicales des canaux, c’est-à-dire par conséquent des solides en général, ne peuvent être que leur resserrement ou leur relâchement ». Nam si prima elementa supponantur impossibilia, continue le même auteur, nullæ erunt aliæ, præterquam in compositione, passiones ; sola autem compositio ea quæ dicimus discrimina recipit. « Car si on suppose les premiers élémens inaltérables, il ne peut y avoir de lésions que dans les parties qui en sont composées ; ces lésions n’admettent d’autre différence, que celle qui vient d’être mentionnée » ; quare necesse est similarium quamlibet partium tunc suum habere robur, ajoûte-t-il ; cum meatuum moderationem obtinet, quâ moderatione corruptâ, à naturali dispositione digrediatur oportet. « C’est pourquoi il est nécessaire que chacune des parties similaires ait une force qui lui soit propre, tant que les canaux sont dans l’état convenable ; mais lorsque cet état vient à souffrir quelque dérangement, il s’ensuit que les parties ne restent plus dans leur disposition naturelle ». Et pour ne laisser aucun doute sur ce qu’il entend par parties similaires, il finit par cette considération, dont on ne peut certainement faire l’application qu’aux fibres primitives. Sed quoniam una quæque mediocritas duplicem patitur corruptionem, alteram exuperantiam, alteram defectum ; liquet, quod prima passiones corporum simplicium duplices erunt, quarum alteræ ex ampliatione, alteræ ex angustatione meatuum consistunt. « Mais parce que l’état moyen, qui est l’état naturel, est susceptible d’être vicié de deux manieres, savoir par excès ou par défaut, il paroît évident qu’il ne peut y avoir d’autre maladie des corps simples, que le resserrement & le relâchement des conduits qui en sont formés ».

C’est ainsi que le fameux auteur dont il s’agit, jette le fondement de la théorie des maladies des solides, sans s’appercevoir que c’est celui de la doctrine des méthodiques, qu’il a tant combattu ; mais ils n’ont jamais si bien posé leurs principes, que Galien le fait pour eux ; ils vouloient réduire toutes les maladies à celles des solides, au lieu que Galien, reconnoissant ces lésions primordiales des parties consistantes, ne se bornoit pas là ; il sentoit la nécessité d’admettre des dégénérations dans les fluides, indépendantes des vices dans les solides : mais c’est de ces vices dont il doit être question ici, & de ceux qui regardent les parties similaires seulement, c’est-à-dire les fibres simples ; quant à celles des parties dissimilaires ou instrumentaires, voyez Organe, Organiques, (maladies.)

Une partie élémentaire prise séparément, dit Boerhaave (d’après Galien, ainsi qu’on vient de le voir), n’éprouve aucune altération dans sa substance, aucune maladie par conséquent ; & quand même on en supposeroit quelqu’espece, elle resteroit toûjours inconnue, parce qu’il n’y a pas apparence que les effets pussent tomber sous les sens ; d’ailleurs on ne pourroit pas distinguer ces effets de ceux des vices, dont sont affectées les parties composées de corpuscules élémentaires : mais l’élément est inaltérable de sa nature, ainsi qu’il a été établi au commencement de cet article ; on peut décider conséquemment, qu’il ne sauroit être affecté d’aucune façon : il ne peut non plus y avoir aucune lésion dans

les parties qui sont immédiatement formées de ces corpuscules primitifs, unis entr’eux, c’est-à-dire dans les fibres simples, si ce n’est eu égard à leur connexion, qui peut être ou trop forte ou trop foible : la solution de continuité regarde les parties composées : il n’est pas possible de donner ici une regle générale, par laquelle on puisse déterminer quel doit être le degré de cohésion des parties élémentaires de la fibre, pour qu’il soit le plus convenable à la santé ; il n’y en a réellement point de fixe ; il varie selon les différens tempéramens ; d’ailleurs il n’est pas toûjours le même dans un même sujet : il change avec l’âge, & dans tous les tems de la vie il est susceptible d’une certaine extension, en plus ou en moins, sans que la santé en souffre ; cette extension est nécessaire pour l’exercice de la plûpart des fonctions, qui donne lieu à l’alongement, au tiraillement des organes, par conséquent des fibres dont ils sont composés ; ainsi les principaux vices de ces parties simples consistent principalement en ce qu’elles cedent trop ou trop peu aux efforts qui tendent à les alonger : d’où il suit que l’on peut comprendre ces vices sous deux genres essentiellement bien différens ; le premier est caractérisé par la laxité, par le défaut de ressort des fibres : le second, par l’astriction & l’excès d’élasticité ; c’est par conséquent dans tous les deux cas, par la seule cohésion que l’on connoît, que peche la fibre ; ce défaut & l’excès de l’union des parties élémentaires qui la composent, font toute la différence.

Il n’est pas possible de juger de ces lésions des solides simples, sans en considérer les effets dans les organes qui en sont composés, parce que ceux-ci ne peuvent que participer à la nature & à toutes les qualités de leurs principes ; & ceux-là ne sont jamais apperçûs séparément pendant la vie de l’animal auquel ils appartiennent : ils sont toûjours des parties intimement liées à leur tout : il ne se trouve dans aucune partie du corps aucune fibre simple, qui ne soit pas unie à d’autres pour former une membrane ; il ne se trouve aussi aucune membrane simple, qui ne soit repliée sur elle-même pour former un vaisseau simple : cette membrane n’est pas susceptible d’autre vice, que les fibres qui entrent dans sa composition, par leur union entr’elles, selon leur longueur : cette union, semblable à celle des parties élémentaires, peut également pécher, ou parce qu’elle est trop forte, ou parce qu’elle l’est trop peu : on peut dire la même chose des membranes plus composées, & de toutes les autres parties qui forment les organes par leur union entr’elles, en tant que cette union se fait par le contact, par la cohésion, ainsi que celle des élémens pour les fibres, des fibres pour les membranes primitives : ainsi tous les organes, quelque composés qu’ils soient, sont sujets aux mêmes vices que les parties les plus simples : les vaisseaux de cette qualité ne sont point connus par les sens, ni même ceux du second, du troisieme ordre ; on n’apperçoit guere que ceux du cinquieme, du sixieme. L’aorte est composée de plus d’un million de vaisseaux & de membranes de ces différens ordres ; cependant cette artere n’est pas exposée à d’autres maladies que la fibre simple, dont les deux genres principaux sont ainsi qu’il a été dit ci-devant, & qu’il va être expliqué, la laxité & l’astriction.

On appelle laxité dans les fibres, l’état dans lequel les corpuscules élémentaires qui concourent par leur union à la formation des fibres, ont si peu de force de cohésion entr’eux, qu’elle cede aisément aux moindres efforts des mouvemens nécessaires pour la santé, ou au moins de ceux qui ne sont guere plus considérables qu’il ne faut dans l’état le plus naturel, le plus reglé, le plus tranquille, respectivement aux différens tems de la vie : ensorte que les fibres